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Le billet d’humeur de Jacques Aboucaya

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Alexandre Vialatte (1901-1971)

 

 La Fleur du mal

 

Madame Fleur Pellerin doit exulter : Julliard ressert Vialatte en tranches fines.


Lire, paraît-il, fait perdre du temps. Surtout quand on est ministre de la Culture. C’est Madame Pellerin qui l’affirme. Elle sait de quoi elle parle. Et puis elle a mieux à faire. Dont acte. Voilà pourquoi nous lui suggérons, avec tout le respect dû à son éminente fonction, de se pencher, de préférence, sur les condensés. Les résumés. Les digests, en un mot. Tout Stendhal en vingt-cinq lignes. La Recherche de Proust en une page (il y est justement question de temps perdu). Elle n’a rien lu de Modiano, à l’heure où il reçoit le Nobel ? La belle affaire ! Un feuillet d’antisèche et le tour est joué. Tel est l’avenir. D’astucieux éditeurs l’ont compris. Ainsi Julliard. Il exploite Vialatte jusqu’à plus soif. Le recycle en abécédaire. Le découpe en tranches – histoire, sans doute de le rendre plus digeste. Il joint l’imposture au sacrilège. D’abord parce qu’il est parfaitement abusif de signer du nom de Vialatte des fragments ainsi arbitrairement raboutés. Comme s’il s’agissait d’un inédit. Les lecteurs naïfs ou pressés s’y laisseront prendre. Ensuite parce qu’ainsi passée à la moulinette, expurgée, dégraissée, désossée, la prose vialatienne perd une bonne partie de sa saveur. Tout son  charme réside, précisément, dans la digression. Dans l’art de passer du coq à l’âne. D’enchaîner les sujets les plus inattendus. De coudre ensemble le comique avec le sérieux, la philosophie avec la gaudriole. Fractionner les Chroniques, prétendre en tirer des morceaux choisis, en extraire un florilège, si j’ose ce dérivé ministériel, relève de l’entreprise de démolition. Un tel manque de vergogne justifierait une colère digne du Père Duchesne. Mieux vaut y voir un signe des temps. Des temps où, décidément, le ridicule ne tue pas plus que la roublardise.

 

J.A.

 

 Un abécédaire, d’Alexandre Vialatte. Choix des textes et illustrations par Alain Allemand. Julliard, 268 p., 19 €.

 

Biographie d'Alexandre Vialatte: http://fr.wikipedia.org/wiki/Alexandre_Vialatte

 

 

 

Commentaires

  • la Fleur Pellerin n,est que ministre de l,inculture . .!!
    salutations.

  • Votre billet d'humeur me donne envie de lire Alexandre Vialatte, que je ne connais pas. D'origine auvergnate comme moi.

    Bravo d' avoir épinglé la "fleur du mal" franco-coréenne, bobo qui n'admire que les horreurs de faux artistes, mais vrais escrocs. D'ailleurs elle n'a pas le temps de lire... de se cultiver!

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