FIGAROVOX/CHRONIQUE - Chaque semaine, Alain Destexhe analyse, pour FigaroVox, l'actualité vue de Belgique. Suite à l'attentat de Charlie Hebdo, il dénonce le risque de «tyrannie du silence» qu'engendrerait la mise au tabou de toute critique de l'islam radical.
Alain Destexhe est sénateur belge. Ex Secrétaire Général de Médecins Sans Frontières et ex Président de l'International Crisis Group, il est, entre autres, l'auteur de «Le Mouvement flamand expliqué aux francophones» et «Lettre aux progressistes qui flirtent avec l'islam réac». Lire également ses chroniques sur son blog.
Je me méfie de ces grands élans de compassion lors des grandes tragédies. Aptes à canaliser la tristesse et l'émotion générale, ils risquent aussi de masquer l'essentiel. Ce n'est pas à «la liberté d'expression», que se sont attaqués les assassins mais à la liberté de blasphémer l'islam et de critiquer et caricaturer le prophète.
Ce n'est pas à «la liberté d'expression», que se sont attaqués les assassins mais à la liberté de blasphémer l'islam et de critiquer et caricaturer le prophète.
Si «nous sommes Charlie», tous les journaux de France et d'Europe devraient s'empresser de reproduire les dessins qui ont condamné à mort les journalistes de Charlie Hebdo. Le feront-ils? Probablement pas.
Si «nous sommes en guerre», il faudrait peut-être songer à dire contre qui et non se contenter, comme le Président de la République, de termes vagues censés nous faire comprendre qui est l'adversaire («l'obscurantisme», «le fondamentalisme»…) sans offenser «la grande religion de paix et de bénédiction» (David Cameron) au nom de laquelle un attentat terroriste est commis tous les jours dans le monde.
Bien sûr, l'immense majorité des musulmans sont horrifiés, mais on ne peut réduire l'islam radical à une poignée d'égarés, d'illuminés ou de «déséquilibrés». C'est un phénomène de société qui touche un nombre croissant de jeunes. On se demande d'ailleurs si les actes de «déséquilibrés» avant Noël ont bien permis au gouvernement français de saisir la nature et l'ampleur de la menace.
On ne peut réduire l'islam radical à une poignée d'égarés, d'illuminés ou de «déséquilibrés». C'est un phénomène de société qui touche un nombre croissant de jeunes.
Les ennuis de Charlie hebdo avec les islamistes radicaux remontent à la reproduction dans l'hebdomadaire des caricatures du journal danois. A l'époque certains qui «sont Charlie» ont jugé cette attitude «provocante» et «inutile».
Dans un livre récent The Tyranny of Silence, Femming Rose, l'éditeur danois du Jyllands-Posten, revient sur les caricatures de Mohamed qu'il a publié en 2005 et montre le peu de soutien qu'il a reçu dans les sociétés dites libres. Qu'au lieu d'affirmer haut et fort que ces caricatures restaient dans le champ de la liberté d'expression, des sociétés privées et les gouvernements européens ont cherché à se démarquer du Danemark, bien seul en première ligne. Le Haut représentant de l'Union européenne de l'époque, Javier Solana, cherchant à tout prix à apaiser l'ire des gouvernements musulmans et de l'Organisation de la Conférence islamique. En sera-t-il autrement après l'attentat de Paris? J'en doute.
On voit déjà ceux qui «condamneront le terrorisme» mais dans le même communiqué appelleront à «lutter contre l'islamophobie», un concept qui s'est, hélas, imposé dans les médias, mais qui n'est autre que la liberté de critiquer l'islam en tant que religion.
N'en déplaise au Président de la République, passé le stade de l'émotion, on va évidemment voir refleurir les divisions dans l'analyse ainsi que sur les mesures à prendre. On va voir -on voit déjà- ceux qui appelleront à «ne pas provoquer» (avec des phrases ou des dessins) car «ce serait mettre de l'huile sur le feu». On voit déjà ceux qui «condamneront le terrorisme» mais dans le même communiqué appelleront à «lutter contre l'islamophobie», un concept qui s'est, hélas, imposé dans les médias, mais qui n'est autre que la liberté de critiquer l'islam en tant que religion (l'islam n'est pas une personne). On voit déjà «dénoncé le risque d'amalgame», une ritournelle chaque fois qu'un incident grave est provoqué par l'islam radical. Certains sujets seraient donc tabous? N'est-il pas temps, au contraire, d'engager un débat sur les sujets qui divisent et par exemple celui-ci: le refus de l'apostasie est-il compatible avec les valeurs de nos sociétés? N'est-il pas temps de reparler d'intégration voire d'assimilation autrement qu'en se balançant des insultes?
On voit déjà, surtout, comment l'autocensure, qui est -déjà- la règle dans les rédactions, risque de triompher encore un peu plus. Nous aurons peur et c'est bien le but recherché. Les terroristes seront en prison mais le souvenir de la terreur qu'ils peuvent imposer restera et en ce sens ils auront gagné. Pourtant, si nous acceptons l'idée qu'une religion, et une seule, a le droit de ne pas être caricaturée ou offensée, nous aboutirons à cette «tyrannie du silence». Ce sont les soi-disant offensés qui décideront in fine de ce qui se publie ou pas.
Si nous acceptons l'idée qu'une religion, et une seule, a le droit de ne pas être caricaturée ou offensée, nous aboutirons à cette «tyrannie du silence».
Certains qui «sont Charlie» voudraient limiter la parole et l'audience d'Eric Zemmour, un autre «provocateur», lui aussi menacé, qui «ne mérite pas d'être lu» selon le Premier Ministre Valls. Défendre Zemmour, c'est aussi honorer la mémoire des journalistes de Charlie Hebdo.
Zemmour prophétise des guerres civiles en Europe: des propos inacceptables pour d'aucuns. Ironie du sort, cette semaine, le jour de sa visite à Bruxelles, un commissariat de police était attaqué au cocktail Molotov par une cinquantaine de «jeunes», selon la terminologie consacrée. En Allemagne, à Dresde, PEGIDA mobilise 18 000 personnes contre l'islamisation de l'Europe; en Suède quatre mosquées sont visées par des incendies… Ce n'est pas encore la guerre civile mais cela commence à ressembler à des sociétés profondément divisées, en désaccord sur des valeurs fondamentales. Les mêmes qui «sont Charlie» refusent souvent de débattre de ces sujets autrement qu'en disqualifiant ceux qui les abordent en les traitant de racistes ou de fascistes.
Charb, le directeur de Charlie Hebdo disait: «Je préfère mourir debout que vivre à genoux». Reste à voir comment nos sociétés vont honorer sa mémoire. Mais je crains que Plus ça change* …
*«The more it changes, the more it's the same thing», un épigramme de Alphonse Karr en 1849.
Commentaires
Les populations musulmanes, en particulier arabes, ne peuvent être gérées que par la fermeté la plus implacable. Elles n' obéissent aux règles que si elles ont face à elles des gens qu' elles savent inflexibles.
Les dirigeants occidentaux ne peuvent ignorer cette réalité.
Donc c'est en toute connaissance de cause qu'ils adoptent face à ces populations une attitude laxiste. Particulièrement les dirigeants français, beaucoup plus laxistes à mon avis que leurs homologues européens.
La France est dans de beaux draps. Comment allons-nous nous sortir de cette impasse? La situation est grave. Comment réparer 40 ans d' erreur ?
autrefois on les appelait "Nordaf " ,"bougnouls " "Krouilles " "ratons ".En 1945 ,ils étaient venus à plus de 60 000 pour aider à la reconstruction de ce qui était encore leur métropole . Sur les chantiers ils ont su gagner l'estime de leurs collègues français.Ils faisaient mille sacrifices pour aider leur famille restés là bas ;Ils étaient respectueux de nos lois ,de nos coutumes .A l'heure de la retraite ils sont retournés vivre dans leur bled ,leur douar ,dans la maison qu"ils avaient construite .
Aujourdhui ils sont des millions de franco algériens ,tunisiens ,marocains ,ivoiriens ,sénégalais ,congolais .Ils se sont appropriés nos banlieues .Beaucoup vivent dans le chomage ,le deal ou le trafic . Dans les prisons ils font la loi par leur nombre .ils bastonnent les docteurs ,ils caillassent les pompiers ,ils brulent les voitures ,ils bombardent gendarmes et policiers ;Ils veulent du Hallal rien que du Hallal . Parfois un ou deux sortent de la zone pour tirer sur des journalistes ,des militaires ,ou des employés de banques . Ils sont devenus français . Ils sont chez eux chez nous .ils entendent nous imposer leur "savoir vivre ensemble '"Il faut apprendre à vivre avec son temps
anonyme: on ne peut plus parler de laxisme à ce stade , mais de trouille de nos gouvernants ,face au poids et à l,influence que l,islam qui prend de plus en plus d,ampleur dans les sociétés européennes , maintenant , il faut savoir ce que l,on veut : vivre en dhimmitude , se convertir , ou combattre par tous les moyens pour retrouver notre bien-être et liberté de penser . .!!
salutations.