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Comment en est-on arrivé là ? Par Bruno Gollnisch

 

houellebecq

Une faute morale, une faute politique, mais aussi plus prosaïquement une colossale erreur stratégique.  Le refus de la majorité présidentielle et des forces de gauche d’accueillir le FN au nombre des formations qui participeront dimanche à Paris à  la grande « marche républicaine » est tout cela à la fois. Hier le secrétaire général de l’UMP, Laurent Wauquiez, qui a bien compris en quoi cet apartheid  éclaboussait tout le Système, a affirmé  que son parti était «unanime » à s’opposer à l’exclusion du FN . Arrivé en tête aux élections européennes, les millions d’électeurs du  Front National sont ainsi ghettoïsés, exclus  d’une démarche d’unité «nationale». François Lamy, ex (mauvais) ministre délégué à la ville et actuel  député socialiste,  organisateur de cette manifestation pour le PS, a affirmé à publicsenat.fr que le FN n’avait « pas sa place » dans celle-ci.  Marine Le Pen « ne se situe pas dans le cadre de nos valeurs ».  Le FN est « une formation politique qui depuis des années divise les Français, stigmatise les concitoyens en fonction de leur origine ou de leur religion, ou ne se situe pas dans une démarche de rassemblement des Français ».  Difficile de faire plus con…venu. 

 Marine Le Pen a jugé,  certainement comme une majorité de Français,  qu’il s’agissait là d’une  « manœuvre politicienne minable ». « Je ne demande pas à être intégrée à l’union nationale. L’union nationale, ce n’est pas un chantage où on peut venir à condition de la fermer. Je n’entends pas me soumettre à ce chantage. Il y a un dévoiement total du concept d’union nationale. Nous en assumerons les conséquences ». « Si on ne m’invite pas, je ne vais pas m’imposer. C’est un vieux piège. Au moindre incident on dira que c’est de ma faute! ».

 Les partis, syndicats, officines, obédiences, qui ont tant contribué, voire œuvré,  à la déliquescence identitaire, morale,  économique, sociale de notre beau pays défileront donc dans l’entre soi avec des  Français anonymes qui n’auront parfois pas d’autre choix que de les subir.

 Bruno Gollnisch prend acte qu’il  ne pourra  pas  participer le 11 janvier à ce rassemblement croupion aux côtés des « potes », de Bernard-Henry Lévy,  Mathieu Madénian, Laurence Parisot,  NKM, Besancenot, Harlem Désir, Alain Juppé, Pierre Bergé,  Alain Jakubowicz, Jean-Michel Ribes, Jean-Luc Mélenchon ou encore Philippe Val. Il se fera une raison…

L’horreur de ces derniers jours a occulté les chiffres publiés officiellement par la Commission européenne: la France dégringole de son statut de cinquième puissance économique mondiale, reléguée à la sixième place derrière le Royaume-Uni.  Le classement présenté enregistre sans surprise la montée en puissance des pays dits émergents et le déclin des pays de l’UE….

Outre-Rhin c’est aussi  l’émergence d’une société pluriculturelle  marquée par l’assomption de l’islam qui mobilise de plus en plus  les Allemands dans la rue. En témoigne le  succès grandissant des manifestations organisées dans les villes allemandes par le Mouvement anti immigration et islamosceptique Pegida -comprendre « Européens patriotes contre l’islamisation de l’Occident »-, présidé  par le très controversé et ex repris de justice Lutz Bachmann.

Ce refus de l’immigration non européenne   trouve un écho profond au sein du peuple allemand comme en témoigne les derniers sondages réalisés sur ce thème. La confirmation de  l’énorme succès rencontré par le pamphlet d’un (ex) membre du  parti social démocrate, (SPD), Thilo Sarrazin, Deutschland schäft  sich ab  (L’Allemagne court à sa perte) sur les conséquences de l’immigration-invasion paru en 2010…

 Promis lui aussi à un grand succès, le nouveau livre  du romancier Michel Houellebecq, Soumission (islam en arabe),  a créé un vif débat avant même sa sortie mercredi  en librairie. Le romancier, officiellement  très affecté par l’assassinat le 7 janvier d’un collaborateur de Charlie Hebdo, son ami  l’économiste Bernard Maris, a annoncé qu’il interrompait  la promotion de son livre….Pour autant, celui-ci  prend bien  évidemment une résonnance toute particulière dans le contexte d’émotion générale actuelle. 

Un roman de politique fiction, qui voit Mohammed Ben Abbes, le chef de la Fraternité Musulmane, un parti communautaire comme son nom l’indique, accéder au pouvoir face à Marine Le Pen dans la France de 2022, à l’issue d’un second quinquennat Hollande. Une prise de pouvoir sans heurts, malgré l’instauration de la charia (port du voile et polygamie). «  Ce n’est pas du tout un islam radical dans le livre », a  précisé l’auteur, « c’est au contraire une des variantes les plus douces qu’on puisse imaginer ».

 Invité de Patrick Cohen mercredi matin sur France Inter (la preuve indubitable qu’il n’est pas un « cerveau malade » ?) et de France 2 la veille, Michel Houellebecq a réfuté les accusations selon lesquelles en propageant l’islamophobie il faisait le jeu de la présidente du FN : « Ca marche assez bien pour elle (Marine, NDLR), je ne crois pas que cela changera grand chose à son destin ». »Je ne vois pas d’exemple où un roman ait changé le cours de l’histoire. C’est autre chose qui change le cours de l’histoire, des essais, le manifeste du Parti communiste, mais pas des romans ».

 Lundi,  sur France Info, Marine Le Pen, qui a bien l’intention de lire « Soumission », a cependant relevé que ladite «fiction pourrait un jour devenir réalité». Ce roman «est quand même dans la droite ligne de ce qu’on constate dans un certain nombre de municipalités, de départements, où manifestement le fondamentalisme islamiste avance avec l’accord et même avec la complicité de l’UMP et du PS».

 A contrario, invité le même jour sur France Inter, François Hollande a invité les Français à se convertir à sa méthode prozac : «Ne nous laissons pas emporter par ce climat, dévorer par la peur, l’angoisse». «L’idée de la submersion, de la soumission, de l’invasion, c’est une vieille idée»…aussi  vieille  que les  invasions   en effet.

 En 2004, la Ligue islamique mondiale avait intenté un procès à Michel Houellebecq  -un point commun avec  Bruno Gollnisch, auquel il faut ajouter le refus clairement énoncé par l’écrivain  de la loi liberticide Gayssot- qui avait qualifié l’islam de « religion la plus con ».

 Il ya prés de cinq ans, il subissait  les foudres d’associations mahométanes et du sociologue  El Yamine Soum  qui s’inquiétaient que l’ « On donne le Prix Goncourt (2010) à un islamophobe ». Ce M. Soum avait  affirmé  deux ans plus tard sur le site de Mediapart d’Edwy Plenel que l’opposition de Marine aux revendications communautaristes islamiques, s’expliquait par le fait que « le Front National entretient de nombreux liens avec des réseaux francs-maçons, ou encore avec des groupes de pression proches du Likoud tels que l‘AIPAC »(sic).  Mais il est vrai que dans la même veine délirante,  c’est ce même Edwy Plenel, dont les vieux réflexes totalitaires de censeur trotskyste ne sont jamais loin,  qui a fait directement la leçon à Patrick Cohen sur France cinq mardi soir,  lui reprochant d’inviter Houellebecq sur France inter!

 Aujourd’hui, Michel Houellebecq affirme qu’il « ne juge pas les gens qui se tournent vers Dieu ». Une spiritualité peut être  un peu trop vite enterrée en Europe et en France,  dont le renouveau s’est aussi manifesté chez nombre de Français de souche à l’occasion du sursaut identitaire  qui a accompagné la mobilisation contre la dénaturation de la famille et de la loi naturelle (mariage homo,  théorie du genre…) .

 Dans l’entretien qu’il accordé au Nouvel Obs et publié le 8 janvier, l’écrivain souligne, avec une délectation évidente, le piège dans lequel se sont enfermés les progressistes et autres humanistes partisans de l’ouverture et du métissage. En quoi les valeurs défendues par les musulmans les placent à droite sur l’échiquier politique, en tout cas en porte-à-faux avec la gauche droit-de-l’hommiste, républicaine…et atlantiste.

 « Je ne sais pas au juste ce que craignent les droites extrêmes, mais probablement pas du tout ce qui est décrit dans ce livre, à savoir : la constitution d’une grande puissance islamique occidentale et méditerranéenne, modérée, sur le modèle de l’empire romain, où la France et la francophonie joueraient un rôle moteur. Cette politique d’alliance avec les pays arabes n’aurait pas forcément déplu à De Gaulle. » « Il me paraît difficile de nier, aujourd’hui, un puissant retour du religieux. Un courant d’idées né avec le protestantisme, qui a connu son apogée au siècle des Lumières, et produit la Révolution, est en train de mourir. Tout cela n’aura été qu’une parenthèse dans l’histoire humaine ». « Aujourd’hui l’athéisme est mort, la laïcité est morte, la République est morte ».

 Et d’ajouter encore : « Les musulmans sont, sur le plan sociétal comme on dit de nos jours, plus proches de la droite, voire de l’extrême-droite. Qui, en même temps, les rejette avec violence. Donc ils sont dans une situation intenable. Qu’est-ce qu’ils peuvent voter, les musulmans de France ? Ils ne peuvent pas voter pour des socialistes qui mettent en place le mariage homosexuel. Ils ne vont quand même pas voter non plus pour des gens de droite qui veulent les virer. La seule solution serait effectivement la constitution d’un parti musulman ».

 « Il n’est quasiment pas question de l’immigration dans mon livre. L’immigration est un léger accélérateur, mais l’islamisation se produit de l’intérieur. (…) Marine Le Pen peut arrêter l’immigration, mais elle ne peut pas arrêter l’islamisation : c’est un processus spirituel, un changement de paradigme, un retour du religieux. Donc, je ne crois pas à cette thèse du Grand remplacement. Ce n’est pas la composition raciale de la population qui est en question, c’est son système de valeurs et de croyances. »

 Rappelons à M Houellebecq que le FN refuse certes le communautarisme mais accueille depuis toujours des Français de toute origine, de toute religion. Des Français rassemblés par le plus grand dénominateur commun : l’amour de la patrie.

 Quant à l’immigration, elle est bien évidemment un « accélérateur » de l’islamisation , en ce qu’elle génère automatiquement une montée en puissance des revendications communautaro-religieuses. Au-delà d’un certain seuil quantitatif, atteint dans de très nombreux quartiers ou villes européennes, l’assimilation ne fonctionne plus.  C’est l’immigration à haut débit, qui entraîne mécaniquement ce repli identitaire des populations non européennes. Elle favorise même cette intégration à rebours que l’on constate dans de nombreux quartiers pluriels, où « l’autochtone » est d’ores et déjà minoritaire.

 Le constat de Michel Houellebecq est cependant recevable sur au moins un point, à savoir que les « valeurs », la vision du monde proposées par le microcosme et ses relais d’opinion, les médias dominants,  l’idéologie socialo-trotskyste qui imprègne l’éducation nationale, ne sont pas  celles qui ont fait la grandeur et le génie de notre civilisation européenne. Elles se résument surtout à la repentance, au masochisme, à la décadence morale, au relativisme, aux valeurs marchandes,  au règne de la sous-culture américanomorphe. A cette aune le retour (recours) aux valeurs de l’Islam, au moins chez une partie importante des Français-immigrés de culture mahométane, mettons de côté ici  la dérive islamo-terroriste, est un réflexe dans l’ordre des choses.

 Quant à la création d’un parti musulman à l’échelle nationale, possible avec de fortes chances de succès localement, dans une ville par exemple comme Roubaix à deux tiers musulmane, elle se heurte certainement à des dissensions internes (l’islam de France comme l’islam tout court n’est pas d’un bloc) à  des différences de stratégie, de tactique et attend peut être l’émergence d’un chef charismatique…

 Ce que les Français attendent en tout cas certainement dès 2017 c’est d’en finir avec le déclassement de la France, avec sa tiers mondisation, la montée des insécurités dans tous les domaines. Cela invite l’opposition nationale à initier une vaste réforme intellectuelle et morale et les Français à distinguer l’essentiel de l’accessoire,  à un  travail d’introspection, de réflexion sur les responsables de ce déclin français. Comment en est-on arrivé là ?  Méditons la belle sentence de Bossuet :  «Dieu se rit des hommes qui se plaignent des conséquences alors qu’ils en chérissent les causes ».

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