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" Les islamophobes sont les idiots utiles de l'islamisme radical"

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« LES ISLAMOPHOBES SONT LES IDIOTS UTILES DE L'ISLAMISME RADICAL » - Entretien avec Alain de Benoist

 


Entretien avec Alain de Benoist



Nicolas Gauthier*
le 19/01/2015
Nicolas Gauthier : Près de quatre millions de personnes qui défilent, après les attentats, pour un journal qui vendait péniblement à 30.000 exemplaires, c’est en soi un événement. Grand moment de communion nationale ou psychose collective ?
Alain de Benoist : Les manifestations auraient eu du sens si elles s’étaient bornées à exprimer de façon solennelle le refus du terrorisme par le peuple français. Organisées par le gouvernement et les partis politiques, elles se sont transformées en une immense vague d’identification victimaire symbolisée par le slogan « Je suis Charlie », promu de manière orwellienne nouveau mot d’ordre « républicain ». Dès lors, il ne s’agissait plus tant de condamner des attentats et des assassinats que de s’identifier aux « valeurs » de Charlie Hebdo, c’est-à-dire à la culture du blasphème et de la dérision.

Durant la manifestation et les jours qui ont suivi, dans une France plongée en état d’apesanteur et noyée dans la moraline, on aura tout vu. Les cloches de Notre-Dame de Paris sonnant le glas pour les bouffeurs de curé. L’« union nationale » sans le Front national. La « liberté d’expression » réduite au droit au blasphème et s’arrêtant à Dieudonné. Celle des caricaturistes dépendant de la personne visée (Mahomet en train de sodomiser un porc : tellement drôle ! Christiane Taubira en guenon : intolérable !). Des bataillons de chefs d’État (deux fois le G20 !) chantant les louanges d’un titre dont ils n’avaient jamais entendu parler huit jours plus tôt. Des millions de zombies se ruant dans les kiosques pour acheter, tel le dernier smartphone, un journal qu’ils n’avaient jamais eu la curiosité d’ouvrir depuis vingt ans. Le badge « Je suis Charlie » succédant au ruban pour le SIDA et à la petite main de « Touche pas à mon pote ». Spectacle surréaliste ! Tout le monde il est gentil, tout le monde il est Charlie, dans le grand hospice occidental transformé en bisounurserie. Les rédacteurs de Charlie Hebdo, qui se voulaient tout sauf « consensuels », auraient été les premiers stupéfaits de se voir ainsi canonisés. Quant aux djihadistes, ils ont dû bien rigoler : un défilé des moutons n’a jamais impressionné les loups.

Ces cortèges peuvent-ils être mis sur le même plan que le défilé gaulliste sur les Champs-Élysées en 1968, les marches contre Jean-Marie Le Pen en 2002 ou la déferlante de la Manif pour tous ?
Je ne le crois pas. Pour Valls et Hollande, la manifestation avait au moins six objectifs : marginaliser le Front national et neutraliser l’UMP (qui est évidemment tombée dans le panneau la tête la première) au nom de l’« union sacrée », solidariser les Français autour d’une classe politique gouvernementale discréditée, justifier l’engagement de la France dans une nouvelle guerre d’Irak où elle n’a rien à faire, mettre en place un espace policier européen où l’on sait d’avance que ce ne sont pas seulement les islamistes qui seront surveillés (Manuel Valls affirmant sans rire que les « mesures exceptionnelles » qu’il s’apprête à prendre ne seront pas des mesures d’exception !), faire croire que le terrorisme auquel nous sommes aujourd’hui confrontés a plus à voir avec le Proche-Orient qu’avec l’immigration et la situation des banlieues, enfin persuader l’opinion que, « face au terrorisme », la France, fidèle vassale du califat américain, ne peut qu’être solidaire de pays occidentaux qui n’ont jamais cessé d’encourager l’islamisme, tout en noyant leurs erreurs et leurs crimes derrière le rideau de fumée du « choc des civilisations » (Poutine n’avait bien sûr pas été invité !). Force est de reconnaître que tous ces objectifs ont été atteints.

J’ai eu le tort, dans un entretien précédent, de parler de réactions spontanées. Celles auxquelles ont eu droit les journalistes de Charlie Hebdo – mais non le malheureux otage français Hervé Gourdel décapité en Algérie trois mois plus tôt – ont en réalité été mises en forme par les injonctions sociales et médiatiques, la grande fabrique postmoderne des affects et des émotions. Il faudrait un livre entier pour analyser dans le détail ce coup de maître qui a permis, en l’espace de quelques heures, de récupérer la colère populaire au bénéfice d’une adhésion « républicaine » à l’idéologie dominante et d’une « union nationale » avant tout destinée à redresser la courbe de popularité du chef de l’État. La classe politique gouvernementale apparaît ainsi comme la principale bénéficiaire de la légitime émotion soulevée par les attentats.

On a enregistré ces derniers jours une recrudescence des actes antimusulmans (attaques contre des mosquées, etc.). Cela vous surprend ?
Cela me surprend d’autant moins que les attentats sont faits pour ça : stimuler une islamophobie que les terroristes djihadistes considèrent comme un « vecteur de radicalité » privilégié. Les terroristes islamiques adorent les islamophobes. Ils souhaitent qu’il y en ait toujours plus. Ils savent que plus les musulmans se sentiront rejetés par les non-musulmans, plus ils pourront espérer les convaincre et les radicaliser. Les djihadistes assurent qu’ils représentent le « véritable islam », les islamophobes leur donnent raison en disant qu’il n’y a pas de différence entre l’islam et l’islamisme. Que les premiers commettent des attentats alors que les seconds verraient plutôt sans déplaisir se multiplier les pogroms contre ceux qui « rejettent le mode de vie occidental » (le sympathique mode de vie mondialisé de la consommation soumise) n’y change rien. Les islamophobes sont les idiots utiles de l’islamisme radical.

À l’époque de la guerre d’Algérie, que je sache, on ne faisait pas grief aux harkis d’être musulmans, et l’on ne s’étonnait pas non plus qu’il y ait des mosquées dans les départements français d’Alger, d’Oran et de Constantine. Pour ma part, je ne ferai pas aux terroristes islamistes le cadeau de devenir islamophobe. Et je ne fantasmerai pas non plus sur la « France musulmane » comme Drumont fantasmait sur La France juive (1885), en associant mécaniquement islam et terreur comme d’autres associaient naguère les Juifs et l’argent.

* Source

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Commentaires

  • Beaucoup d'analyses justes puis tout à coup le gigantesque mensonge . Pour ADB, les musulmans sont des braves gens qui ne deviendraient terroristes que parce qu'ils seraient rejetés.
    En fait, ils sont les chouchous du régime umps, et s' ils suscitent le rejet c'est en raison de leur comportement qui pourrit la vie des Européens.
    Il n'y a aucune différence entre islam et islamisme. Les musulmans veulent conquérir le monde, et leur violence est proportionnelle à leur sentiment d'impuissance.

  • Cet article avait été publié sur Bd Voltaire il y a quelques jours, et j'avais appuyé une intervention critique de Robert Albarédès (par ailleurs, contributeur sur RL).
    Voici la copie de ma réponse :
    @Robert Alabaredes (cf.: votre commentaire plus bas)
    Je considère AdB, dont j'ai lu la quasi totalité des ouvrages et revues qu'il anime depuis plus de 40 ans, comme un penseur et un agitateur d'idées de premier plan. Je dois beaucoup au GRECE et à la Nouvelle Droite, et je prends très souvent la défense d'AdB lorsqu'il est attaqué par des imbéciles qui ne l'ont jamais lu.
    Je suis d'accord avec votre commentaire. Je partage tout à fait les analyses brillantes d'AdB…sauf les dernières. Il ne sera jamais question pour moi de faire la moindre concession à l'islam, quitte à passer pour islamophobe ! La "tolérance" d'AdB est basée sur la considération que l'islam est une "religion" comme les autres, ce qu'il n'est pas, mais un système totalitaire politico-religieux de domination des peuples. Il est le bolchevisme vert du XXIe siècle, et il n'y a pas de bolchevisme "modéré", on ne compose pas avec un système qui veut nous détruire et nous soumettre, qu'il s'appelle mondialiste ou musulman.
    Quant à la "France musulmane", je déplore l'aveuglement d'AdB sur ce point. C'est sans doute le principal point de désaccord que j'ai avec AdB. Je préfère sur la question les analyses de Guillaume Faye, le courage lucide de RL, des Identitaires, de PEGIDA et de tous ceux qui gardent les yeux grands ouverts..
    "On récompense mal un maître en restant toujours un élève" Nietzsche

  • Alain de Benoist et la ND tinrent à peu près les propos que j'attendais au lendemain de Mai 68 . Ce furent pour moi des éveilleurs . Ils m'autorisaient à penser ce que je sentais en moi et que mes maîtres de l'EN condamnaient . L'égalité entre les hommes , un mensonge que tout contredit . La fraternité universelle , une balançoire qui favorise la destruction des communautés humaines et leur asservissement au Capital apatride .
    J'ai applaudi le numéro fort contesté où la ND s'en prit à l'Amérikke .
    J'ai suivi avec bien des réticences l"évolution d'Alain de Benoist renvoyant au placard le racialisme et retrouvant certaines des analyses de Karl Marx .
    Ce n'est pas l'Islam qui m'effraie , ce sont les déshérités qu'il mobilise .
    Une horreur .
    Et le flot monte !

  • à l,époque de l,Algérie Française , les Harkis n,étaient pas des terros , ni des djeuns haineux de banlieues , et les mosquées dans les villes cités en exemple avaient toute leur place , je pense que le fait qu,il y a des islamophobes ou pas , ne change rien ou n, apporte rien de plus à l,islamisme radical . . .!!
    salutations.

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