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Hommage à Aldo Ciccolini, un des plus grands de l'histoire de la musique

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Le pianiste français d'origine italienne est mort à l'âge de 89 ans dans la nuit de samedi à dimanche.

 
 

Ce n'est pas seulement un géant du piano qui vient de s'éteindre en la personne d'Aldo Ciccolini, mort à l'âge de 89 ans dans la nuit de samedi à dimanche. C'est un monument de l'histoire de la musique. Né à Naples en 1925, il avait bénéficié d'une dérogation de la part du compositeur Francesco Cilea pour intégrer à 9 ans la classe de composition. Mais c'est en tant qu'interprète qu'il ne tarda pas à se faire un nom.

Sa formation fait de lui tout à la fois un descendant en ligne directe de Liszt et Busoni, à travers son professeur Paolo Denza, et un héritier de l'école française, puisque l'adolescent reçut après-guerre les conseils d'Alfred Cortot et Marguerite Long. C'est d'ailleurs à Paris qu'il obtint en 1949 le premier prix au troisième concours Long-Thibaud, qui lui ouvrit les portes de la carrière internationale et fit de lui un parisien d'adoption. C'est presque logiquement qu'il adopta en 1971 la nationalité française, un an avant d'être nommé professeur au Conservatoire de Paris. Là, il forme entre autres Jean-Yves Thibaudet et Nicholas Angelich, le premier héritant son élégance, le second sa science de la sonorité.

Ses premières années de carrière sont celles d'un virtuose itinérant, imbattable dans la dextérité flamboyante de Liszt, mais aussi grand défenseur d'un répertoire français délaissé, d'Alexis de Castillon à Déodat de Séverac, auquel il donne ses lettres de noblesse par son jeu pudique et racé. Au Conservatoire, il se dévoue avec abnégation à sa tâche de pédagogue, puis connaît une phase d'oubli au cours de laquelle organisateurs de concerts et maisons de disques le considèrent un peu vite comme has been. Il opère un retour spectaculaire à l'approche de ses 80 ans.

On découvre alors que l'on tient en lui un des plus grands maîtres du clavier, un magicien des sons qui nous livre les secrets de sept décennies de fréquentation des chefs-d'œuvre, qu'il sert avec une dévotion quasi sacerdotale. Ses interprétations tardives de Mozart, Schubert, Chopin, Grieg, Debussy, nous donnent l'impression de revivre un âge d'or qui nous met directement en relation avec les racines mêmes de l'art pianistique. Jouant sur des pianos Fazioli qu'il préférait aux traditionnels Steinway de concert, il avait développé un art du toucher qui laissait tout à la fois béat et perplexe: on aurait donné cher pour comprendre comment le même instrument joué par des dizaines de pianistes interchangeables sonnait différemment dès qu'il y posait ses doigts.

Un son chaud, rond, mordoré, sans rien de heurté, métallique ou anguleux. Il en arrivait à magnifier des musiques banales sous d'autres doigts, comme le Cinquième Concerto de Saint-Saëns où l'on aimerait savoir comment il parvenait à faire sonner son piano comme une harpe éolienne ou un carillon. Comme son modèle Liszt, il passa par la virtuosité la plus démonstrative et la profondeur la plus méditative, mais la célébrité ne lui monta jamais à la tête: il est de ceux pour qui le nom du compositeur devait être écrit en plus grosses lettres que le sien propre.

LE FIGARO

Commentaires

  • ce fut une grande chance pour la France , d,avoir accueilli sur son sol un tel artiste , depuis la qualité est vraiment en baisse . . .!!
    salutations.

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