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La divine surprise de la vente de nos avions Rafale

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Vendre deux vaisseaux de guerre aux Russes, c’est mal. Mais faire de même d’une armada aérienne aux Égyptiens, c’est bien.

Journaliste, écrivain
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Miracle ! La France arrive enfin à vendre ses avions Rafale, cet avion le plus « presque » mieux vendu au monde, pour reprendre l’assez joli titre de Libération du 12 février dernier.

Ce sont donc – pour une fois l’affaire serait officiellement confirmée par l’Élysée – 24 de ces précieux bijoux du savoir-faire aéronautique français qui seraient achetés par l’Égypte, sans oublier une « frégate multimission ».

Et voilà qui amène plusieurs questions :

Vendre deux vaisseaux de guerre aux Russes, c’est mal. Mais faire de même d’une armada aérienne aux Égyptiens, c’est bien. Le motif ? La Russie serait un pays menaçant et Vladimir n’aurait rien d’un véritable démocrate. Tout le contraire de l’Égypte, pays n’ayant cessé de mettre ses divers opposants en prison. Le goulag est tombé à Moscou ; manifestement pas au Caire, siège d’un gouvernement parvenu au pouvoir par le putsch du maréchal al-Sissi, ayant encabané Mohamed Morsi, président démocratiquement élu, ainsi que plusieurs de ses militants et soutiens, actuellement promis à la peine de mort.

Serge Dassault, patron du Figaro, qui n’a cessé de donner des leçons de libéralisme aux divers gouvernements français, est tout de même bien content de vivre des commandes d’État – jusqu’alors, seule l’armée française lui achetait ses zincs. Car s’il a fini par refourguer ces derniers, c’est bien parce que cette puissance d’État lui a fourni un sacré coup de main diplomatique.

Pourquoi, depuis quinze ans, le Rafale ne se vend pas ? Trop cher ? Plus cher que la concurrence, quoi qu’il en soit. Mais terriblement efficace. La première raison est des plus pragmatiques : un tel avion n’est utile que pour des nations risquant de véritables conflits. Ce qui explique que des pays tels que la Hollande, la Suisse ou le Brésil aient préféré son équivalent « discount » suédois, le Gripen. Certes demeure l’espoir indien, mais ces derniers exigent des transferts de technologie que la France ne peut décemment accepter.

Pour d’autres débouchés potentiels de pays désirant acquérir un avion digne de ce nom, parce que devant faire face à de véritables menaces – Corée du Sud, Singapour et Arabie saoudite –, la puissante machine américaine a joué : rien pour les Français. Un seul exemple, relaté par le quotidien 20 minutes : « Les USA avaient fait savoir à Séoul (Corée du Sud) qu’ils considéreraient un achat en France comme une trahison. Séoul n’a pas pris le risque de déplaire à Washington, qui équipe et entraîne son armée en assurant une présence de 37.000 soldats sur son sol. » CQFD : les occupant auront toujours raison sur les occupés.

Dernière question : qui paiera une facture estimée à cinq milliards d’euros ? L’Égypte n’en a évidemment pas les moyens ; c’est donc l’Arabie saoudite qui règlera la petite note. Logique : Riyad, qui, il y a peu, finançait encore les salafistes égyptiens – et le Qatar, les Frères musulmans locaux, mouvement dont Mohamed Morsi était chef de file –, change son fusil d’épaule, appuyant désormais, comble du comble, le néo-nassérien maréchal al-Sissi.

Le but manifeste de ce retournement d’alliances ? En finir avec Daech et ses affidés, qu’ils soient d’Al-Qaïda ou pas. Faire la paix entre Riyad et Téhéran, voire même la Jordanie : à Amman, on n’a que modérément apprécié qu’un de leurs pilotes ait été brûlé vif, avant diffusion de la vidéo sur les réseaux sociaux. De son côté, la Turquie joue le jeu, même si le prix à payer est celui d’un bout de Kurdistan à moitié libre. En Afrique subsaharienne, les Français traquent sans relâche cet islamisme de combat devenu fou, puisque ne poursuivant aucun objectif politique tangible. Plus au nord et plus à l’ouest, ce qui demeure du monde arabo-musulman se charge d’encercler des milices devenues incontrôlables, même pour ceux qui les finançaient naguère. L’Amérique, elle, aide en coulisses, avec la complicité tacite de la Russie.

Et la place de la France sur ce grand échiquier ? Il est à déplorer qu’elle ne se limite au rang de simple fournisseur.

 
BOULEVARD VOLTAIRE

Commentaires

  • Les Egyptiens sont stupides ou naïfs. L’exemple de l’Irak et de Saddam Hussein ne leur a pas servi : les armes de défenses anti-aériennes que la France avait vendues à L’Irak ont été inopérantes quand les USA et leurs alliés se sont attaqués à ce pays ! Ils ne se doutent pas qu’il en sera de même quand l’Egypte voudra s’en servir contre certain pays intouchable !

  • abad: je ne pense pas que l,Egypte veuille ou même a la possiblité d,attaquer et de vaincre Israël , ce que d,ailleurs les USA ne pourrait tolérer , mais que l,Egypte se serve de ces avions pour bombarder les islamistes , cela est fort probable . .!!
    salutations.

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