Zbigniew Huminski, le meurtrier présumé de Chloé. DR.
Zbigniew Huminski avait été qualifié de «psychopathe» par un expert en 2009. Dans son rapport, ce dernier estimait le risque de récidive «fort probable».
Le suspect polonais de l'enlèvement puis du viol et du meurtre de Chloé, neuf ans, a été mis en examen ce vendredi pour enlèvement, viol et séquestration suivie de mort sur mineur de 15 ans par un juge d'instruction de Boulogne-sur-mer (Pas-de-Calais), a annoncé son avocat. Le parquet a requis le placement sous mandat de dépôt de Zbigniew Huminski, 38 ans, qui devait encore passer devant le juge des libertés et de la détention. Il encourt la réclusion à perpétuité.
Comment cet homme a-t-il pu en arriver là? Ce viol et cet assassinat auraient-ils pu être évités? Difficile à dire. Mais ce qui est sûr, c'est que Christian Soenen avait déjà tiré la sonnette d'alarme en 2009. Ce psychologue qui avait expertisé Zbigniew Huminski, alors en détention provisoire pour une série d'aggressions commises dans le Calaisis, avait rendu un rapport accablant sur le Polonais multirécidiviste. La rencontre a eu lieu le 31 août 2009. Christian Soenen, qui exerce dans la ville de Berck, s'est rendu à la prison de Longuennesse. «D'emblée, il m'est apparu particulièrement impulsif. On ressentait une vraie violence en lui et une absence totale de culpabilité», se souvient l'expert judiciaire, interrogé par Le Parisien. «Je réalise un certain nombre d'expertises, et je me souviens que dans ce cas précis, je l'avais qualifié de pychopathe», un diagnostic lourd et rare selon le praticien.
«J'ai fait des bêtises»
Le jour de l'entretien, Zbigniew Huminski ne s'est pas montré très bavard. L'homme alors âgé de 32 ans ne s'est pas trop attardé sur sa vie de famille, ni sur ses séjours en prison en Pologne et en France. Le praticien l'interroge alors sur les agressions commises au domicile de deux femmes quelques mois plus tôt. Il avait notamment menacé au couteau et frappé une vielle dame de 78 ans et s'était introduit chez une femme dans la même soirée. «J'ai trop bu et j'ai pas réfléchi, j'avais besoin d'argent...J'ai fait des bêtises», avait-il tenté de justifier. La question de l'alcool est incontournable pour comprendre cet homme. «Quand j'y touche, je peux pas réfléchir, alors je fais ça, avait-il admis. Je vais arrêter».
Avec le recul, Christian Soenen réalise à quel point son rapport mettait en garde les autorités judiciaires. Ses conclusions étaient sans appel: Zbigniew H. pouvait recommencer. Dans son rapport, dont Le Parisien publie une petite partie, il avait écrit: «Récidive fort probable avec fort potentiel de violence non négligeable. Le pronostic d'une réadaptation reste très aléatoire voire illusoire». «Le sujet présente les caractéristiques d'une personnalité aux traits psychopathiques et laisse ressortir une certaine dangerosité potentielle», estime encore le psychologue. Ce rapport «expliquait tout, mais [Zbigniew] n'a sans doute pas bénéficié du suivi qui aurait été nécessaire», conclut l'expert qui ignore si le Polonais a été expertisé à nouveau ou suivi durant sa détention.
LE FIGARO