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Les neveux de Goebbels demandent des droits d’auteur

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Joseph Goebbels  (1897- 1945)

 

 
L’affaire est intéressante, car elle met en lumière une question bien connue des juristes, soit la confrontation entre le droit et la morale.
 
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Joseph Goebbels, en homme délicat, tenait un journal. Il y notait sans doute, au jour le jour, les idées que lui inspirait la politique du Führer, sa détestation des juifs, sa certitude de la victoire finale. Après tout, quand on est ministre de la Propagande du Reich, il faut bien se convaincre soi-même avant de convaincre les autres. Et ce journal a survécu au suicide de son auteur, qui s’est donné la mort en avril 1945, en compagnie de sa femme Magda, après qu’ils eurent empoisonné leurs six enfants.

En 2010, un auteur britannique, Peter Longerich, a publié une biographie de Goebbels, dont la version française vient de sortir aux Éditions Héloïse d’Ormesson. Quoi de plus précieux pour un historien que le retour aux sources, en l’espèce à ce fameux journal qu’il cite largement à l’appui de son travail ? Il n’imaginait sans doute pas que les ayants droit du dignitaire nazi, c’est-à-dire ses neveux, se manifesteraient auprès de lui pour solliciter… des droits d’auteur ! Et, pour appuyer leur demande, ils ont sollicité les services d’un avocat allemand, Cordula Schacht, qui n’est autre que la fille de l’ancien ministre de l’Économie du Reich Hjalmar Schacht, acquitté au procès de Nuremberg.

Stupeur de la maison d’édition anglaise, qui a refusé de verser le moindre penny aux héritiers. Et qui a même refusé l’accord proposé par l’avocat, qui souhaitait que ces sommes soient versées à une association travaillant sur la mémoire des victimes du nazisme.

L’affaire est intéressante, car elle met en lumière une question bien connue des juristes, soit la confrontation entre le droit et la morale. Tout élève avocat apprend que le droit n’est pas l’équité, et que la force de la loi prime souvent sur le sentiment de justice. Et le problème est simple : les droits des héritiers, qui revendiquent les droits d’auteur de ce qu’il faut bien considérer comme une œuvre de l’esprit, doivent-ils céder le pas à la liberté de citer sans contrainte les écrits d’un homme qui, s’il n’a pu être condamné par la justice internationale, n’en est pas moins considéré comme un criminel particulièrement sinistre.

Il appartiendra à la justice allemande de trancher ce cas délicat. D’un côté, l’application stricte du droit de la propriété intellectuelle, de l’autre, la morale. En faveur de la première, on doit considérer que, quelle que soit l’opinion qu’on a du bonhomme, ses écrits n’en constituent pas moins une œuvre de l’esprit, au sens propre du terme, qui donne droit à une protection reconnue par toutes les législations modernes. Après tout, on peut détester Paul Éluard, qui fit l’apologie du communisme, et reconnaître le talent du poète. En faveur de la seconde, il faut se demander si tirer de l’argent des propos délirants du représentant d’un des pires régimes que l’humanité ait connus n’est pas illicite. Après tout, le droit français prévoit bien l’annulation des conventions fondées sur une cause immorale. La loi allemande est sans doute inspirée par les mêmes principes.

Mais refuse-t-on à l’éditeur des œuvres complètes de Lénine la juste rémunération de sa publication ? Lui impose-t-on de mettre gratuitement à disposition du public un ouvrage qu’il aura fait imprimer, relier et distribuer au motif – ô combien justifié – que son auteur était un criminel épouvantable ? Au contraire, devrait-on refuser la diffusion de tels textes en considérant qu’ils font l’apologie de crimes contre l’humanité et que leur seule diffusion suffit à rendre respectables les idées qu’ils contiennent ?

Permettez à votre serviteur de n’avoir aucune idée précise sur la question, sauf peut-être un sentiment de malaise lié surtout au goût douteux d’une telle procédure. Mais il faudrait introduire la question au grand oral du concours du barreau. Nul doute qu’un candidat plus malin qu’un autre répondra, après une brève réflexion : ça se plaide !

 
BOULEVARD VOLTAIRE

Commentaires

  • La morale ! Qui ose invoquer ce truc-là , trop usagé pour n'être pas discrédité ?
    Est-on tellement sûr de la validité de la cause qui l'a emportée ?.
    J'ai des doutes , je l'avoue .
    - je sais que certains croient en l'existence d'une morale universelle , éternelle , garantie par Dieu . C'est du B-H L
    A mon sens , une telle morale n'existe pas , il n'y a que des morales dépendantes des sociétés qui les produisent .
    Et les envolées des avocats invoquant un monde de fictions juridiques ne me font pas rire . Elles m'ennuient .
    Goebbels avait une autre stature que ces grotesques !

  • Le sentiment de malaise résulte du mensonge qui entoure cette période

    Les révisionnistes posent de vrais questions

    Les groupes de pression ont pris le réel en otage par des lois raciales Pleven et Gayssot

  • je pense que les neveux de feu Goebbels peuvent prétendre à bénéficier des droits d, auteur , d,autres touchent des royalties sur d,autres sujets , pourquoi pas eux . . .!!
    salutations.

  • De votre avis, cher parvus. Les droits d'auteur doivent êtreversés intégralement à ses neveux, qui ne sont coupables de rien. Mais cet argent fait briller les yeux de certains vautours.

  • Droit contre morale ? C'est plié d'avance dans une Europe dégoulinante de moraline droid'lommesque !

  • Goebbels Ministre de la propagande ? En titre peut-être ! Mais dans en réalité c’est un enfant de chœur comparé aux propagandistes actuels des gouvernements de l’UE et des merdiats qui ne disent pas deux mots sans proférer trois mensonges ! Et on subit leur infernale propagande depuis plus de 40 ans jour et juit 24h/24 ! Si Goebbels revenait, il en serait effaré !

  • Qui mettrait sa main à couper sur la version officielle de la seconde guerre mondiale lorsqu' on peut constater les mensonges gigantesques proférés par nos dirigeants sur la période actuelle.

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