Angela Merkel, François Hollande et Alexis Tsipras lors du sommet européen de Bruxelles, le 12 juillet 2015 Crédits photo : POOL/REUTERS
FIGAROVOX/TRIBUNE - Pour Charles Wyplosz, l'accord européen trouvé dans la nuit avec la Grèce est une victoire à la Pyrrhus : sur le plan économique, les dispositions convenues ne sont ni soutenables, ni viables.
Charles Wyplosz, professeur d'économie internationale à l'Institut de hautes études internationales et du développement (IHEID) à Genève, est directeur du Centre international d'études monétaires et bancaires.
Et voilà, une nuit blanche a abouti à un accord pour éviter le Grexit. Mais quel accord et pour combien de temps? Bien sûr, les aspects politiques sont fascinants, mais je me concentre ici sur les questions économiques.
Le nouvel accord va beaucoup plus loin que celui de la fin juin qui avait été rejeté par Tsipras et ensuite par le référendum. Le communiqué officiel publié au bout de la nuit comporte d'incessantes références au besoin de rétablir la confiance. Cet argument est destiné à justifier la sévérité et le degré exceptionnel d'intrusion du nouveau programme. Une des leçons tirée par le FMI après des décennies d'expérimentation est que des programmes trop intrusifs échouent.
Une des leçons tirée par le FMI après des décennies d'expérimentation : des programmes trop intrusifs échouent.
Les points essentiels de l'accord sont les suivants. Premièrement, il n'est pas question de remise de dette. Même si l'accord reconnaît que la dette est maintenant insoutenable, il ne prévoit que d'envisager «peut-être» un allongement de la durée de remboursement avec «peut-être» une période de grâce. Et, bien sûr, la Grèce doit régler ce qu'elle doit au FMI depuis la fin juin. Peu importe que cela fait cinq ans que l'on sait que la dette est insoutenable. Peu importe que l'objectif, pourtant mentionné explicitement, des programmes est de permettre à la Grèce d'emprunter à nouveau sur les marchés financiers, on garde la dette à presque 180% du PIB et on envisage de la faire grimper encore. À un tel niveau d'endettement, jamais les investisseurs privés ne prêteront à la Grèce. La logique pure semble avoir fui les délibérations des plus hautes autorités européennes.
Deuxièmement, la Grèce s'engage à des réformes «ambitieuses» et «approfondies» de ses marché du travail et des biens et services. Également ambitieuses doivent être la réforme fiscale et celle des retraites. Il ne s'agit pas de promesses, car les négociations sur un nouveau prêt ne démarreront que lorsque le parlement grec aura voté toutes les lois correspondantes, qui devront avoir été examinées auparavant par la Troika. C'est ce que l'on appelle en jargon technocratique des actions préalables.
Troisièmement, la Grèce doit mettre en route un plan de privatisations équivalent à 25% de son PIB (d'où vient ce chiffre?). Ici encore, aucune place pour la confiance. Les actifs à vendre doivent être cédés à un fonds spécialement créé pour l'occasion et qui sera examiné à la loupe par la Troïka. De plus, c'est ce fonds qui fournira le gros des ressources dont la Grèce a un besoin urgent pour recapitaliser ses banques probablement en faillite à présent.
Quatrièmement, le gouvernement doit revenir sur des décisions qu'il a prises depuis son élection et que la Troïka considère un retour en arrière. Les lois correspondantes devront être «dé-votées».
Cinquièmement, comme dans l'accord officiellement caduc de fin juin, et rejeté par référendum, il faut réformer la TVA et le système de retraites.
En outre, Alexis Tsipras, son gouvernement et son parlement vont devoir avancer extraordinairement vite. Un certain nombre de mesures doivent être adoptées d'ici le 15 juillet, après demain, et d'autres d'ici le 20 juillet. Ce n'est plus de la discipline, c'est de la marche forcée.
Toutes ces réformes sont parfaitement justifiées. Si la Grèce les met en œuvre, elle sera un modèle pour tous les pays européens. Un tout petit exemple: les magasins devront pouvoir ouvrir le dimanche. Quand on a vécu le drame des cinq dimanches en France, et que l'on sait que les magasins allemands restent fermés le jour du Seigneur, on ne peut qu'être admiratif.
Il y a deux carottes. Tout d'abord un déblocage immédiat de 10 milliards pour recapitaliser les banques, et donc les rouvrir. Cette somme est sans doute insuffisante, mais aucune information fiable n'est disponible. On peut espérer que la BCE va immédiatement recommencer à fournir des liquidités. L'autre carotte, c'est une vague promesse que la Commission va fournir 35 milliards pour financer des investissements et les PME.
On a imposé à un petit pays membre des conditions que l'on exigeait auparavant par les armes. C'est un petit progrès par rapport à l'histoire, mais c'est la destruction de l'idéal européen.
Ce qui est sûr, c'est que l'austérité continue. Avec des réformes dont l'effet initial est contractionniste, la Grèce va s'enfoncer plus encore dans la dépression économique. Dans un premier temps, si le Parlement accepte de voter d'urgence ce qu'on va lui demander, sous la pointe des baïonnettes symboliques de l'accord, on va négocier un accord ultra détaillé.
Nos puissants leaders ont montré qu'ils ne voulaient vraiment pas de Grexit, les Grecs non plus. Mais on ne voit pas comment la Grèce pourra tenir ses engagements, et donc une nouvelle crise aura lieu, dans six mois, dans un an…
Cette nuit, l'Europe a changé de nature. Elle est devenue perverse. On a imposé à un petit pays membre des conditions que l'on exigeait auparavant par les armes. C'est un petit progrès par rapport à l'histoire, mais c'est la destruction de l'idéal européen.
Commentaires
En fait il ya longtemps que l’idéal européen a disparu : avec le Grand Remplacement il devient stupide de faire référence aux idées, au caractère, à la mentalité, à l’histoire des Européens. Il faut se faire à cette sinistre réalité : les Européens sont en voie de disparition et n’existeront plus dans quelques années, y compris Merkel et Hollande ; ils sont d’ores et déjà remplacés par les immigrés et ce continent que l’on continue à appeler l’Europe va être habité en majorité par une immense masse d’arabo-africains qui vont le transformer en une sorte de Soudan ou de Somalie.
C'est quoi " l' idéal européen " ?
Vivre et travailler en paix dans un pays souverain, selon moi.
Ce programme imposé à la Grèce est tout simplement intenable ! Les Grecs qui avaient voté, non pas pour les beaux yeux de Tsipras, mais par fierté nationale, lors du dernier référendum, risquent de tomber rapidement de très haut et je crains que nous n'ayons encore rien vu !
On voit par ailleurs se réveiller une germanophobie inquiétante (cf.: les mots entendus : la Kaizerine Merkel, le Diktat allemand, etc…) et une coupure entre l'Europe du nord et celle du sud. Quant à ce pauvre Hollande, il s'est comporté en ridicule secrétaire du PS, satisfait de sa "synthèse" ! Il est surtout intéressé par un rabibochage de son image dans l'opinion publique, il ne pense qu'à cela !
Cette crise révèle toutes les tares de l'UE et son absence de conscience européenne authentique. La fracture du couple franco-allemand est de plus en plus béante, malgré les bisous à Angela.
Nous assistons au début de la fin de la zone euro, parce que la Grèce n'était qu'un léger hors d'oeuvre, les plats de résistance
: Italie, Portugal, Espagne, et peut-être France arrivent…et là, il ne s'agira plus de quelques milliards !
On oublie trop qu' Angela Merkel est née et a grandi en RDA. Le marxisme de sa jeunesse a laissé des traces évidentes. Il y chez elle une volonté perverse, de plus en plus visible de détruire l'Europe. Tsipras a été son "allié" dans cette opération.
Mais attendons la suite...
l,idéal européen pour moi , est une europe confédérale , qui laisse chaque état avec sa monnaie , sa défense , sa culture , ses frontières ,etc . . dégagée de la tutelle US ou toute autre . .!!
salutations.