E.W et M-L.W. | 20 Août 2015, 18h37 | MAJ : 20 Août 2015, 21h32
(CAPTURE D'ECRAN/ERT1.)
Faute de majorité parlementaire, le Premier ministre grec Alexis Tsipras, issu du parti de gauche radicale Syriza, a annoncé en direct à la télévision jeudi soir sa démission et des élections législatives anticipées.
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Elles pourraient avoir lieu le 20 septembre et raffermir sa base. Il n'a en tout cas pas perdu de temps. L'annonce intervient juste après le versement de 23 milliards d'euros dans le cadre du troisième plan d'aide à la Grèce.
«Dans peu de temps je vais me rendre chez le président de la République (Prokopis Pavlopoulos, Ndlr) et présenter ma démission et la démission de mon gouvernement», a-t-il déclaré, ajoutant qu'il voulait «soumettre au peuple grec tout ce que j'ai fait (depuis son arrivée au pouvoir le 25 janvier, Ndlr), afin qu'il décide de nouveau». «C'est vous qui allez juger par votre vote si nous avons bien mené la bataille, à l'intérieur comme à l'extérieur de notre pays». «La résistance de notre peuple peut donner l'exemple à d'autres peuples européens», a-t-il encore lancé alors que «nous continuerons à combattre pour atteindre ceux qui n'ont jamais payé leur part». «Je vous laisse juger, en ayant la conscience tranquille pour avoir résisté aux pressions et aux chantages. L'Europe n'est pas la même après ce semestre difficile», a ajouté le Premier ministre.
La tenue d'élections anticipées avait déjà été évoquée après les défections de plus de 30 députés de Syriza qui avaient voté, les 15 et 22 juillet, contre les premières réformes demandées par les créanciers de la Grèce. La tendance, depuis, n'a fait que se confirmer. Le 14 août, 32 députés de ce parti ont voté contre le troisième plan d'aide, onze s'étaient abstenus. Alexis Tsipras, dont le nombre de soutiens (en comptant ceux de son allié ANEL) est ainsi tombé à 119 sur 300 députés, ne pouvait pas rester dans cette situation.
Un «pas décisif pour la normalisation de notre économie»
Porté au pouvoir fin janvier avec une majorité de 36% des voix en s'engageant auprès de son électorat à mettre fin aux politiques de rigueur, imposées à la Grèce depuis le début de la crise en 2010 en échange de deux prêts successifs d'environ 240 milliards d'euros, Alexis Tsipras, 41 ans, a finalement cédé à la pression des créanciers, l'Union européenne (UE) et le Fonds monétaire international (FMI).
«Je n'ai pas eu l'accord que j'espérais, mais cet accord est le meilleur que nous aurions pu signer», a-t-il avancé devant les caméras. «Nos créanciers auraient pu imposer leur volonté et nous mener au désastre», dit-il encore, estimant qu'ainsi «nous pourrons faire face à nos obligations en Grèce et à l'étranger». Il s'agit-là d'un «pas décisif pour la normalisation de notre économie, qui gardera notre société déterminée, calme, et debout».
Par ailleurs, Alexis Tsipras souhaite l'implication d'un cinquième membre dans le groupe des créanciers : le Parlement européen, «seule institution européenne investie d'un mandat populaire direct». Il l'a redit jeudi soir à la télévision après avoir envoyé une lettre au président du Parlement de Strasbourg Martin Schulz. Une demande bien accueillie.
Syriza se divise
Le Premier minitre a critiqué les députés Syriza qui s'étaient opposés à l'accord passé avec les créanciers sur le troisième prêt au pays, accompagné d'un nouveau train de mesures d'austérité.
L'éclatement de Syriza a cessé d'être un tabou. Juste avant le vote du 14 août au Parlement, l'ancien ministre de l'Energie, Panagiotis Lafazanis avait appelé par déclaration écrite signée par d'autres membres de Syriza, à la «constitution d'un large mouvement panhellénique (...) de lutte contre le nouveau memorandum, l'austérité et la mise sous tutelle du pays».
«La décision de Panagiotis Lafazanis d'annoncer aujourd'hui (14 août, Ndlr) l'esquisse d'une nouvelle entité politique, concrétise sa décision très prévisible d'écarter son chemin de celui du gouvernement et de Syriza, avant même le congrès extraordinaire du parti» prévu en septembre, note t-on dans le camp gouvernemental.
Les cinquièmes législatives depuis octobre 2009
Les élections envisagées pour le 20 septembre seraient les cinquièmes élections législatives organisées en Grèce depuis octobre 2009. Dans la foulée de l'annonce de la proposition d'Alexis Tsipras sur ce nouveau scrutin, Martin Selmayr, chef de cabinet du président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a indiqué que des élections anticipées en Grèce, «pourraient conduire à un soutien élargi au programme du MES (mécanisme européen de stabilité), qu'Alexis Tsipras a récemment signé»».
LE PARISIEN
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Tsipras-Melenchonos : le roi des gauchiasses ;o)