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Migrants : le flux s'intensifie, l'Europe se disloque

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Des volontaires aident à l'accostage d'un canot de migrants arrivés, jeudi, jusqu'à l'île grecque de Lesbos depuis la Turquie. Crédits photo : Manu Brabo/AP

L'Allemagne lance un ultimatum à la Turquie, lui laissant dix jours pour réduire le flux de migrants traversant la mer Égée.

 
 
 

Correspondant à Bruxelles.

Fin de partie. Berlin laisse dix jours à la Turquie pour prouver sa bonne foi en réduisant «considérablement» l'exode de réfugiés et de migrants traversant la mer Égée, faute de quoi l'Europe ne pourrait plus échapper à la fermeture en série de frontières nationales.

L'ultimatum, lancé par le ministre allemand de l'Intérieur, Thomas de Maizière, vise autant Ankara qu'Athènes et les autres capitales, celles qui ont jusqu'ici laissé le flux des nouveaux arrivants remonter jusqu'à la République fédérale. Le calendrier, lui, ne doit rien au hasard: dans dix jours précisément, un sommet UE-Turquie tirera le bilan d'un «pacte» qui n'a jusqu'ici suscité que des frustrations, des deux côtés. Après une brève accalmie, les arrivées repartent à la hausse dans les îles grecques, 20.000 par semaine, non loin des records de l'automne.

Un scénario catastrophe

Angela Merkel est aussi pressée par une échéance intérieure: moins d'une semaine plus tard, le 13 mars, son parti chrétien-démocrate risque de perdre des plumes au profit de l'extrême droite lors de trois élections régionales cruciales, Bade-Wurtemberg, Rhénanie-Palatinat et Saxe-Anhalt. Elles pourraient donner lieu à un vote sanction, le premier de dix mois d'une crise qui a entamé le capital politique de la chancelière.

«D'ici au 7 mars, nous voulons constater une baisse considérable du nombre de réfugiés à la frontière turco-grecque, a dit Thomas de Maizière. Si le recul ne se produit pas, il faudra prendre des mesures européennes supplémentaires.» Le ministre n'a pas précisé lesquelles, «nous verrons le moment venu», ajoute-t-il. Mais le message a été décrypté par plusieurs diplomates: c'est le scénario catastrophe, dans lequel Berlin restreint drastiquement les réfugiés admis sur son territoire, après les avoir généreusement invités l'été dernier. Fût-ce de manière coordonnée, les frontières se refermeraient à travers toute l'Europe, comme dans une réaction en chaîne. «Pour Schengen, ce pourrait être le signal de la fin», concède un ambassadeur.

L'Autriche, dernière étape des réfugiés avant la frontière allemande, vient d'en donner un avant-goût. Par précaution, elle vient d'instaurer un double quota quotidien d'offres d'asile et de transit à travers son territoire, multipliant du même coup les refoulements vers le sud. Vienne, avec neuf capitales des Balkans, veut aussi «réduire massivement» le flux migratoire. La commission Juncker déplore ces «initiatives isolées» dans l'UE. Avec un soutien affiché à Paris et à Berlin.

La Grèce a peur d'être submergée

Inexorablement pourtant, la nasse des frontières se resserre sur la Grèce. Point de débarquement pour près d'un million de nouveaux arrivants depuis un an, elle risque de devenir bientôt la destination finale. Elle craint d'être submergée et proteste vigoureusement contre le manque de solidarité européenne dans le partage des réfugiés.

Comme pour crédibiliser le risque d'un verrouillage généralisé, l'Europe insiste pour que la Grèce commence à renvoyer les déboutés du droit d'asile vers la Turquie, plutôt que de laisser filer tout le monde vers le Nord, ainsi qu'elle l'a fait jusqu'ici. À huis clos, Thomas de Maizière a demandé au ministre grec de l'Immigration, Yannis Mouzalas, de recourir enfin à l'accord gréco-turc de «réadmission» (refoulement vers le pays d'origine). Un responsable français pousse à une opération symbolique: un ferry, chargé de migrants expulsés, qui ferait la traversée en sens inverse, des îles grecques vers la côte anatolienne. Theresa May, ministre britannique, enchaîne: «Aux yeux des réfugiés, il faut enfin casser la certitude que s'embarquer sur la mer Égée, c'est décrocher un ticket pour l'Allemagne.»

(merci à Dirk)

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