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Un des fleurons de la dentelle de Calais en danger de mort

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Dans les années 1950, cette industrie permettait de faire vivre plus de 30 000 salariés dans la région, contre 600 aujourd'hui.Crédits Photo: Desseilles Laces. Crédits photo : stephanie

Fragilisée par une décision de justice, Desseilles Laces pourrait bien sombrer. Le fabricant de dentelle de Calais attend désormais qu'un repreneur ne se manifeste pour sauver l'entreprise, sous peine de liquidation judiciaire.

 
 
 

 
 

La célèbre dentelle de Calais est-elle condamnée à disparaître? Ce lundi constituait en effet la date butoir de dépôt d'offres de reprise de Desseilles Laces, un des derniers fabricants du fameux tissu. Sauf surprise de dernière minute, aucun repreneur ne se sera présenté et l'entreprise devrait être placée en liquidation mercredi, poussant 74 employés au chômage. En cause, une décision de justice qui a forcé Desseilles à réintégrer cinq salariés protégés. «Un nouveau coup de poing» pour l'entreprise déjà affaiblie par un contexte économique difficile, selon le PDG, Jean-Louis Dussart.

Comment Desseilles Laces en est-elle arrivée là? Depuis le début des années 2000, la dentelle de Calais est fortement concurrencée par la Chine. «Nous fabriquons deux types de dentelle», explique Jean-Louis Dussart. «La première, haut de gamme, est la dentelle traditionnelle de Calais tissée, celle-ci nécessite un véritable savoir-faire». La seconde dentelle fabriquée par Desseilles est tricotée et beaucoup plus concurrentielle puisqu'elle est plus facile à copier.

Une concurrence chinoise rude

Difficile de faire face au géant chinois qui offre des produits beaucoup moins chers. «En outre, nous sommes fortement dépendants de la mode, qui privilégie parfois la broderie au détriment de la dentelle», déplore le PDG de l'entreprise calaisienne. Dans les années 1950, cette industrie permettait de faire vivre plus de 30 000 salariés dans la région, contre 600 aujourd'hui. «Lorsque je suis arrivé à Desseilles, nous étions 500, aujourd'hui nous sommes 74», témoigne Renato Fragoli, employé et représentant du collectif «Les oubliés de Desseilles».

Crédits Photo: Desseilles Laces.

Crédits Photo: Desseilles Laces.

Malgré un contexte économique défavorable, Desseilles Laces a tout fait pour résister. Placée en redressement judiciaire en 2013, l'entreprise est tout de même contrainte d'effectuer un plan de licenciement. Neuf personnes doivent alors faire leurs cartons. Le fabricant de dentelle trouve néanmoins grâce à un investisseur chinois en 2015, prêt à sauver ce patrimoine français. Près d'un million d'euros sont ainsi posés sur la table.

Desseilles obligé de verser plus d'un million d'euros

Mais le ciel s'assombrit en décembre 2015. Alors que le plan de licenciement avait été approuvé, le Tribunal administratif de Lille conteste la décision. Cinq salariés protégés doivent être réintégrés immédiatement. La justice estime en effet que la direction de Desseilles Laces aurait dû proposer des solutions de reclassement en interne à ces employés.

«C'est une décision aberrante», soutient le PDG de Desseilles. «Le plan de licenciement a été approuvé à deux reprises par l'Inspection du travail et par le ministère du Travail». Résultat, le fabriquant de dentelle est forcé de réembaucher les salariés, mais également de leur verser des indemnités. Ces dernières se chiffrent à 350 000 euros, soit l'équivalent de deux années de salaire... par employé! «C'est comme un nouveau coup de poing dans l'estomac», confie Jean-Louis Dussart. «J'ai mobilisé la municipalité, la Région, je suis même allé jusqu'à Bercy, ils ne peuvent rien faire non plus».

A ce jour, seules trois entreprises fabriquent la dentelle de Calais. Crédits Photo: Desseilles Laces.

A ce jour, seules trois entreprises fabriquent la dentelle de Calais. Crédits Photo: Desseilles Laces.

En conséquence, l'actionnaire chinois se retire. Pour tenter de trouver une issue, Desseilles a lancé une campagne de financement participatif et une pétition, sans succès. Un peu plus de 30 000 euros ont été collectés, bien en deçà de l'objectif initial. «Les Français ne sont pas attachés à leur patrimoine», regrette Jean-Louis Dussart.

«La dentelle de Calais vit ses dernières années»

Déjà fragilisée, Desseilles est désormais en danger de mort. Ce lundi constituait la date butoir d'offres de reprise, mais personne ne s'est manifesté. Sauf miracle de dernière minute, le tribunal placera l'entreprise en redressement judiciaire. «Après on sera donné en pâture aux requins», confie le PDG, qui conserve tout de même le sens de l'humour, malgré la perte de tous ses investissements.

L'entreprise Desseilles emploie 74 employés, dont la moyenne d'âge est de 51 ans. Crédits Photo: Desseilles Laces.

L'entreprise Desseilles emploie 74 employés, dont la moyenne d'âge est de 51 ans. Crédits Photo: Desseilles Laces. Crédits photo : stephanie

Une situation dont pâtissent également les 74 employés. «Ils tentent de travailler normalement, mais ils sont dépités, car ils savent qu'ils vont tout perdre», confie Renato Fragoli. «La moyenne d'âge est de 51 ans, et pour la plupart, ils ont effectué toute leur carrière à Desseilles». La fin probable de Desseilles sonne-t-elle le glas de la dentelle de Calais? Jean-Louis Dussart en est persuadé. «La dentelle calaisienne vit ces dernières années», confirme le représentant des «Oubliés de Desseilles».

LE FIGARO

Commentaires

  • La juridiction prud ' homale à été réformée début des années 1980 pour contribuer à la destruction des moyennes et petites entreprises françaises grâce à une législation aberrante concernant notamment les parasites syndicaux.
    Les salariés protégés concernés ici ont touché les indemnités chômage, vont toucher deux ans de salaires à titre de dommages et intérêts non imposables et sont réintégrés alors que les postes de travail sont inexistants.
    Dans quel autre pays voit - on cela ? Aucun, c'est certain.
    La gauche détruit la France depuis des décennies, en offrant des sinécures à sa clientèle.

  • Comme quoi ce sont bien les syndicats et la justice à leurs bottes qui détruisent les emplois en France. Et, vu les relations incestueuses qu’entretiennent les politiciens et les syndicats, le tissus industriel français ne peut que s’effondrer !
    Mais ce n’est pas grave, puisque les immigrés vont remplacer les Français, et alors les arabes supprimeront ces syndicats malfaisants !

  • Il faut écouter attentivement le programme économique et social de Trump et prendre des mesures analogues en France.

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