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Loi Travail : Valls recourt au 49-3 dans un climat délétère

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Isabelle FicekGregoire Poussielgue Le 05/07 à 18:43
 
                                                                       

La droite ne dépose pas de motion de censure et laisse la gauche se déchirer. Les opposants de gauche ont jusqu’à mercredi pour déposer la leur.

Manuel Valls l'avait laissé clairement entendre lundi, à l'occasion de son déplacement en Corse. La procédure a été mise en oeuvre dès le lendemain. Il était un peu plus de 15h mardi quand, du haut du Perchoir de l'Assemblée nationale, le Premier ministre a enclenché l'article 49 alinéa 3 de la Constitution et engagé la responsabilité du gouvernement sur la loi Travail. Dans l'hémicycle, l'ambiance était houleuse. Le matin, la réunion du groupe socialiste à l'Assemblée nationale s'était tenue dans un climat qualifié de lourd par les députés légitimistes, et de violent par les frondeurs.

La proposition d'un amendement destiné, selon son initiateur Olivier Faure, à trouver un compromis avec les frondeurs sur les heures supplémentaires (en garantissant une sur-rémunération de 25 %) avait été promptement balayée par le Premier ministre. « Il faut arrêter de jouer. Moi, je ne joue pas, je prends mes responsabilités dans l'intérêt du pays », a-t-il déclaré devant les députés socialistes.

Vouée à l'échec, cette initiative avait été jugée très sévèrement à l'Elysée comme à Matignon. « On a toujours dit qu'on ne toucherait pas à l'article 2 », note une source au sein de l'exécutif. De fait, n'ayant pas la garantie que les frondeurs voteraient le texte même si l'amendement était accepté et ne voulant pas entrer dans une surenchère avec eux, le recours au 49-3 était venu comme une évidence.

Un hommage à Michel Rocard

Un non-évènement aux yeux de l'exécutif, ou «un hommage à Michel Rocard», selon la formule d'un proche de François Hollande. Décédé samedi dernier, l'ancien Premier ministre de François Mitterrand a eu recours 28 fois au 49-3, dont l'usage était alors illimité, lorsqu'il était à Matignon, faute d'avoir une majorité absolue au Palais-Bourbon.

L'opposition compte les points

A peine l'annonce du 49-3 faite par Manuel Valls, la droite a quitté les bancs, montrant symboliquement son intention de laisser la gauche s'entre-déchirer sous le regard des Français. Les yeux rivés sur 2017, l'opposition se contente de compter les points et de remuer le couteau dans les plaies. Contrairement au premier recours au 49-3 début mai, elle a décidé de ne pas déposer de motion de censure contre le gouvernement.

« Ce gouvernement, après avoir tout lâché aux frondeurs et aux syndicats, a réussi la prouesse d'avoir un texte rejeté par les syndicats, les entreprises, une large majorité de Français », a attaqué Christian Jacob, le chef de file des députés Les Républicains à l'Assemblée, donnant « rendez-vous devant les Français dans neuf mois ». « Stop à la mascarade, a-t-il ajouté. Que Valls se débrouille avec son champ de ruines ». Tant la droite a décidé, explique un député LR, de « laisser la gauche gérer ses propres contradictions ».

Le traitement que Manuel Valls a réservé aux frondeurs sur l'amendement Faure, a redonné de l'énergie à la contestation. Les opposants au texte sont plus décidés que jamais pour déposer une nouvelle motion de censure, après avoir échoué à deux voix près en mai dernier. Il faut 58 députés pour déposer une motion de censure qui, si elle passe cet écueil, marquerait de façon irréversible la scission entre les deux gauches malgré un échec annoncé compte tenu du refus de la droite de la voter.

Episode dramatique

Surtout, le ton est monté d'un cran contre Manuel Valls, dont l'attitude face aux parlementaires de la majorité concentre les critiques. A la réunion de groupe, il leur a déclaré qu'un « compromis serait une compromission ». « Devant cette incapacité à réformer le pays sans le brutaliser, nous nous sommes très nombreux interrogés sur son aptitude à gouverner », a déclaré le chef de file des frondeurs, Christian Paul aux Quatre Colonnes. Les appels à la démission du Premier ministre ont dépassé le seul cadre des frondeurs, puisque Karine Berger, députée des Hautes-Alpes, a déclaré qu'il « devrait démissionner ».

Après ce nouvel épisode dramatique, qui connaîtra son épilogue ce mercredi, la gauche se donne rendez-vous aux primaires en janvier. L'annulation de l'université d'été du PS à Nantes la privera d'un lieu de débat à la rentrée. Mais nul doute qu'il battra son plein à l'automne.

Isabelle Ficek et Grégoire Poussielgue
@IsabelleFicek  -

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LES ECHOS

Commentaires

  • Avec ce nouveau recours au 49/3, le gouvernement perd toute légitimité, en fait il était déjà illégitime, alors un peu plus, un peu moins, qu’est-ce que ça change ? IL devient urgent de les renvoyer à leurs chères études, tous ces guignols : ça tombe bien les frais de scolarité ne seront pas augmentés à la rentrée !

  • Tout cela est du cinéma.
    Le gouvernement et les syndicats se sont arrangés pour faire passer cette loi en canalisant la colère populaire avec l'intelligence du serpent.

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