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Poutine et Erdogan font cause commune

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  • Par Emmanuel Grynszpan
  • Mis à jour
  • Publié
 

Recep Tayyip Erdogan en compagnie de Vladimir Poutine, lundi, à Saint Petersbourg. Crédits photo : SPUTNIK/REUTERS

Les deux présidents ont prôné mardi le rétablissement des relations économiques et évoqué le dossier syrien.

Vladimir Poutine rouvre les vannes du tourisme russe vers la Turquie en tablant que le gaz suivra. Il a promis une levée prochaine de l'embargo sur les fruits et légumes turcs, posé en novembre dernier. «La priorité est de revenir au niveau de partenariat bilatéral d'avant la crise», a résumé le président russe à l'issue de la rencontre. La destruction en vol d'un bombardier russe Su-24 le 24 novembre 2015 par des chasseurs turcs à la frontière syrienne n'est plus qu'un mauvais souvenir.

La rencontre mardi entre Recep Tayyip Erdogan et Vladimir Poutine à Saint-Pétersbourg consacre le rapide réchauffement des relations entre Ankara et Moscou. Les deux pays ont en commun des relations de plus en plus froides avec le camp occidental et leurs économies fragilisées ont grandement besoin de briser l'isolement créé par les tensions diplomatiques.

Erdogan est arrivé avec une heure de retard au palais Konstantinov de Saint-Pétersbourg, où l'attendait son hôte. La télévision russe a montré pendant deux minutes un Vladimir Poutine à la mine fermée, attendant debout et seul son homologue turc dans la salle des négociations. Après une poignée de main, ils se sont brièvement exprimés devant la presse. Erdogan a mis en avant l'importance des deux pays: «Notre coopération apportera une grande contribution à la résolution de nombreux problèmes de la région.»

Un tête-à-tête de deux heures

Sur une note plus personnelle, il a loué la célérité de Vladimir Poutine: «Votre appel immédiatement après le coup d'État du 15 juillet m'a beaucoup réjoui, ainsi que mes collègues et la population.» Poutine a acquiescé, soulignant avoir été «l'un des premiers à appeler le président (Erdogan) pour lui offrir des mots de soutien.» Un geste présenté par Ankara comme contrastant avec la froideur supposée des dirigeants occidentaux. Les deux présidents ont rapidement congédié la presse pour démarrer un tête-à-tête de deux heures. Auquel ont succédé deux heures de pourparlers en format élargi.

La composition des deux délégations reflète la nature des rapports bilatéraux. Côté turc, figuraient cinq ministres (Affaires étrangères, Économie, Énergie, Agriculture, Transports) et le secrétaire d'État pour l'Industrie de défense, Ismail Demir. Côté russe, trois ministres étaient présents (Affaires étrangères, Transports et Énergie), ainsi que le représentant spécial du président pour le règlement du conflit en Syrie, Alexandre Lavrentiev, et le patron de Gazprom, Alexeï Miller.

Avant même la rencontre, le Kremlin prévenait qu'aucune signature n'était prévue à l'issue du sommet. Lors de la conférence de presse, les deux chefs d'État ont confirmé ce que les experts annonçaient: une normalisation progressive des liens commerciaux. Vladimir Poutine a promis d'autoriser «très prochainement» les liaisons charters aériennes permettant à des millions de Russes de se détendre sur la Riviera turque, une contribution notable à l'économie turque. L'embargo sur les produits alimentaires turcs sera «levé avant la fin de l'année», a indiqué le président russe. De son côté, Recep Tayyip Erdogan a réitéré l'intérêt de son pays pour le gazoduc Turkish Stream de Gazprom. Un projet aux contours encore imprécis auquel le Kremlin tient beaucoup. La Turquie est le deuxième client étranger de Gazprom après l'Allemagne. Mais Turkish Stream doit aussi et surtout permettre d'étendre son étreinte gazière sur le sud de l'Europe. Autre pierre angulaire des relations bilatérales, le projet de centrale nucléaire Akkuyu est dégelé. Le président turc envisage d'offrir un «statut d'investissement stratégique» à la centrale, dont la construction et le financement seront assumés par le groupe d'État russe Rosatom.

Très attendus sur le dossier syrien, les deux chefs d'État ont préféré remettre à plus tard la divulgation des résultats de leurs pourparlers. La presse russe a signalé que les contacts entre les armées russe et turque ont repris, avec pour objectif de mettre au point un mécanisme permettant d'éviter de futurs incidents en Syrie. D'où la présence à Saint-Pétersbourg du patron du renseignement turc, Hakan Fidan, qu'on dit fragilisé par le coup d'État raté. Il s'est entretenu avec le chef d'état-major russe, Valeri Guerassimov. La présence du secrétaire d'État pour l'Industrie de défense, Ismail Demir, est plus surprenante. Ruslan Pukhov, directeur du Centre d'analyse des stratégies et des technologies, émet l'hypothèse que la Turquie, bien qu'elle soit membre de l'Otan, s'intéresse à des technologies militaires russes. «Erdogan crée une armée parallèle, une sorte de garde présidentielle, qu'il a besoin d'équiper. En outre, il est atteint d'une océanomania: il veut faire de son pays une grande puissance maritime. La question est de savoir ce que Moscou est prêt à lui vendre.»


La Turquie avertit Washington sur le refus d'extrader Gülen

Ankara a averti mardi Washington, par la voix de son ministre de la Justice, de ne pas sacrifier les relations bilatérales en raison du «terroriste» Fethullah Gülen, à l'origine, selon les Turcs, du putsch avorté du 15 juillet. «Si Gülen n'est pas extradé, les États-Unis sacrifieront les relations (bilatérales) à cause de ce terroriste», a déclaré Bekir Bozdag à l'agence de presse progouvernementale Anadolu, soulignant que le sentiment antiaméricain au sein de la population turque avait atteint un pic en raison de ce différend entre les deux alliés de l'Otan. «Il appartient à la partie américaine d'empêcher que ce sentiment se transforme en haine», a dit le ministre. Le putsch raté, qu'Ankara accuse le prédicateur exilé aux États-Unis d'avoir ourdi, a aussitôt envenimé les relations turco-américaines. Un ministre turc n'avait pas hésité à affirmer que «les États-Unis sont derrière la tentative de coup», tandis qu'un ancien chef d'état-major accusait la CIA d'avoir été à la manœuvre.

Commentaires

  • Voilà une excellente nouvelle .
    Ils vont devenir méchants tous nos inconditionnels du sionisme , eux qui nous veulent prenant le chemin de Haïti
    Notre peau , faut comprendre , c'est rien .
    Nous sommes bons pour l'"abattoir , rien de plus . Ils nous ont assez vu .

  • Il ne fallait pas être grand clerc pour prévoir que l'ostracisme agressif de l'Occident américanocentré à l'encontre de la Russie de Poutine jetterait celui-ci dans un rapprochement économique avec la Chine d'une part, et avec son puissant voisin turc d'autre part !
    Poutine est le meilleur joueur d'échecs de la planète…et Erdogan, comme toujours, les Turcs, n'est pas nul dans cette discipline qui s'appelle géopolitique et qui n'a que faire des bons sentiments ni des états d'âme "droid'l'hommistes" occidentaux.
    Poutine a senti d'instinct le ressentiment d'Erdogan à l'encontre du camp occidental et de l'Europe qu'il sait faible et soumise.
    Erdogan fait du chantage, il est en position de force avec les millions de "migrants" qu'il peut lâcher quand il veut sur l'Europe.
    Poutine doit tenir compte également de l'importance des musulmans de Russie et du poids de sa population touranienne.. IL a intérêt à maintenir la sécurité sur toute la frontière sud de la Russie, notamment dans le Caucase.
    Quant à nous, nous n'avons pas fini de payer notre vassalisation volontaire à Washington ! Hollande n'est qu'une misérable marionnette inculte face à ces leaders là !

  • Dirk ,
    Il y a plus fort que le jeu des échecs , le jeu de go communément pratiqué chez les Célestes .
    La partie actuellement se joue à trois :
    l'Occident dénaturé ( américano-centré ) , l'Empire russe , l'Empire du Milieu .
    Le vaincu est connu . Le vainqueur , c'est une autre affaire .

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