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Charles BAUDELAIRE (1821-1867)

ELEVATION

 

Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées,
Des montagnes, des bois, des nuages, des mers,
Par delà le soleil, par delà les éthers,
Par delà les confins des sphères étoilées,

Mon esprit, tu te meus avec agilité,
Et, comme un bon nageur qui se pâme dans l'onde,
Tu sillonnes gaiement l'immensité profonde
Avec une indicible et mâle volupté.

Envole-toi bien loin de ces miasmes morbides ;
Va te purifier dans l'air supérieur,
Et bois, comme une pure et divine liqueur,
Le feu clair qui remplit les espaces limpides.

Derrière les ennuis et les vastes chagrins
Qui chargent de leur poids l'existence brumeuse,
Heureux celui qui peut d'une aile vigoureuse
S'élancer vers les champs lumineux et sereins ;

Celui dont les pensers, comme des alouettes,
Vers les cieux le matin prennent un libre essor,
- Qui plane sur la vie, et comprend sans effort
Le langage des fleurs et des choses muettes !


    Charles Baudelaire - Les Fleurs du mal

Commentaires

  • Pour moi, l'un des plus beaux poèmes de Baudelaire avec l'Albatros, qui me fait fortement penser au célèbre "Homme au-dessus d'une mer de nuages" de Caspar David Friedrich, ainsi qu'à certaines maximes de Nietzsche dans Zarathoustra:
    "C’est du plus profond que le plus haut doit monter vers sa hauteur." et aussi "Celui qui gravit les plus hautes montagnes se rit de toutes les tragédies du théâtre et de la vie." NIETZSCHE

    Cette poésie détonne avec la morbidité habituelle du sombre Baudelaire, mais finalement, exprime aussi le seul moyen de s'en échapper, par l'élévation vers des airs purs et non pollués par la société. C'est finalement une démarche religieuse pure et naturelle!

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