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Allemagne : le parti d'Angela Merkel vaincu par les populistes

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  • Par Nicolas Barotte
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  • Publié
 

La chancelière allemande (ici à Berlin le 28 août) perd lourdement dans sa terre d'élection. Crédits photo : STEFANIE LOOS/REUTERS

La CDU a été reléguée dimanche derrière les sociaux-démocrates et le parti antimigrants AfD, lors d'une élection régionale test en Mecklembourg-Poméranie Occidentale.

Correspondant à Berlin

Le bonus Merkel s'est transformé en malus. Dimanche soir, la CDU a enregistré son pire résultat en Mecklembourg-Poméranie Occidentale lors de l'élection régionale, et même l'un des plus mauvais de toute son histoire. Avec seulement 19%, selon l'estimation disponible à 21h30, le parti d'Angela Merkel a aussi subi l'humiliation d'être relégué en troisième position, derrière la formation AfD, qui a obtenu 21,4%. La campagne de l'Alternative für Deutschland contre la politique d'asile et contre la chancelière a fonctionné. Le parti a bénéficié plus que les autres de l'augmentation de la participation, qui s'est élevée à 61% contre 51,5% en 2011. Selon un sondage Infratest Dimap, 67% des électeurs de l'AfD ont choisi d'exprimer leur mécontentement lors de leur vote plutôt qu'une conviction. «Trop longtemps, les électeurs n'ont pas été entendus», a déclaré Frauke Petry, la chef de file de l'AfD, pour expliquer le résultat de son parti. Sur twitter, la présidente du FN Marine Le Pen s'est félicitée du résultat outre-Rhin: «Ce qui était impossible hier est devenu possible: les patriotes de l'AFD balaient le parti de Mme Merkel».

Angela Merkel, qui se trouve actuellement au G20 en Chine, n'a pas commenté le camouflet. «C'est un résultat amer», a déclaré le secrétaire général de la CDU, Peter Tauber. Le résultat est symboliquement fort: c'est la première fois que le parti conservateur est devancé par l'AfD. Et même si le Mecklembourg-Poméranie Occidentale est un terrain électoral défavorable historiquement à la CDU, c'est néanmoins la terre d'élection de la chancelière. Sa circonscription se trouve à Stralsund, près de la mer Baltique.

Mais au sein de la formation chrétienne-démocrate, on cherchait aussi à relativiser: en recul de 3,7 points par rapport à la dernière élection, le parti conservateur enregistre une sanction paradoxalement moins forte que celle du SPD. Avec 30,3%, les sociaux-démocrates ont certes remporté l'élection, mais reculent de 5,3 points. «La CDU est responsable de la progression de l'AfD», accuse-t-on du côté des sociaux-démocrates en regrettant les tiraillements internes aux conservateurs sur la politique migratoire. «C'est Angela Merkel qui fournit le fonds de commerce de l'AfD», a ironisé dans Der Spiegel l'ancien responsable du parti, Hans-Olaf Henkel.

Un signal d'alarme tiré

Tous les partis ont pâti de l'essor des populistes. À gauche, Die Linke, traditionnellement fort dans ce Land d'ex-Allemagne de l'Est, subit le revers le plus important en passant de 18,4 % à 12,6 %. Les Verts, quant à eux, ne franchissent pas la barre des 5%. Ils n'auront pas d'élus. Deux solutions sont désormais possibles pour gouverner la région du Mecklembourg-Poméranie Occidentale: reconduire la coalition SPD-CDU au pouvoir depuis dix ans ou tenter une alliance à gauche SPD et Die Linke.

À court terme, le vote en Mecklembourg-Poméranie Occidentale n'aura pas de conséquence sur Angela Merkel, qui n'a pas l'intention de modifier sa ligne politique. Avec seulement 1,6 million d'habitants, le Land pèse par ailleurs peu sur la scène nationale. Mais le signal d'alarme a été tiré. Sans attendre le résultat de dimanche, Angela Merkel avait fixé la ligne lors d'une réunion avec des parlementaires de la CDU jeudi. «Nous allons devoir travailler à regagner la confiance perdue», a-t-elle déclaré, selon le compte rendu des médias allemands.

À un an des élections fédérales, les conservateurs chancellent. Avec 34% d'intentions de vote dans le dernier baromètre Emnid pour Bild, l'alliance CDU-CSU continuerait d'arriver largement en tête, devant le SPD à 23%. Mais elle serait loin des 41,5% obtenus en 2013. Cette situation de faiblesse entrave le leadership d'Angela Merkel.

Portés par leurs succès à chaque élection régionale, les populistes de l'AfD sont en route pour entrer au Bundestag en 2017. Ils devraient obtenir largement plus que les 5 % requis. Le dernier baromètre pour Bildleur promet 12%, ce qui ferait d'eux la troisième force politique du Parlement allemand. Paradoxalement, Angela Merkel pourrait tirer parti d'une situation la plaçant au centre d'un jeu de coalition compliqué et empêchant ses adversaires de construire une alliance adverse.


Les néonazis perdent leurs élus

Les néonazis perdent leurs élus en Mecklembourg-Poméranie Occidentale, les derniers dont ils disposaient dans un Parlement régional. Avec seulement 3,5%, le NPD a obtenu clairement moins que le seuil requis de 5% pour être représenté. Lors de l'élection de 2011, il avait obtenu 5 élus régionaux avec 6% des voix. Le parti néonazi n'a pas résisté à la concurrence de l'AfD, qui a offert un visage plus respectable aux électeurs les plus en colère contre les formations traditionnelles. En 2014, le NPD avait aussi été chassé du Parlement régional de Saxe, un autre Land d'Allemagne de l'Est où son implantation était forte. Avec 4,9%, contre 5,6% en 2009, le NPD avait raté de peu la marche d'entrée et perdu ses 8 députés, cette fois encore au profit du parti antimigrants de l'AfD. Durant toute la campagne, l'AfD a flirté avec les limites pour séduire les électeurs du NPD sans toutefois tendre la main au parti néonazi. Dans un souci d'ambiguïté, l'un de ses leaders, Jörg Meuthen, avait ainsi laissé ouvert la possibilité de soutenir des propositions du NPD au sein du Parlement régional. «Si le NPD fait une proposition sérieuse, alors nous la voterions, comme nous le ferions si elle venait de Die Linke», avait-il expliqué. Dans le jeu politique allemand, marqué par l'histoire, le NPD reste ostracisé. Une procédure d'interdiction nationale est même en cours. La Cour constitutionnelle devrait rendre son avis cet automne.

LE FIGARO

Commentaires

  • L'AfD fait une percée spectaculaire qui devrait se confirmer dans les années à venir. Il siège désormais dans la moitié des parlements régionaux allemands. L'AfD constitue la seule chance pour les Allemands de rester eux-mêmes chez eux.
    Est-ce le début de la débâcle pour Merkel ? Le durcissement du discours de son parti sur l'immigration n'a été aucun effet ! A comparer avec le durcissement des candidats UMP/LR notamment de Sarkozy. C'est de bon augure !

  • 'regagner la confiance " relate la mère Merkel , en accueillant encore plus de chances pour l,Allemagne ??

    salutations.

  • Vaincu par les populistes ( dans le titre)

    C'est vrai que les " Cons çà osent tout", le mot de patriotisme ne leur plaisant pas du tout, ils se sont torturés les méninges et ont accouché du mot idiotissime de populisme, donc de populistes, en attendant " mieux ".
    Vive le Populisme d'Europe et de Navarre.

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