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Joachim Du BELLAY (1522-1560)

  

Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage

 

Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d’usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !

Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m’est une province, et beaucoup davantage ?

Plus me plaît le séjour qu’ont bâti mes aïeux,
Que des palais Romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur me plaît l’ardoise fine :

Plus mon Loir gaulois, que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,
Et plus que l’air marin la doulceur angevine.

Joachim Du Bellay

                                                                        

Commentaires

  • Merci Gaelle,
    Ah si du Bellay revoyait sa France tant aimee!

    "France mere des arts, des armes, et des loix,

    Tu m'as nourry long temps du laict de ta mamelle:

    Ores, comme un aigneau qui sa nourrice appelle,

    Je remplis de ton nom les antres et les bois.



    Si tu m'as pour enfant advoué quelquefois,

    Que ne me respons-tu maintenant, ô cruelle?

    France, France respons à ma triste querelle:

    Mais nul, sinon Echo, ne respond à ma voix.



    Entre les loups cruels j'erre parmy la plaine,

    Je sens venir l'hyver, de qui la froide haleine

    D'une tremblante horreur fait herisser ma peau.



    Las, tes autres aigneaux n'ont faute de pasture,

    Ils ne craignent le loup, le vent, ny la froidure:

    Si ne suis-je pourtant le pire du troppeau.



    Du Bellay, Les Regrets, 9

  • C'est l'une des plus belles poésies françaises, apprise par coeur par tous les écoliers (enfin, à mon époque !).
    Du Bellay réagit, je pense, aux auteurs de la Renaissance italiens et à leurs abstractions nécessitant parfois un dictionnaire de mythologie pour être comprises (comme les Parnassiens quelques siècles plus tard) ! C'est un hymne à l'enracinement dans la petite patrie charnelle, la terre des ancêtres, de leurs berceaux et de leurs tombeaux.
    Une poésie très identitaire finalement !!!

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