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Europe: le grand retour des frontières

Après le vote pour le Brexit, Londres lance un défi aux Européens sur les migrations. Un difficile équilibre entre ouverture et repli sur soi.

De notre correspondant à Londres

Aussi floue que soit encore sa partition sur le Brexit, Theresa May fait en revanche une analyse très claire du résultat du référendum. Aucun doute là-dessus: par son vote du 23 juin, le peuple britannique a manifesté une volonté ferme de reprendre le contrôle des frontières du pays. Partant de ce constat, elle tente de trouver une synthèse difficile entre cet isolationnisme et l'aspiration à continuer à jouer un rôle sur la scène internationale, comme l'a illustré mardi son premier discours à la tribune de l'ONU. Malgré le Brexit, promet-elle en effet, Londres restera «un partenaire mondial ouvert sur l'extérieur». Reste à mettre en musique cette double aspiration dans les négociations du Brexit. Mais aussi, au-delà, dans la définition d'une nouvelle place pour le Royaume-Uni dans le monde, face aux défis internationaux comme celui des réfugiés. Concrètement, il s'agit de déterminer les seuils acceptables aux yeux des Britanniques de ressortissants européens venant travailler dans leur pays, et le sort à réserver aux migrants du Moyen-Orient et d'Afrique.

Sur cette question des réfugiés, au cœur de l'assemblée générale des Nations unies, May poursuit et approfondit la doctrine édictée par David Cameron. Devant la déferlante migratoire il y a un peu plus d'un an, ce dernier avait pris soin de se désolidariser de ses partenaires européens, au nom d'une exemption dont bénéficie le Royaume-Uni. Pas question d'accepter de quota de réfugiés, tandis que la gestion de la jungle de Calais, où croupissent 10.000 migrants rêvant de traverser la Manche, est sous-traitée à la France, moyennant un appui logistique et financier.

Mettre fin aux «mouvements de masse incontrôlés»

Seule concession à l'émotion médiatique provoquée par la photo du petit Aylan Kurdi noyé, il avait toutefois accepté d'accueillir 20.000 Syriens sur cinq ans en Grande-Bretagne, sélectionnés uniquement dans les camps de Turquie, du Liban et de Jordanie. À New York, Theresa May a justifié la nécessité de mettre fin aux «mouvements de masse incontrôlés de population». Sur le principe, elle propose comme son prédécesseur de traiter le mal à la racine, en venant en aide aux réfugiés sur les lieux des crises, dans l'espoir de les empêcher de prendre la route vers l'Europe. Le Royaume-Uni consacre déjà une aide importante aux camps à la périphérie de la Syrie. De même, May a annoncé une enveloppe de 100 millions de livres (116 millions d'euros) à la Somalie et l'Érythrée pour tenter d'y faire revenir les populations déplacées, en luttant contre la menace pesant sur elles par les milices Shebab par exemple. Vœux pieux? Certaines organisations internationales comme Human Right Watch se montrent sceptiques sur la notion de retour volontaire.

 

Pour May, «il est clair que tous les pays ont le droit de contrôler leurs frontières et de protéger leurs citoyens». C'est même «un devoir de gérer ses frontières pour réduire les migrations incontrôlées», a-t-elle martelé. Un défi lancé aux Européens, Angela Merkel en tête. Pour May, la menace migratoire est équivalente à celles posées par le terrorisme et le changement climatique. Elle pense ainsi répondre à la demande exprimée par les électeurs le 23 juin d'«une politique plus en phase avec leurs préoccupations». Celle d'une population qui se sent laissée pour compte de la mondialisation. Même si cet électorat qui réclame la fermeture des frontières voit également d'un mauvais œil les milliards dépensés par le Royaume-Uni dans l'aide internationale. Les électeurs du Brexit, dans les milieux ruraux et les petites villes du sud au nord de l'Angleterre, peuvent s'estimer entendus, même si cette rhétorique peut hérisser dans la métropole londonienne fière de son ouverture sur le monde.

Échec sur l'immigration

Ministre de l'Intérieur pendant six ans sous David Cameron, Theresa May a très à cœur les préoccupations liées à la sécurité et à l'immigration. Reste que, sur cette question, elle porte l'échec de l'administration sortante. Les conservateurs avaient promis en 2010 de réduire le solde migratoire à moins de 100.000 personnes par an. Le flux a atteint un record de 330.000 personnes l'an dernier, dont plus de la moitié en provenance de l'UE. Cela démontre la complexité de l'équation du Brexit. Entre l'ouverture commerciale sur l'extérieur revendiqué par Londres et la sélection des personnes qui frappent aux portes du royaume, il va falloir choisir. Le flou artistique entretenu jusqu'à présent sur les modalités par Theresa May lui permet de se préserver une marge de manœuvre sur le niveau où placer le curseur. Aucun accès privilégié au marché unique ne survivra à la fermeture des frontières aux ressortissants européens, l'ont mis en garde les États membres de l'est de l'Europe. C'est pourquoi, comme l'y pressent ses trois ministres en charge du Brexit, David Davis, Boris Johnson et Liam Fox, la chef du gouvernement risque de devoir s'engager dans un bras de fer avec Bruxelles en vue de ce qu'on surnomme à Londres un «hard Brexit», par opposition à une version «light» qui risquerait de frustrer les électeurs sur leur demande de contrôle des frontières.

Le think-tank anti-immigration britannique Migration Watch propose de limiter les arrivées depuis l'Europe à 30.000 travailleurs qualifiés (banquiers de la City pour l'essentiel) par an, contre 180.000 l'an passé. La mise en place de tels quotas s'accompagnerait, sans nul doute, de lourds sacrifices pour le Royaume-Uni dans ses relations futures avec l'Union, au détriment de son économie.

LE FIGARO

Commentaires

  • "grand retour des Frontières " , il va falloir informer alors la marine Italienne . . .!!
    salutations.

  • Figaro, le journal des laquais, craint que l'Angleterre s'effondre économiquement à cause du brexit ! C'est de la pure hypocrisie ou de la pure sottise?

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