Par Solenn de Royer
Mis à jour le 10/10/2016 à 20h44
Le chef de l'État n'ira pas à l'inauguration du centre culturel, mais pourrait recevoir Vladimir Poutine pour parler de la Syrie.
Comment sortir du piège? Alors que la visite de Vladimir Poutine à Paris le 19 octobre, pour inaugurer un centre spirituel et culturel orthodoxe russe, se rapproche, François Hollande est confronté à un dilemme: faut-il ou non recevoir le président russe, qui vient d'opposer son veto samedi à la proposition française de résolution au Conseil de sécurité de l'ONU, réclamant un cessez-le-feu à Alep. «Je me pose encore la question», a admis le chef de l'État, samedi, dans un entretien à TMC accordé depuis les salons de la préfecture de Corrèze, en marge d'une visite dans son ex-fief électoral. L'interview était diffusée lundi soir. «Est-ce que c'est utile? Est-ce que c'est nécessaire?», s'est interrogé le chef de l'État.
À huit mois de la présidentielle, Hollande se serait bien passé de cette délicate équation imposée par Moscou, qui a rappelé jeudi la visite prochaine de Poutine à Paris, alors que la crise syrienne est à son paroxysme. Même si cette visite - dont la date n'a toutefois pas été confirmée par le Kremlin et l'Élysée - est d'abord «privée», elle revêt un caractère symbolique fort - inaugurer une cathédrale en plein Paris pendant que l'armée russe bombarde Alep. Ce que le président russe, de plus en plus isolé sur la scène internationale, pourrait ne pas manquer de faire valoir. «Comment imaginer recevoir un dirigeant qui est le coorganisateur des bombardements d'Alep et qui a les mains pleines de sang?, interroge un proche du chef de l'État. Si le président reçoit Poutine, il faut que ça serve à la résolution de cette crise. Sinon, il ne doit pas le recevoir.»
Au comble de l'impopularité et alors que le volet international reste le moins attaqué de son bilan, François Hollande n'a pas droit à l'erreur. D'autant que le dilemme présidentiel a pris un tour très politique ces dernières heures en France. François Fillon a estimé que le chef de l'État devait «bien sûr» accueillir le président russe lors de son passage à Paris, tandis que Yannick Jadot, candidat à la primaire d'Europe Écologie-Les Verts (EELV), lui a demandé à l'inverse «d'annuler» cette visite. «Vous imaginez l'image, Vladimir Poutine, le boucher d'Alep, qui au fond est dans la négation de toute humanité en Syrie, venir faire inaugurer un centre culturel? L'humanité et la culture, c'est la même chose, c'est ce que détruit en permanence Vladimir Poutine», a affirmé l'eurodéputé, selon lequel Hollande «ne peut pas être dans une absolue contradiction avec les valeurs démocratiques que défend la France sur la scène internationale».
«Ni rupture, ni complaisance»
Fidèle à son sens de la synthèse, le chef de l'État devrait - selon nos informations - emprunter une ligne de crête: «Ni rupture, ni complaisance.» Dans un premier temps, il devrait refuser de s'afficher aux côtés du président russe pour l'inauguration du centre culturel; ce faisant, il éviterait de se voir reprocher faiblesse ou complaisance. Dans un deuxième temps: il tenterait de jouer les juges de paix en recevant Poutine pour un entretien exclusivement consacré à la Syrie. Et uniquement si Moscou donne des gages de bonne volonté dans le dossier syrien.
«La France assume ses responsabilités et fera tout pour arrêter le massacre insupportable d'Alep, indique un conseiller. Ça ne veut pas dire couper les relations diplomatiques, ce qui n'arrange rien. Il faut voir quels échanges peuvent permettre d'arriver à une solution pour Alep. Mais il n'y aura pas d'échange hors de ce sujet.» Un haut dirigeant socialiste résume: «S'il s'agit d'une réunion de travail constructive avec Poutine, alors oui, Hollande doit le recevoir. S'il s'agit de s'afficher à ses côtés pour une inauguration avec des flonflons, ça non, sûrement pas!»
En adoptant cette position d'équilibriste, Hollande cumulerait les avantages, veulent croire ses proches. «Un: il prend de la hauteur et reste fidèle à l'appel au monde à la tribune de l'ONU le mois dernier (il avait lancé un «appel» solennel pour que cesse les bombardements à Alep, NDLR), analyse un proche de l'Élysée. Deux: il enfonce un coin entre les pro-Poutine de droite et d'extrême droite, tout en coinçant Mélenchon sur son registre de la gauche morale. Bref, il coche toutes les cases.»
À l'Élysée, on indique que des négociations avec Moscou ne font que commencer. «Il reste neuf jours pour faire en sorte que cette visite de Poutine en France puisse servir de levier pour la paix», conclut un diplomate.
Cet article est publié dans l'édition du Figaro du 11/10/2016
Commentaires
De quel droit Hollande exige- t - il que le gouvernement Assad tombe ?
Aujourd'hui le grotesque larbin de l ' Onu, Bankimoon, a déclaré qu ' Assad était responsable des 300 000 morts en Syrie !
Ben voyons, il aurait dû quitter le pouvoir sur ordre de l ' oligarchie transnationale et laisser son pays à la barbarie islamiste, génocide des chrétiens, alaouites et yazidis en bonus.
Quelle horreur ! On a vraiment l ' impression que les mêmes cherchent à déclencher un conflit mondial. Raison pour laquelle ils font tout pour que le monstre Clinton devienne président des Us.
Le médiocre Hollande qui agite ses petites menottes potelées en s'adressant au Monde à la tribune de l'ONU a quelque chose de pitoyable à côté du tsar Poutine qui connaît sa médiocrité et doit certainement avoir un mépris de fer pour ce minable !
Poutine ne sera certainement pas impressionné par ce larbin de Washington et de l'OTAN qui a le culot de mettre la destruction de la Syrie sur le dos des Russes !
Poutine est un grand chef d,état et doit être reçu avec tous les honneurs du à son rang , les états d,âme à géométrie variable des uns et des autres , on s,en tape .
salutations.