Par Paul-Henri du Limbert
Quel qu'il soit, le successeur de François Hollande devra faire figurer parmi ses priorités la restauration de la fonction de président de la République française. Il y a du travail puisque, dernière trouvaille de ce quinquennat décidément hors normes, le premier ministre avoue la «honte» que lui inspire le chef de l'État. Il fallait le faire. François Hollande l'a fait. Un chef de gouvernement qui toise avec arrogance et dédain l'hôte de l'Élysée, qui l'a nommé et l'a vanté, quand a-t-on vu cela? Jamais.
Avis à ceux qui, en 2012, furent sensibles à l'argument du «président normal»: ce n'est décidément pas la bonne solution. Un chef de l'État ne peut être «normal», sauf s'il souhaite «inaugurer les chrysanthèmes», comme on le faisait sous la IVe et la IIIe République. Mais sous la Ve, il est invraisemblable, pour un président, de badiner - comme François Hollande badine dans ce fameux livre qui fait tant parler Rue de Solferino, et ailleurs - à propos, pêle-mêle, des amours de sa vie, de l'état du Parti socialiste, des défauts de ses ministres, des piètres qualités du président de l'Assemblée nationale, ainsi que des périlleuses et confidentielles opérations «secret-défense».
Manuel Valls ressent «colère» et «honte», et il a raison. Mais il est un peu tard pour le découvrir et pour l'exprimer publiquement. Si l'on en croit les sondages, des millions de Français s'exaspèrent depuis longtemps déjà de ce président «normal» qui a conduit le pays dans une situation qui l'est si peu. Des centaines de milliers de chômeurs supplémentaires, des impôts en plus, un sentiment d'insécurité généralisé, une rébellion de la police, une dette qui jamais ne s'est mieux portée… Manuel Valls dit vrai. Mais il est le premier ministre de François Hollande. Qui l'a nommé. Et qui nous explique depuis bientôt trois ans qu'il est le plus brillant représentant du «hollandisme», cette très vague philosophie politique qui vaut à Manuel Valls d'être un aussi piètre candidat à la présidentielle que celui qui l'a fait premier ministre. Être et avoir été le chef du gouvernement de François Hollande n'est pas une sinécure. Manuel Valls aurait dû y penser avant.
Le Figaro
Commentaires
par contre le sieur Hollande , du haut de son cynisme , ne craint aucune Honte . . .!!
c,est le plus gêné qui s,en va , mais Manu s,accroche à sa place .
salutations.
C’est vrai, mais soyons juste : Hollande n’a pas lancé la France vers le précipice : il n’a fait qu’accélérer le mouvement. Avant lui, Giscard, le premier, puis Mitterrand, Chirac et Sarko l’avaient bien mise sur cette route infernale !