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Élection américaine: l'exécutif et la gauche pris de court par le «scénario catastrophe»

 

Pour les autorités françaises, qui n'ont pas vu venir l'élection de Donald Trump, cette victoire ouvre une «période d'incertitude» qu'elles veulent aborder avec «lucidité et clarté».

Le visage des mauvais jours. Quelques heures après la victoire de Donald Trump, François Hollande a félicité du bout des lèvres son nouveau partenaire américain. Dans sa courte allocution prononcée depuis l'Élysée, il a surtout mis en garde celui-ci, expliquant froidement que s'il comptait engager «sans tarder une discussion avec la nouvelle Administration américaine», il le ferait «avec vigilance et franchise». Car «certaines positions prises par Donald Trump pendant la campagne doivent être confrontées aux valeurs et aux intérêts que nous partageons avec les États-Unis», a-t-il ajouté.

Pour le président, qui n'a jamais caché son aversion pour le milliardaire américain (il avait même confié qu'il lui donnait des «haut-le-cœur»), cette élection ouvre une «période d'incertitude» qu'il veut aborder avec «lucidité et clarté». Une période qui invite à «prendre conscience des inquiétudes qui sont provoquées par les désordres du monde dans tous les peuples». «Nous devons trouver les réponses (…) capables de dépasser les peurs mais aussi de respecter les principes qui fondent la démocratie», a-t-il dit, après s'être entretenu au téléphone avec Angela Merkel.

«Comme pour la nuit du Brexit, ça s'est retourné»

Les autorités françaises n'ont pas vu venir l'élection de Trump. Alimenté par l'ambassade de France à Washington, mais aussi par les équipes de Hillary Clinton, l'entourage du président était persuadé «jusqu'à 1h30, 2 heures du matin» que cette dernière allait gagner. Et puis, raconte un conseiller, «comme pour la nuit du Brexit, ça s'est retourné». Ces derniers jours, les conseillers de l'exécutif restaient convaincus que l'Amérique n'oserait pas se lancer dans une «aventure» Trump. L'entourage de Hollande, en lien avec celui de Clinton, préparait d'ailleurs activement le scénario «Hillary». «Le communiqué de l'Élysée est déjà prêt», confiait lundi un conseiller. Les proches du président avaient également organisé l'appel téléphonique que Hollande devait passer à Clinton, après son élection. Raté.

«La leçon de cette élection est simple: lorsqu'on ne protège plus le peuple, il se venge»

Benoît Hamon, candidat à la primaire de gauche 

Selon un conseiller, l'hypothèse Trump n'a jamais été étudiée «avec sérieux» au sommet de l'État. «Nous connaissons les contours de la future Administration Clinton, nous avons tous les contacts, ajoute-t-il. Tout ce travail n'a jamais été fait avec Trump. Nous ne connaissons pas son entourage, nous ne savons pas comment les joindre.» «Trump, ce serait l'inconnu, le scénario catastrophe», confiait la veille de l'élection un diplomate de haut rang. Début août, Hollande estimait pourtant que cette «élection mondiale» aurait des conséquences sur la présidentielle française, «droitisant» la campagne si Trump était élu. Cela va-t-il être le cas? Sans aucun doute. «La victoire de Trump va doper les extrêmes et les populismes», affirme un conseiller.

À droite mais aussi à gauche, où les positions risquent de se tendre un peu plus, en dépit de l'appel au rassemblement et à la fin des «enfantillages» lancé mercredi par le patron du PS, Jean-Christophe Cambadélis. «La gauche ne se rassemblera pas parce que l'on a affaire à des gens qui ne sont pas responsables et qui se font les porte-parole des angoisses», confie, dépité, un ministre énumérant «Jean-Luc Mélenchon, les écologistes, Arnaud Montebourg et Benoît Hamon».

«Les Clinton français»

De fait, l'ex-ministre de l'Éducation s'est dit convaincu qu'«ici, comme aux États-Unis, ces Clinton français ne gagneront pas contre Marine Le Pen». Selon lui, ces «Clinton français» vont de François Hollande, «résigné à la régression sociale et la crispation identitaire proposées par la droite», à Emmanuel Macron, imprégné d'«angélisme libéral». Conclusion de Hamon: «La leçon de cette élection est simple: lorsqu'on ne protège plus le peuple, il se venge

De son côté, Jean-Luc Mélenchon, candidat de «la France insoumise», a fustigé le principe de la primaire, estimant que de l'autre côté de l'Atlantique aussi «les primaires ont été une machine à museler l'énergie populaire». Pour Macron, qui se plaît à se présenter en candidat hors système, l'élection de Trump est l'expression d'un «profond» rejet du «système» et démontre que «rien» n'est «jamais écrit à l'avance».

«Nous ne devons pas mépriser l'Amérique des “casquettes rouges”, celle que beaucoup n'ont pas vue et qui est dans la rue avec fierté en ce moment même» 

Manuel Valls

Manuel Valls, qui met en garde depuis des mois sur la montée des populismes, sait que la gauche n'est pas prête à tirer les leçons de cette nouvelle et spectaculaire énième alerte. Au cours du Conseil des ministres, il a lancé un nouvel avertissement: «Nous ne devons pas mépriser l'Amérique des “casquettes rouges”, celle que beaucoup n'ont pas vue et qui est dans la rue avec fierté en ce moment même. Si on se contente d'être “étonné”, “indigné” et “triste”, on aura l'attitude de ceux qui n'ont rien compris, comme pour le Brexit. Le peuple américain n'est pas sur une autre planète. Il a voté en connaissance de cause, en sachant ce que Trump proposait.»

Plus tard, devant les députés, Valls énumérait les réponses à apporter: «le besoin de frontières» et de «réguler l'immigration», «la nécessité (…) de combattre le terrorisme et de nommer le totalitarisme islamiste», «de mieux redistribuer les richesses». Valls n'a pas fait mouche. À ce stade, l'appel au rassemblement est un fiasco.

Cet article est publié dans l'édition du Figaro du 10/11/2016. Accédez à sa version

Commentaires

  • Ils n'ont toujours pas compris le vote Trump. Ils sont bloqués psychologiquement par leur logiciel idéologique.
    Et le Macron qui se présente "hors système"…il vaut mieux être sourd que d'entendre de telles stupidités…et Hamon qui se présente comme le "candidat du métissage" !…toute cette clique trotsko-libérale est dépassée et sera emportée par la colère du peuple qui ne baissera plus ! Ils en ont le pressentiment, et ils ont peur du peuple !
    Il est trop tard pour eux. On ne règle pas les problèmes avec ceux qui les ont créés !

  • le sieur Hollande qui parle de"lucidité et de clarté " concernant les futurs rapports avec Trump , il faut se pincer pour voir que l,on ne rêve point .
    salutations.

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