Par Philippe Gélie
Mis à jour le 13/11/2016 à 20h13
Tout en constituant son équipe de transition, le nouveau président a semblé réviser son jugement sur l'Obamacare, qu'il ne veut plus « abroger complètement ».
Soudain reclus avec ses conseillers, après des mois d'exposition médiatique constante, Donald Trump distille des messages plus nuancés qui laissent planer le doute sur ses intentions. Est-il en train d'adoucir ses positions radicales de candidat?
Non content de faire désormais l'éloge de Barack Obama, «un homme bien» avec lequel il a eu «un excellent entretien» jeudi à la Maison-Blanche, le président élu a tenu à souligner dimanche, dans «60 Minutes» sur NBC, que les appels reçus de Bill et Hillary Clinton après sa victoire «n'auraient pu être plus aimables». «Cela a dû être difficile pour elle. C'est une femme très forte et très intelligente.» Au Wall Street Journal qui lui demandait s'il voulait toujours la «mettre en prison», Trump a répondu: «Je n'y ai pas beaucoup réfléchi, je veux avant tout régler les problèmes de l'assurance-maladie, de l'emploi, du contrôle des frontières et de la réforme fiscale.»
Ses partisans, qui scandaient «Enfermez-la», se satisferont qu'elle ait été battue et que Trump puisse mettre en œuvre ses promesses. Mais sur ce terrain aussi, il nuance. L'Obamacare, qu'il fallait «abroger entièrement», mérite un second examen. Obama a attiré son attention sur deux dispositions de la loi que le président élu «aime beaucoup»: l'obligation pour les compagnies d'assurer les patients ayant des maladies chroniques et la possibilité pour les jeunes de rester assurés par leurs parents jusqu'à 26 ans. Un autre texte initialement condamné, la loi Dodd-Frank ayant durci la régulation financière après la crise de 2008-2009, pourrait également survivre sous une forme «allégée, pour que les banques se remettent à prêter».
Un entourage dominé par des conservateur purs et durs
Donald Trump a confié le dossier de l'Obamacare à son vice-président, Mike Pence. Il a chargé le sénateur de l'Alabama, Jeff Sessions, intraitable sur l'immigration clandestine, de travailler sur le projet de mur à la frontière mexicaine. Sur CBS, il a rappelé son intention d'expulser ou d'emprisonner les criminels clandestins chiffrant leur nombre entre 2 et 3 millions.
Son équipe cherche également le moyen légal de se retirer de l'accord de Paris sur le climat au plus vite. Si le pragmatisme commence à s'imposer dans les plans du prochain président, il n'en est pas à se renier, loin de là. Son entourage reste dominé par des conservateurs purs et durs, qui combinent des principes affirmés avec une expérience pratique des affaires publiques.
La première tâche de Donald Trump est de former son cabinet. Il a bouleversé son équipe de transition en fin de semaine dernière, rétrogradant le gouverneur du New Jersey, Chris Christie, pour en confier la présidence à son colistier Mike Pence. Autre choix inédit: ses trois enfants adultes, sa fille Ivanka et ses fils Donald Junior et Eric, siègent au comité exécutif. L'homme d'affaires avait indiqué qu'il leur confierait la gestion de son groupe en cas de victoire. Aujourd'hui, il serait question d'un poste de conseillère à la Maison-Blanche pour Ivanka. Et son mari, Jared Kushner, devenu l'un des conseillers les plus influents du candidat Trump, paraît certain d'occuper une place de choix, officielle ou non, auprès du prochain président.
«Tournée de la victoire»
L'état-major de transition donne une idée des ténors de la prochaine Administration. Il comprend six vice-présidents, qui devraient chacun hériter d'un portefeuille important: Jeff Sessions (favori pour le Pentagone), Chris Christie (peut-être la Justice), l'ancien speaker de la Chambre Newt Gingrich (qui aspire à un rôle de «stratège politique»), l'ex-maire de New York Rudy Giuliani (Justice ou direction du renseignement), le général de réserve Michael Flynn (conseiller à la sécurité nationale), le neurochirurgien Ben Carson, ex-rival des primaires (Santé). Au comité exécutif siègent tous les responsables de la campagne: Stephen Bannon (pressenti pour le poste clé de chief of staff), Kellyanne Conway (conseillère politique), etc.
Le président élu envisage d'effectuer une «tournée de la victoire» dans les États qui ont assuré son élection. En attendant, des centaines d'Américains poursuivent leurs défilés nocturnes dans plusieurs grandes villes du pays. Une veillée aux chandelles a rassemblé une foule silencieuse samedi soir devant la Maison-Blanche. Après avoir jugé ces démonstrations d'hostilité «injustes», Trump a rectifié dans un autre tweet neuf heures plus tard: «J'adore le fait que les petits groupes de manifestants aient une passion pour notre grand pays». En 2012, lors de la réélection de Barack Obama, Donald Trump avait appelé à protester: «On ne peut pas laisser faire ça. Nous devrions marcher sur Washington et faire cesser cette mascarade.»
Cet article est publié dans l'édition du Figaro du 14/11/2016.
Commentaires
En fait Trump n’est pas encore le vrai Président des USA ; il ne peut donc rien faire et surtout, il doit éviter les pièges que Obama et ses complices mondialistes peuvent lui poser pour le mettre en mauvaise posture. Est-ce que ce sont eux qui, en sous-main provoquent les manifestations contre son élection ? Il doit donc se méfier et ne rien faire pour provoquer des réactions d’hostilité. Attendons qu’il soit installé à la Maison Blanche pour juger son action.
Trump n'est plus en campagne, il doit maintenant rassembler le pays profondément divisé. A lui de voir comment appliquer le plus possible le programme annoncé pendant sa campagne. Trump est un pragmatique, un homme d'affaires habitué aux compromis, il mettra obligatoirement de l'eau dans son vin. Personnellement je ne me suis jamais fait d'illusions sur ce point.
Ce qui nous intéresse le plus, en tant que Français et Européens, ce sont ses promesses géopolitiques sur le respect de nos souverainetés et le démantèlement de l'OTAN.
Trump nous réserve encore bien des surprises…en tout cas, il ne perd pas de temps !