Par Jean-Marc Leclerc
Mis à jour le 04/01/2017 à 18h34
Le Figaro publie les extraits de la synthèse confidentielle sur les événements de la nuit de la Saint-Sylvestre en Île-de-France.
Que s'est-il réellement passé à Paris et dans l'ensemble de sa région le soir du Nouvel An? Le Figaro dévoile le contenu de la «synthèse opérationnelle» de la Direction de la sécurité de la police d'agglomération parisienne (DSPAP) déposée le lendemain même des événements sur le bureau du préfet de police de la capitale, mais aussi sur celui du ministre de l'Intérieur. L'on découvre alors que policiers et pompiers ont eu bien du fil à retordre pour une soirée «sans incident majeur» comme l'a qualifiée le ministre de l'Intérieur, Bruno Le Roux. Ne serait-ce qu'au regard du nombre de véhicules brûlés: 217 au total, dont 76 par propagation (voir notre carte). Sans oublier deux véhicules à deux roues, eux aussi partis en fumée.
Mobilisation des membres de forces de l'ordre
Pour Paris et la petite couronne, le «bilan du dispositif de sécurisation» témoigne de la mobilisation des membres de forces de l'ordre : «2902 effectifs engagés, dont 2664 sur la voie publique et les transports, et 238 en charge du suivi judiciaire. 6,5 unités mobiles engagées, 202 interpellations réalisées (183 en 2015), 168 mesures de garde à vue (152 en 2015), 134 véhicules incendiés (111 en 2015), dont 51 endommagés par propagation (33 en 2015), 8 jets de projectiles, dont 2 mortiers tirés contre les forces de l'ordre (22 en 2015 dont 2 mortiers), 2 policiers blessés (4 en 2015).» Mais «pas d'affrontement direct entre groupes (comme en 2015)».
Il faut ajouter à ce tableau celui de la grande couronne: 83 véhicules incendiés, dont 25 par propagation, mais aussi 6 jets de projectiles, dont l'un a justifié 4 tirs de lanceurs de balles de défense (LBD), à Chatou (Yvelines). La police municipale a été visée, pour sa part, à Argenteuil (Val-d'Oise) et Chelles (Seine-et-Marne). La Préfecture de police déclare également un local incendié et moult «feux de containers». À Villiers-le-Bel (Val-d'Oise) un «feu de détritus» s'est soldé par «800 m3 de divers objets brûlés», avec les nuisances que cela suppose.
Les actions de police sur la voie publique ont tourné au festival. En Seine-Saint-Denis, les affaires pleuvaient: «Deux arrestations pour dégradations volontaires», à Épinay-sur-Seine ; deux autres «pour détention d'une arme de poing et transport de produits incendiaires» à Neuilly-sur-Seine ; cinq «pour détention d'un engin incendiaire», avec, à chaque fois, des gardes à vue.
À Aulnay-sous-Bois, «23 heures, rue du Bailly-de-Suffren, les effectifs de la BAC locale ont arrêté cinq individus, aux visages dissimulés par des cagoules, qui étaient en possession de bouteilles d'acide, d'aluminium, d'un briquet et de piles.» Cinq mineurs âgés de 14 à 15 ans. Tous emmenés au poste.
La «physionomie générale observée sur l'ensemble de l'agglomération parisienne» est ainsi décrite: «Globalement calme sur la capitale. Vers 04 h 00, sur le secteur de la rue de Lappe, à Paris XIe, et sur la place de la Bastille, des groupes d'individus alcoolisés créant du trouble sur la voie publique, ont rapidement été dispersés par les effectifs locaux assistés d'unités (de) CRS. Une sécurisation (…) a ensuite été assurée par des équipages locaux renforcés par des effectifs de la BAC 75 (…).»
«Quatre véhicules ont été dégradés ou détruits lors de trois incendies sur les XVIIIe, XIXe et XIIIe arrondissements.» Il est loin le temps où la capitale était un «sanctuaire» à l'abri de cette forme de vandalisme. Quand la soirée a commencé, la police parisienne était déjà accaparée par ce qui constitue son «ordinaire».
La synthèse du préfet n'en perd pas une miette: «XVIIIe arrondissement, (secteur) Barbès/Château-Rouge, une arrestation pour vol dit “à la portière”» ; «XIIIe arrondissement, vol commis avec violences dans un commerce» (un salon de coiffure asiatique, boulevard Massena) ; «Xe arrondissement, vol dit “à l'arraché” commis au préjudice d'une touriste asiatique» (préjudice: «25.000 euros en numéraire»).
Et l'inventaire se poursuit: «XVIIe arrondissement, trois arrestations pour tentatives de vol commises par effraction chez un particulier», rue de la Jonquière ; «XIe arrondissement, une arrestation pour vol dit “à la roulotte”», rue Amelot ; tandis que dans le VIIIe arrondissement, la police déclare «une tentative de vol commise par effraction dans une étude notariale» (boulevard Haussmann), et «trois arrestations pour vol dit “à l'arraché” au préjudice d'une touriste turque», rue Pierre-Charon.
Incendies de véhicules
Comme si cela ne suffisait pas, à Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne), ce soir-là, on a déploré «trois personnes décédées dans l'incendie d'origine indéterminée de leur appartement». Tandis que dans les transports parisiens, un individu éméché a glissé entre le rail et le train à la station RER gare du Nord. Un autre a eu la main coupée par le métro en chutant sur les voies parce qu'il tentait de grimper sur le toit de la rame à Daumesnil.
De l'autre côté du périphérique, dans les Hauts-de-Seine, la police résume son 31: «Incendies de véhicules et policiers pris à partie sur les communes d'Asnières-sur-Seine et de Gennevilliers.» En Seine-Saint-Denis, même constat clinique: «Des faits d'incendies de véhicules ont été recensés sur de nombreuses communes de ce département et plus particulièrement sur les communes d'Aulnay-sous-Bois, de Montreuil, de Saint-Denis et de La Courneuve.»
Reste le Val-de-Marne: «Des incendies de véhicules ont été recensés sur l'ensemble du département, avec des policiers pris à partie plus particulièrement sur les communes de Villeneuve-Saint-Georges, de Champigny-sur-Marne et de Limeil-Brévannes, nécessitant l'utilisation d'une douzaine de grenades lacrymogènes par les effectifs locaux et les forces mobiles pour disperser les groupes hostiles.» On n'ose imaginer le bilan final si la police n'avait pas été là.
Cet article est publié dans l'édition du Figaro du 05/01/2017
Commentaires
Un millier de voitures brûlées ? Voilà une nuit bien tranquille !
La photo qui illustre cette note, nous montre qu’à Paris, il y avait beaucoup plus de policiers et de forces de l’ordre que du temps de l’occupation allemande, il y a 75 ans, n’est-ce pas Peillon ?
abad : à l,époque , brûler un véhicule devait coûter très cher ,
sans compter que les joyeux lurons de nos jours auraient eu un total respect devant l,autorité d,occupation et même Française .
si ces évènements se répètent chaque année et même toute l,année , on ne peut que féliciter les politiques et ceux qui continuent à voter pour eux .
salutations.