Par Edouard de Mareschal
Mis à jour le 06/01/2017 à 18h36
Il était poursuivi pour avoir convoyé des Érythréens qu'il entendait héberger chez lui avant de les conduire à la gare. Le procureur avait requis six mois de prison avec sursis mais le tribunal a estimé qu'il avait agi pour préserver leur dignité. Le parquet va faire appel.
Les poursuites formées à l'encontre de Pierre-Alain Mannoni, enseignant chercheur niçois qui comparaissait devant la justice niçoise pour son aide apportée à des migrants érythréens, se sont soldées vendredi par une relaxe. Le procureur avait requis six mois de prison avec sursis à son encontre. Mais le tribunal lui a accordé l'immunité pénale, estimant qu'il avait agi pour préserver la dignité des migrants. Cette disposition, introduite dans la loi en 2012, prévoit l'immunité pour les passeurs qui agissent sans aucune contrepartie, et si la vie des personnes assistées est jugée en péril. «Le tribunal a reconnu que j'avais agi pour préserver leur dignité, et ça, ce n'est pas condamnable, c'est ça qui est important», a déclaré Pierre-Alain Mannoni à la sortie du tribunal. «C'est une grande victoire pour les gens qui aident et aussi pour tous les gens qui ont besoin d'être aidés». Le parquet a indiqué dans la soirée qu'il allait faire appel.
Interpellé à un péage
Pierre-Alain Mannoni, chercheur au CNRS de 45 ans, avait été interpellé le 18 octobre à un péage près de Menton avec dans sa voiture trois Erythréennes dont une mineure, qu'il emmenait à son domicile pour les héberger. Il voulait leur faire prendre un train pour Marseille. «Elles avaient peur, elles avaient froid, elles étaient épuisées, elles avaient des pansements aux mains, aux jambes, l'une boitait en faisant des grimaces de douleurs et l'autre ne pouvait pas porter son sac avec sa main blessée», raconte-t-il dans un article publié quelques jours plus tard sur Mediapart. Après 36 heures de garde à vue, le Niçois est libéré sous contrôle judiciaire. Sa voiture avait été saisie et il a reçu l'interdiction de quitter Nice. La veille, Pierre-Alain Mannoni avait déjà aidé un autre groupe de migrants, mais sans être inquiété. L'affaire a mobilisé les milieux associatifs et enseignants. Au total, entre 100 et 200 personnes s'étaient rassemblées le 23 novembre devant le tribunal avant le début de l'audience. Plusieurs personnalités politiques étaient également présentes, à l'image de Cécile Duflot. Une pétition en ligne lancée par la mère du prévenu avait recueilli près de 70.000 signatures. Et une collecte pour lui payer les frais de justice a récolté près de 8800 euros.
Alors que la vallée de la Roya est devenue le principal point de passage des migrants venus d'Italie depuis 2015, de nombreux habitants ont pris l'initiative de leur venir en aide. Dans une affaire similaire un temps jugée avec celle de Pierre-Alain Manonni, un agriculteur comparaît depuis mercredi pour avoir installé illégalement une cinquantaine d'Érythréens dans un centre de vacances désaffecté en octobre. L'occupation des lieux avait pris fin trois jours plus tard avec l'intervention des forces de l'ordre. Contrairement à l'enseignant, Cédric Herrou, 37 ans, revendique une action «politique». Devant la magistrate, l'agriculteur a déclaré agir ainsi «parce qu'il faut le faire». «Il y a des gens qui sont morts sur l'autoroute, il y a des familles qui souffrent, il y a un État qui a mis des frontières en place et qui n'en gère absolument pas les conséquences», a-t-il poursuivi. Alors qu'il comparaissait, il a reçu le soutien de quelque 300 personnes, dont de nombreux membres d'un collectif d'aide aux migrants Roya Citoyenne, rassemblées devant le palais de justice. Le procureur a requis 8 mois de prison avec sursis, et la décision a été mise en délibéré au 10 février.
LE FIGARO
Commentaires
Cet grand chercheur devant l'Eternel a fait une découverte: il a trouvé trois Erythréennes qu'il a emmenées chez lui. Bravo!
je pense qu,il devrait aussi faire des recherches sur la Collaboration. . .!!
salutations.