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Les écolières musulmanes doivent aller aux cours de natation avec les garçons

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Par Stéphane Kovacs
Publié le 10/01/2017 à 20h14

C'est la décision de la Cour européenne des droits de l'homme, qui avait été saisie par un couple turco-suisse.

Les filles doivent apprendre à nager avec les garçons. La Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) a donné raison, mardi, aux autorités suisses qui avaient refusé d'exempter deux écolières musulmanes de cours de natation mixtes obligatoires. «Sur le plan politique, c'est une décision très importante, se réjouit Jean-Louis Bianco, président de l'Observatoire de la laïcité. La CEDH met très souvent l'accent sur les libertés, mais là, elle a considéré que cette ingérence dans la liberté de religion était justifiée pour protéger les enfants de toute exclusion. Cette décision, rendue à l'unanimité des juges, fera évidemment jurisprudence. Et vaut aussi pour les adultes.»

«Des aménagements significatifs ont été offerts» à la famille, notamment «la possibilité de porter le burkini» et des cours dispensés par «une enseignante». Mais les parents refusent

L'affaire remonte à 2008, peut-on lire dans l'arrêt de la CEDH. Les requérants, un couple turco-suisse résidant à Bâle, refusent d'envoyer leurs filles - alors âgées de 7 et 9 ans - aux cours de natation «au motif que leur croyance leur interdit de les laisser participer à des cours de natation mixtes». Ils indiquent que, «même si le Coran ne prescrit de couvrir le corps féminin qu'à partir de la puberté, leur croyance leur commande de préparer leurs filles aux préceptes qui leur seraient appliqués à partir de leur puberté». «Des aménagements significatifs ont été offerts» à la famille, apprend-on encore, notamment «la possibilité de porter le burkini» et des cours dispensés par «une enseignante». Mais les parents refusent.

Protection contre l'exclusion sociale 

Après avoir été débouté par les tribunaux suisses, le couple s'est tourné vers les juges européens. La CEDH leur a donné tort, relevant que les pouvoirs publics helvétiques avaient pour objectif la «protection des élèves étrangers contre tout phénomène d'exclusion sociale». «L'intérêt de l'enseignement de la natation ne se limite pas à apprendre à nager, mais réside surtout dans le fait de pratiquer cette activité en commun avec tous les autres élèves», a argumenté la Cour. La fermeté des pouvoirs publics est, certes, une «ingérence dans la liberté de religion», mais elle est justifiée au nom de «l'intérêt des enfants à une scolarisation complète, permettant une intégration sociale réussie selon les mœurs locales», ce qui «prime» sur la volonté des parents, a tranché la CEDH.

Une décision qui «rejoint tout à fait les rappels de l'Observatoire de la laïcité, souligne son rapporteur général, Nicolas Cadène. Il n'y a pas lieu d'exempter les élèves de cours en raison de leur religion, il est normal que tous les élèves suivent tous les enseignements et, au-delà de cette affaire, pour les piscines publiques, il n'y a pas lieu d'organiser des horaires séparés pour les femmes et les hommes - sauf dans des cas très précis comme celui de victimes de viols ou d'équipe féminine de water-polo, par exemple».

«Cette année, en lycée professionnel, j'ai quatre filles dispensées de natation sur vingt-deux. Il y a la religion, mais aussi la peur de l'eau, les règles, la pudeur…»

Nathalie François, responsable du sport scolaire au Syndicat national de l'éducation physique (SNEP)

À l'Observatoire de la laïcité, on ne se souvient que d'«un cas qui était remonté, l'an dernier, d'un établissement scolaire où plusieurs jeunes filles étaient exemptées de piscine». Mais du côté des syndicats d'enseignants et de parents d'élèves, on constate que c'est «un phénomène dont on entend de plus en plus parler». «Cela touche beaucoup de jeunes filles, mais pas seulement des musulmanes, précise Nathalie François, responsable du sport scolaire au Syndicat national de l'éducation physique (SNEP). Cette année, en lycée professionnel, j'ai quatre filles dispensées de natation sur vingt-deux. Il y a la religion, mais aussi la peur de l'eau, les règles, la pudeur…»

Le rapport sur les «signes et manifestations d'appartenance religieuse dans les établissements scolaires» de Jean-Pierre Obin date de 2004 mais fait toujours autorité sur la question. «L'absentéisme et le refus de certaines activités sont de plus en plus fréquents, notamment en piscine, écrivait l'inspecteur général de l'Éducation nationale. Beaucoup (d'interventions) tournent autour de la mixité ou de la préservation de la “pudeur” des filles. Les dispenses se multiplient et l'existence de certificats de complaisance est massive dans certains quartiers. Certains comportements révèlent les conceptions obsessionnelles de la pureté de certains prescripteurs, comme le refus de se baigner dans “l'eau des filles” ou dans celle des “non musulmans”.» D'où le soulagement de certains enseignants, qui vont désormais pouvoir s'appuyer sur cette décision de la CEDH. «Savoir nager fait partie du socle commun de connaissances, rappelle Céline Rigo, secrétaire nationale du syndicat SE-Unsa. Et si les cours mixtes ne conviennent pas aux parents, ils peuvent toujours inscrire leurs enfants dans le privé.»

Cet article est publié dans l'édition du Figaro du 11/01/2017.

Commentaires

  • Comme d’habitude figaro, comme la CEDH ne disent pas la vérité : ces exigences n’ont pas d’autres but que de montrer que petit à petit la France passe sous la loi de l’Islam. Quand les immigrés seront majoritaires, ils n’obligeront plus à séparer les garçons des filles. Et c’est sur cette base que la CEDH devrait rendre son jugement et non faire semblant d’argumenter contre l’exclusion. La CEDH se met ainsi à plat ventre devant les immigrés et devrait en avoir honte !

  • la fermeté des pouvoirs publics dans cette décision, sauf que des aménagements sont proposés , alors une fermeté à géométrie variable . . .!!
    salutations.

Les commentaires sont fermés.