Par Florentin Collomp
Mis à jour le 01/02/2017 à 22h07
Les députés se prononcent à une large majorité pour le déclenchement de la sortie de l'Union européenne.
De notre correspondant à Londres
Le compte à rebours est lancé, avant le déclenchement officiel de la procédure de divorce du Royaume-Uni avec l'Union européenne par l'article 50 du traité du Lisbonne. Theresa May a promis d'en notifier Bruxelles avant fin mars. Pour tenir ce délai, un Blitzkrieg législatif a débuté mardi, une semaine après la décision de la Cour suprême la forçant à obtenir, au préalable, l'assentiment du Parlement sur cette procédure.
Intitulé «projet de loi de l'Union européenne (notification de retrait)», le texte, très court, a été approuvé à une très large majorité lors d'un premier vote, ce mercredi soir: 498 députés se sont prononcés en sa faveur, contre 114 s'y opposant. Un retournement remarquable: les trois quarts de ces élus avaient voté contre la sortie de l'UE lors du référendum en juin.
Le projet de loi sera à nouveau discuté en commission la semaine prochaine, avant un nouveau vote aux Communes. Il sera ensuite transféré à la Chambre des lords à la fin du mois, dans l'espoir d'une adoption définitive le 7 mars. Theresa May devrait donc obtenir le pouvoir de notifier l'article 50 en temps voulu, grâce au soutien de sa majorité conservatrice et d'une partie de l'opposition travailliste à la Chambre des communes.
Le ministre des Affaires étrangères, Boris Johnson, a salué un«vote historique» et s'est félicité de cette «énorme majorité pour faire avancer nos négociations sur le Brexit». Si certains conservateurs proeuropéens s'inquiètent de la marche vers un Brexit «dur», hors du marché unique, ils ne tiennent pas à se lancer dans une fronde contre-productive contre la première ministre sur cette question de principe. Ils ont été amadoués par la promesse du gouvernement de publier, ce jeudi, un «livre blanc» détaillant ses projets. Seul, parmi eux, l'ancien ministre franc-tireur Ken Clarke a voté contre le gouvernement. Il a regretté que le Royaume-Uni «embarque pour un voyage vers un avenir inconnu qui sidère tous nos amis». Les députés tories avaient été priés de rester dans l'enceinte du Palais de Westminster jusqu'à minuit mardi soir, pour parer toute adoption subreptice d'amendements par l'opposition.
Le Labour déchiré
Les travaillistes, de leur côté, se sont déchirés sur la consigne ferme donnée par leur leader Jeremy Corbyn de voter avec la majorité. Quelque 47 députés Labour ont bravé ce mot d'ordre, entraînant le parti dans une nouvelle crise existentielle. Le député chargé du Brexit, Keir Starmer, avait reconnu qu'il s'agissait d'un choix «difficile» pour les travaillistes. «Nous sommes un parti fondamentalement internationaliste, nous sommes proeuropéens. Mais nous n'avons pas réussi à convaincre. Nous avons perdu le référendum», a-t-il reconnu, dépité. Plusieurs membres du «gouvernement fantôme» de Corbyn ont toutefois démissionné de leur poste pour assumer leur dissidence avec la ligne officielle. Son rival dans la course à la tête du parti l'an dernier, Owen Smith, a déposé une motion soutenue par douze autres élus travaillistes pour réclamer un second référendum sur la sortie de l'UE. Un autre amendement déposé demandait le maintien dans le marché unique, un troisième, la consultation des parlements régionaux d'Écosse, d'Irlande du Nord et du pays de Galles. Un autre encore visait à obtenir la protection du statut des ressortissants européens installés au Royaume-Uni. Plus de 80 pages de modifications supplémentaires au texte initial devront être discutées la semaine prochaine. Cinquante élus nationalistes écossais, 7 libéraux-démocrates ont voté mercredi contre l'article 50 avec les 47 frondeurs travaillistes, faute d'avoir réussi à imposer leurs amendements. Une guérilla qui s'apparente à un baroud d'honneur pour les partisans du maintien dans l'Europe. «Ce n'est pas un projet de loi sur le fait de sortir ou non de l'UE ou sur la façon de le faire. Il s'agit simplement d'appliquer une décision déjà prise», avait rappelé le ministre de la Sortie de l'UE, David Davis. «La seule question à laquelle vous devez répondre est: faites-vous confiance au peuple?», dramatisait de son côté Theresa May.
Cet article est publié dans l'édition du Figaro du 02/02/2017.
Commentaires
C'est une bonne chose et la France n'en déplaise aux mondialistes va suivre.