Par Emmanuel Galiero
Mis à jour le 28/04/2017 à 19h06
VIDÉO - La candidate du FN écarte l'idée d'une sortie de la monnaie unique, mais prône une renégociation des traités européens.
C'est un virage important dans la campagne de Marine Le Pen: la sortie de l'euro n'existe plus dans sa profession de foi, publiée vendredi. Cette question faisait rage au sein du Front national depuis les élections régionales de 2015. Finalement, le camp des «marionistes» l'a emporté sur celui des «philippotistes». Et Marine Le Pen s'est résignée à mettre en sourdine l'une des mesures les plus clivantes de son programme présidentiel.
Après les défaites des régionales, nombre de frontistes, tels Louis Aliot, Nicolas Bay, Philippe Olivier, Gilbert Collard et Marion Maréchal-Le Pen, avaient réclamé une réflexion urgente sur le sujet. Ils n'avaient pas compris comment un parti capable d'atteindre des scores de 45 % au premier tour d'un scrutin, pressenti pour décrocher six régions métropolitaines sur douze, pouvait se retrouver le bec dans l'eau au second tour. Très vite, ils ont estimé que des électeurs atteignables s'étaient enfuis. Leurs regards se sont alors tournés vers l'électorat de droite.
Pendant la campagne des régionales, «depuis le terrain», comme l'avait expliqué Aliot, les interrogations étaient remontées en masse. Ces électeurs de droite tant convoités avaient exprimé de vives réticences face à la sortie de l'euro.
Attentive, tout en protégeant son vice-président Florian Philippot, partisan d'une sortie franche, Marine Le Pen avait persisté à croire que ce projet de récupération de la souveraineté monétaire pouvait s'imposer dans la tête d'un électorat réticent. Sa contradiction tactique était de continuer à défendre cette idée tout en reconnaissant que le débat national sur cette question n'avait «jamais eu lieu». Sans débat sur le sujet, comment pouvait-elle espérer que les électeurs de droite, effrayés par son projet européen, pouvaient se rapprocher d'elle?
«Cette question européenne est anxiogène», juge Robert Ménard, le maire de Béziers, proche du Front national. Lui, n'a «pas cessé» d'essayer d'ouvrir les yeux de Marine Le Pen sur cette question. Il est convaincu qu'en abandonnant des propositions rejetées par plus de 70 % des Français, la candidate peut élargir son électorat. Selon lui, beaucoup d'élus de droite sont prêts à la rejoindre sur tous les autres sujets, de l'école à la sécurité, mais pas sur l'euro. Ménard cite souvent la diversité de son conseil municipal en exemple. Sur trente-sept élus, on y compte des FN, LR, DLF, CNIP, RPF mais aussi des villieristes et des sans-étiquette. «C'est exactement ce qu'il faut faire pour la France!», assure-t-il.
Vendredi, quand le maire de Béziers a découvert qu'elle avait réalisé un tel «virage» sur l'euro, il a réagi avec enthousiasme. «C'est une très bonne nouvelle, a-t-il confié au Figaro, cela prouve qu'elle a enfin compris. Si l'on veut gagner une élection, il faut rassembler et rassembler d'abord dans son propre camp. Pour le FN, c'est la droite.»
Dans sa profession de foi du second tour, au chapitre «restaurer la démocratie, rendre la parole au peuple», Marine Le Pen prend soin de ne faire aucune allusion à l'euro. Elle évoque simplement l'idée de renégocier les «traités européens pour retrouver notre souveraineté et bâtir une Europe des nations». Elle mise sur ce coup de canif pour déclencher un électrochoc à droite. À dix jours du premier tour, elle est prête à toutes les inflexions pour décrocher l'Élysée. Dans une interview accordée vendredi à Ouest France, elle a annoncé qu'elle pourrait dévoiler le nom de son premier ministre lundi à Villepinte, à l'occasion de son dernier meeting de campagne.
Le Figaro