Alors que les préparatifs entrent dans leur phase finale entre les États-Unis et l'État hébreu, plusieurs désaccords ont opposé ces derniers jours les deux pays sur l'organisation de ce déplacement inédit prévu les 22 et 23 mai.
Correspondant à Jérusalem
La visite de Donald Trump à Jérusalem, programmée à la veille des festivités qui marqueront le cinquantième anniversaire de la «réunification» de la ville, y est attendue comme le clou du spectacle. Mais une certaine nervosité s'est emparée des dirigeants israéliens alors que les préparatifs entrent dans leur phase finale. Les médias locaux affirment que plusieurs désaccords ont opposé ces derniers jours les responsables du protocole aux «précurseurs» venus de Washington pour organiser ce déplacement. Ceux-ci traduiraient le décalage entre les fortes attentes qu'a suscitées l'élection du nouveau président américain auprès de la droite israélienne et son souci, de plus en plus manifeste, d'adopter une approche équilibrée pour promouvoir un «deal ultime» entre les parties.
Son conseiller pour la sécurité nationale, le général H.R. McMaster, a jeté un froid en indiquant vendredi que Donald Trump compte profiter de cette visite non seulement pour «réaffirmer le lien inébranlable de l'Amérique avec l'État juif», mais aussi pour exprimer «son désir de dignité et d'autodétermination pour les Palestiniens». Le président avait jusqu'à présent évité d'aller aussi loin. Lors de la visite de Benyamin Nétanyahou à Washington, le 15 février, il avait badiné: «Je peux vivre avec un ou deux États».
La droite nationale religieuse avait cru déceler derrière ces mots un encouragement à ses projets d'annexer tout ou partie de la Cisjordanie. Mais le locataire de la Maison-Blanche a depuis lors réservé un accueil chaleureux au président Mahmoud Abbas, qui a profité de leur rencontre pour affirmer qu'il n'existe à ses yeux pas d'alternative à l'approche dite des deux États. Une source américaine citée mardi soir par les médias israéliens a par ailleurs laissé entendre que Donald Trump envisage de reporter le transfert, promis durant sa campagne, de l'ambassade américaine entre Tel Aviv à Jérusalem.
Une quinzaine de minutes à Yad Vashem
La définition du programme de la visite, qui s'étendra sur vingt-quatre heures à peine et intégrera une courte étape à Bethléem, a également donné des sueurs froides aux dirigeants israéliens. Rompant avec l'usage généralement accepté par les dirigeants en visite dans le pays, Donald Trump aurait fait savoir qu'il n'entendait pas consacrer plus d'une quinzaine de minutes à la visite du mémorial de Yad Vashem. Il lui a été répliqué qu'une visite aussi brève n'est pas envisageable. Les représentants des deux pays sont finalement tombés d'accord, lors d'une ultime réunion préparatoire organisée mardi, pour annoncer que le président y déposera une gerbe lundi 22 mai.
Ils ont par ailleurs décidé d'annuler le discours que Donald Trump avait prévu de prononcer sur la forteresse de Massada en raison des fortes chaleurs qui y sont annoncées. Il s'exprimera en fait à Jérusalem, dans l'enceinte du musée d'Israël. Une dernière incertitude entourait enfin l'arrêt prévu au mur des Lamentations. Selon la deuxième chaîne de télévision israélienne, Donald Trump refuserait d'y être accompagné de Benyamin Nétanyahou et un incident aurait éclaté lundi à ce propos lorsqu'un membre de la délégation américaine a sommé les représentants du protocole israélien de quitter les lieux. Les États-Unis, aurait-il justifié, ne reconnaissent pas la souveraineté israélienne sur la Vieille ville Jérusalem-Est. La Maison-Blanche a tenté de calmer le jeu quelques heures plus tard en désavouant publiquement l'auteur de ces propos. Mais elle a tenu bon sur le fond.
CRIF