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Élections législatives : La désertion – par Guy Rouvrais

 

 

La fracture béante entre la France d’en bas et celle d’en haut, entre les bénéficiaires de la mondialisation et ses victimes, n’a pas fondu au soleil de juin, pas plus qu’elle n’a disparu en mai avec l’élection d’Emmanuel Macron. C’est la sociologie électorale qui le dit : ceux qui ont voté pour lui le mois dernier et dimanche pour ses candidats, ce sont ceux que les économistes et les têtes chercheuses du marketing et de la publicité appellent les CSP +, les bobos intégrés, comblés par la libéralisation de notre économie, jouissant de confortables revenus. En Marche leur en promet davantage.

Ils sont donc en pâmoison devant le nouveau président, ils chantent le « formidable succès » de ce premier tour. Mais les autres existent toujours, les exclus, les oubliés, les laissés pour compte de la mondialisation, qui souffrent de la condescendance des prétendues élites dont le macronisme est le dernier avatar. Ce sont ceux-là qui sont restés chez eux dimanche, aboutissant à ce triste record d’abstention sous la Ve République, plus de 51 %.

Dans ces conditions, il est indécent que les dévots du gourou Macron célèbrent une victoire bâtie sur la désertion, l’écœurement, le rejet d’un électeur sur deux. Le chef de l’Etat s’est pourtant déclaré « heureux » de ce résultat. Mais comment peut-il l’être quand tant de ses compatriotes ont dit, en boudant les urnes, combien ils étaient malheureux ? Que les vainqueurs n’oublient pas que leur quelque 32 % ne représentent finalement que 15 % des électeurs inscrits, la « majorité » est un colosse aux pieds d’argile.

Que tant de Français ne se sentent plus concernés par le gouvernement, et donc le destin de leur pays, parle plus haut et plus fort que les clameurs triomphalistes des macronistes. Pour combien de temps les premiers se contenteront-ils de cette protestation silencieuse ? Car cette indifférence dissimule aussi de la colère. Si elle ne peut pas s’exprimer à l’Assemblée nationale, c’est dans la rue qu’elle le fera, et nul ne sait jusqu’où elle peut aller quand ce qui, dans le domaine fiscal et social, était projet deviendra réalité, lorsque la majorité des godillots – et des escarpins – d’Emmanuel Macron auront voté sans barguigner tout ce qu’il leur présentera.

Sans le Front national, cette abstention eût été encore plus grande. Car ses détracteurs doivent au moins lui reconnaître ce mérite civique d’avoir ramené aux urnes les milieux populaires qui en étaient détachés. C’est un combat de chaque instant qui n’est pas toujours gagné. Quand le découragement gagne même ceux-là, alors le FN en fait les frais. Son score n’égale pas celui de Marine Le Pen, mais il y a toujours eu ce décalage à la baisse entre le scrutin présidentiel, très personnalisé, et le législatif où les candidatures sont éclatées, sachant qu’il y a une prime aux sortants, or le Front national n’en avait que deux. Il en aura sans doute davantage, ne serait-ce que Marine Le Pen dans sa circonscription. Cela dit, il reste possible pour les patriotes d’arracher des sièges encore en balance à condition que, devant la déferlante Macron, ceux qui refusent une Assemblée nationale sans opposition crédible se mobilisent immédiatement avec ardeur pour que la voix des oubliés puisse résonner fortement sous les voûtes du Palais Bourbon.

Guy Rouvrais

Article publié dans le quotidien Présent daté du 13 juin 2017

Commentaires

  • Mauvais diagnostic, comme déjà dit sous un autre article.
    Macron a été élu par 66 % des votants. Ces 66 % seraient donc tous des gens aisés ? Allons !!!
    Je connais nombre de petits bourgeois aux fins de mois difficiles et chômeurs qui ont voté Macron.
    Des départements très pauvres ont porté en tête des candidats macronistes.
    Comprenez que si le système vous affirme que les électeurs de Macron sont les gagnants de la mondialisation, c'est qu'il a intérêt à le faire croire. Comprenez que si le système qui a accusé le libéralisme économique ( qui n 'a jamais été mis en pratique) de tous les maux, change soudain, un peu, de discours, c'est qu 'il est au bout du rouleau du socialisme mais qu 'il entend bien le perpétuer sous une forme légèrement différente. Comprenez que la liberté, aussi en matière économique, est le pire ennemi des escrocs en bande organisée. D 'ailleurs où voyez - vous la moindre trace de libéralisme en France ?
    " la libéralisation de notre économie " ? Avec des millions de fonctionnaires, d 'emplois " aidés " fictifs, de subventions gigantesques à toutes sortes d 'associations inutiles, à la presse, aux intermittents du spectacle et j 'en passe, et des pires comme le régime obligatoire étatique d 'assurance maladie, qui est un scandale absolu, comme l 'entretien de millions de parasites " migrants ", comme la future indemnisation des salariés démissionnaires. Pourquoi reprendre les mensonges du Système ?

  • Et je rajouterais que tous les partis identitaires européens, ainsi que Trump, sont libéraux. Des vrais libéraux.
    Il n'y a qu 'en France que l 'on entend cette rengaine lamentable, méprisable, devenue une véritable chanson de gestes, contre un libéralisme qui, comble du ridicule et de l ' escroquerie, est inexistant.
    Augmenter la Csg de 1, 7 points, c'est du libéralisme je suppose, ainsi que le montant de la taxe foncière, des frais de succession, de l 'isf ( ce dernier impôt est une catastrophe que le Fn aurait dû abandonner, mais non, il faut persister dans la connerie gauchiste) .

  • Tout a fait d'accord avec anonyme!
    Notre système politique est communiste avec cette différence que la France n'a pas exproprie les propriétaires et les paysans mais ramasse la monnaie après que les chefs d'entreprises et les agriculteurs se soient bien décarcassés
    Quand a aller voter pour des deputes qui ne sont que 10 quand une loi est votée a l'assemblée
    .......!
    Qu'ils aillent se faire f...e!

  • Je m'en tiendrai à un article précédent intitulé :
    "élections piège à crons !" ;o)

  • HS.
    A propos de Guaino dont j 'avais appelé à vous méfier..
    Celui-ci a qualifié " ses " électeurs, en fait les électeurs de Fillon à la primaire, de " petainistes ". Pourquoi ? Parce que ces électeurs amènent leurs enfants à la messe mais ont voté néanmoins pour un tricheur ( Fillon) , dit - il. Or ces électeurs ignoraient tout des supposées malversations de Fillon lors des primaires. Mais l 'important pour Guaino est de remettre sur le tapis " les heures les plus sombres ". Encore un arbre pourri, comme Chevenement qui a appelé à voter Macron. Que Philippot n 'ait jamais compris que Chevenement était un mondialiste qui jouait un rôle de " souverainiste,
    " est inconcevable.

  • Guy rouvrais dit des choses intéressantes, mais il se fourvoie quelque peu : certes, parmi ceux qui ont voté pour Macron, il y a les Bobos au revenu plus que confortable : il suffit de voir le score de Macron dans le Marais parisien ! Mais ils sont loin de constituer les 32% de son score ! Non, dans leur grande majorité les électeurs de Macron ne sont que des hypnotisés des merdiats et qui ont une peur bleue de prendre le bulletin de vote FN tant il leur brûle les doigts, d’autant que dans le débat avec Macron, Marine non seulement a été mauvaise, mais n’a parlé que de sujets mal compris par les électeurs et a ignoré les seuls deux vrais sujets : l’immigration et l’insécurité. Alors, comme le PS et le LR ne sont plus présentables, ils se sont jetés sur le troisième larron : ils ont cru que c’était un homme nouveau alors que ce n’est qu’un avatar de l’UMPS ! La diabolisation a marché à plein contrairement à l’espoir de Marine !

    Et, naturellement, j’approuve totalement les deux commentaires de anonyme !

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