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Affaire Grégory - Murielle Bolle a été mise en examen pour "enlèvement suivi de mort" et incarcérée

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Les enquêteurs sont certains que Murielle Bolle, âgée de 15 ans à l'époque des faits, a subi des pressions pour innocenter son beau-frère Bernard Laroche. Jeudi soir, elle a été mise en examen pour «enlèvement de mineur de 15 ans suivi de mort» et incarcérée.

Placée en garde à vue mercredi matin, Murielle Bolle, 48 ans, a été déférée jeudi à la mi-journée afin d'être présentée à la présidente de la chambre de l'instruction de Dijon. Mais ce témoin capital de l'affaire Grégory, pris de malaise à son arrivée dans la capitale bourguignonne, a dû être hospitalisé. Son audition n'a eu lieu qu'en soirée: elle s'est achevée par la mise en examen de Murielle Bolle pour «enlèvement de mineur de 15 ans suivi de mort». Elle a été incarcérée à titre conservatoire ; la chambre de l'instruction devra se prononcer sur la prolongation de cette mesure dans un délai de quatre jours.

Début novembre 1984, deux semaines après l'assassinat de Grégory Villemin, 4 ans, retrouvé noyé dans la Vologne le 16 octobre, Mlle Bolle, 15 ans, accuse son beau-frère, Bernard Laroche (mari de sa sœur Marie-Ange), d'avoir enlevé l'enfant. Ces déclarations entraînent l'inculpation de M. Laroche. Mais sa jeune belle-sœur se rétracte: certifiant avoir été victime de pressions de la part des gendarmes, elle affirme désormais qu'elle a menti. Remis en liberté en février 1985, M. Laroche, est assassiné le 29 mars suivant par le père de Grégory, Jean-Marie Villemin.

Depuis, Murielle Bolle a été entendue plusieurs fois comme simple témoin, que ce soit par le juge Simon, qui avait repris de zéro l'instruction calamiteuse de son jeune collègue Lambert, ou par la cour d'assises devant laquelle a comparu M. Villemin.

Forte d'un important travail d'analyse réalisé par la gendarmerie, remis fin mai, la justice envisage à présent qu'un complot familial ourdi par plusieurs personnes ait pu déboucher sur le meurtre du petit garçon. Son grand-oncle, Marcel Jacob, et l'épouse de ce dernier, Jacqueline, ont été mis en examen le 16 juin pour enlèvement et séquestration suivis de mort. Incarcérés pendant quatre jours, ils ont été remis en liberté sous contrôle judiciaire.

«Murielle Bolle a potentiellement participé à la préparation du crime»

Rapport de gendarmerie

Les gendarmes sont persuadés que Murielle Bolle disait vrai quand elle accusait son beau-frère, et que sa rétractation est le fruit de pressions, voire de brutalités, de son entourage familial proche. Le témoignage très récent d'un petit-cousin, qui aurait été témoin de ces violences qu'il aurait donc tues pendant trois décennies, les conforte dans cette idée. Dans leur synthèse de mai, ils rappellent que le 5 novembre 1984, jour de l'arrestation de M. Laroche, vers 19 h 45, une sorte de réunion de crise a eu lieu chez les parents Bolle: «J'ai appris par mon père que c'était la déclaration de Murielle qui avait été déterminante, relate une de ses sœurs, le 6 novembre 1984. Il m'a dit que Murielle était dans la voiture avec Bernard le soir des faits. Nous ne discutions pas devant Murielle (…) Lorsque cette dernière entrait, nous interrompions la conversation.» Dans la soirée, Murielle Bolle est en proie à une crise de nerfs: «Comme j'avais menti (en accusant Bernard Laroche), j'ai voulu me jeter sous le train», déclarera-t-elle aux gendarmes le 14 mai 1985.

Selon leurs recoupements, les gendarmes concluent que «Murielle est malmenée par sa sœur Marie-Ange», puis qu'elle «change de version et affirme que les gendarmes ont fait pression sur elle». Mais ils n'en démordent pas: les éléments du dossier «viennent renforcer l'hypothèse selon laquelle Murielle savait à l'avance que Bernard Laroche viendrait la récupérer à la sortie du collège (le jour du crime). Elle minimise sa participation, pourtant elle a vraisemblablement eu connaissance, même partielle, des intentions de son beau-frère. Elle a donc potentiellement participé à la préparation du crime».

Or, d'après nos informations, les enquêteurs n'ont pas posé à Marcel Jacob, pendant ses 48 heures de garde à vue, de questions précises sur le rôle qu'aurait pu jouer la très jeune fille le 16 octobre 1984. S'il est le rouage essentiel d'un crime collectif, M. Jacob serait pourtant bien placé pour révéler le nom de ses complices présumés. Encore faudrait-il qu'on les lui demande.

Marcel Jacob, défendu par Mes Laure Iogna-Prat et Stéphane Giuranna, nie farouchement toute implication et oppose même un alibi. Son épouse Jacqueline, assistée par Me Gary Lagardette, a fait usage de son droit au silence pendant toute sa garde à vue. Quant à Murielle Bolle, son avocat, Me Jean-Paul Teissonnière, qui dénonce une «enquête d'un niveau très faible», affirme qu'elle n'est pas revenue sur sa rétractation du 6 novembre 1984, et qu'elle dément avoir fait l'objet de violences dans sa famille.

Cet article est publié dans l'édition du Figaro du 30/06/2017. Accédez à sa version PDF en cliquant ici 

Commentaires

  • aussi clair ( cette "affaire" ) ..que les dessous de la politique en France notamment....GAUTHIER MICHEL . : PS : aussi que les religions...

  • Pourquoi Murielle Bolle s'est-elle bizarrement rétractée après son premier témoignage ? Quelles pressions a-t-elle subies ? De la part de qui ? Il est étonnant qu'on ne se soit pas focalisé sur ces questions il y a 42 ans !!! Toute la vérité se trouve dans ces questions pourtant élémentaires (mon cher Watson)

  • C’est n’importe quoi, cette nouvelle enquête ! Les enquêteurs et le procureur ne savent pas comment faire parler d’eux !

  • Après l'affaire Grégory il y a le tour de France; la facture c'est pour la rentrée ;o)

  • POUR BOLLE la coupe est pleine... GAUTHIER M

  • tragique affaire .
    que l,âme du petit Grégory ait trouvé la Paix.
    salutations.

Les commentaires sont fermés.