AUJOURD'HUI
L’enthousiasme, ça se vit, ça ne se décrète pas.
La lettre de Florian Philippot aux membres du groupe de travail « Thématiques de campagne », publiée dans Le Figaro le 18 juillet, a le mérite de clarifier le corpus idéologique du projet politique voulu par le vice-président du Front national. Il constitue également une justification des orientations qu’il a impulsées en matière de communication et de stratégie, domaines dont il a la charge au sein du mouvement, et qui ont contribué pour partie aux mauvais résultats des élections présidentielle et législative.
Alors qu’on serait en droit d’attendre une autocritique sur le fond, puisque les derniers scrutins ont été un échec, c’est une remise en cause de la forme qui est proposée, avec pour ligne directrice le maintien de la sortie de l’euro, doctrine qui ne peut souffrir aucune critique et qui, selon son concepteur, n’aurait pas pesé dans la défaite. Voire…
Puisqu’il est question de communication et de stratégie, posons quelques constats.
1) Alors que Marine Le Pen a commencé sa campagne avec des intentions de vote proches de 30 %, elle n’a cessé de perdre des points, semaine après semaine, pour passer sous la barre fatidique des 20 %, sans que ceux chargés de la stratégie et de la communication ne corrigent en temps voulu ce qui devait être corrigé pour mettre un terme à cette dégringolade.
2) Tandis que ceux qui ont fait une campagne de terrain, en marge des plateaux de télévision et autres « médias qui nous sont hostiles » (pour reprendre une formule consacrée), ont très clairement reçu comme message que la souveraineté monétaire n’est pas la priorité des électeurs, de sorte qu’ils ont été plus qu’agacés d’entendre cette antienne à longueur d’émissions : cette abstention sans précédent (et particulièrement parmi nos sympathisants) en a été la conséquence.
3) « L’autre aspect ravageur pour l’opinion publique est le sentiment de reniement, et de légèreté, que nous donnerions » [en abandonnant la sortie de l’euro], nous explique l’élu mosellan. Or, c’est le contraire qui s’est produit puisque nos électeurs nous ont reproché notre obstination sur cette thématique, le premier tour de la présidentielle ayant constitué à cet égard une sorte de référendum sur ce sujet rejeté massivement par les Français.
4) Nos électeurs nous attendaient en 2017 sur les questions d’immigration, de sécurité et de lutte contre l’islamisme car ce sont les préoccupations du moment : c’est factuel, c’est concret, ça n’appartient pas au passé mais à un présent brûlant.
5) La référence appuyée au rendez-vous manqué des régionales de 2015 pour démontrer que la question de la sortie de l’euro serait étrangère à cette contre-performance est inappropriée puisqu’en PACA, on sait que ce projet a fait fuir l’électorat senior inquiet pour ses retraites.
Mais, une fois de plus, la stratégie proposée par celui qui en a la charge ne changera pas le plomb en or électoral. De manière schématique, il nous est proposé de faire du Mélenchon sur les questions sociales et du libéral-libertaire sur les sujets sociétaux afin d’entrer dans la « modernité ». En d’autre termes, il est proposé de privilégier l’horizontalité matérialiste à la verticalité des principes, dans le but de récupérer davantage de parts de marché électoral, quitte à être dans le vent quand l’exigence de vérité appelle à être à contre-courant. L’exemple de l’IVG retenu par l’auteur est, à cet égard, symptomatique : un acte grave dépénalisé sous certaines conditions est présenté comme un droit libérateur qui ne peut être sujet à critique au risque d’être traité de réactionnaire. Pourtant, et en dehors de toute considération morale ou religieuse, 200.000 avortements par an est un constat d’échec en termes de santé publique et de politique familiale, et il est du devoir du politique de faire en sorte d’en diminuer le nombre dans le cadre d’un projet de société positif.
La politique ne peut se limiter au maniement de concepts désincarnés : c’est un engagement humain qui exige de faire montre d’empathie, avec pour seule boussole la recherche du bien commun. L’enthousiasme, ça se vit, ça ne se décrète pas.
BV
NdB: N'oublions non plus que le départ de Marion Maréchal-Le Pen n'a pas été fait pour rassurer les électeurs, qui mettaient en elle leur confiance, admirant son charisme, son intelligence et son intuition politique au sein du FN et face aux adversaires du parti.
Commentaires
Excellente analyse !
Le chantage que fait Philippot ne peut être toléré ("on ne change rien sur la sortie de l'euro, sinon je m'en vais…et je ne serai pas le seul"). Marine ne peut l'accepter, sa crédibilité en tant que chef est en jeu. Elle doit reprendre le contrôle de sa stratégie et ne pas la déléguer.
Marion est partie au mauvais moment, son poids sur la question identitaire aurait été précieux à Marine pour contrebalancer le pouvoir pris par Philippot. C'est vrai que son départ aura troublé bien des électeurs et sympathisants du "FN historique" qui n'ont rien compris aux discours confus et anxiogènes sur l'euro, et en aura poussé beaucoup vers l'abstention.
Les fondamentaux que sont l'immigration et l'islamisation doivent être affichés comme la priorité absolue, non négociable et la marque du FN ou du parti qui le remplacera. Faute de quoi, ce parti n'aurait plus aucune utilité. L'affaire est trop grave.
Maintenant Marine est au pied du mur : elle doit revenir aux fondamentaux du FN (et des patriotes), listés ci-dessous par ordre d’importance décroissante, à savoir:
- L’arrêt total de l’immigration et la mise en œuvre de la remigration, pour mettre fin au Grand Remplacement,
- Le rétablissement partout de la sécurité et de la loi (plus de zones de non-droit)
- La lutte véritable contre le véritable chômage,
- Le rétablissement de la justice fiscale qui matraque toujours les mêmes classes moyennes laborieuses pendant que les immigrés, à peine le pied mis en France, bénéficient de la SS gratuite, des transports gratuits, de logements gratuits, de toutes sortes d’allocations et même d’une retraite substantielle alors qu’ils n’ont jamais cotisé à quoi que ce soit,
- Le rétablissement de la maîtrise monétaire en récupérant notre or dont s’est emparé l’Allemagne et en recourant à la Banque de France pour emprunter (gratuitement, comme cela s’est toujours fait) et non à la banque européenne, l’euro n’étant qu’un élément accessoire de cette politique.
Le Front va certainement abandonner le projet pour la France de maîtriser sa monnaie. Dans quelque années la zone Euro va s'effondrer et l'on dira que Philippot avait raison mais il sera certainement trop tard car la base électorale sera partie chez Mélanchon. D'autre part ce que personne ne veut dire est que c'est Marine avec son débat catastrophique qui a perdu les élections. Elle ne se remettra jamais de cela. Elle a loupé le coche et la roue tourne. Elle ne sera jamais président de la République et il faut que le Front cherche un autre candidat crédible. En ce qui concerne le départ de Marion, on m'a toujours dit que l'on abandonne pas un navire dans la tempête. Son avenir est terminé en politique.
En complément, le réalisme des propositions de Nicolas BAY.
Puissent-elles être entendues !
http://www.fdesouche.com/872327-identite-et-attachement-aux-racines-la-contribution-de-nicolas-bay-pour-la-refondation-du-fn