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Éditorial : «Les dieux ont soif»

Par Etienne de Montety

Les envoyés du roi de Siam, en 1686, ne furent pas reçus à la cour de Louis XIV avec plus de faste. Suspense savamment entretenu, mise en scène des enjeux, bref, trompettes et tambours, la dramaturgie qui accompagne depuis plusieurs jours l'arrivée à Paris du footballeur Neymar Junior est celle qu'on réserve d'ordinaire à la visite d'un grand chef d'État. Vladimir Poutine a eu droit aux honneurs de Versailles, Donald Trump à un défilé militaire sur les Champs-Élysées. Au nom du sport, de ses pompes et de ses œuvres, le transfuge de Barcelone va être reçu sous les ovations d'un stade en liesse. Notre époque a fait des footballeurs des demi-dieux - instituant un culte en leur honneur et leur réservant les offrandes dues à leur rang.

Bien sûr le jeu à la brésilienne de Neymar, le joga bonito, est pour les amateurs une promesse de plaisir et de bonnes soirées en perspective. Pour les dirigeants du PSG, l'arrivée du prodige constitue un argument pour attirer au stade les passionnés, mais aussi pour vendre leur gamme de produits dérivés. Le petit prince est aussi une marque.

Mais les sommes engagées ont quelque chose de macroéconomique. C'est d'ailleurs un pays souverain, le Qatar, qui met la main à la poche pour permettre de contourner les règles en vigueur dans le football européen (au nom du «fair-play», il est interdit à un club de dépenser plus qu'il ne gagne). 222 millions pour s'acquitter de la clause compensatoire, 300 millions d'impôts récoltés par l'État, à l'évocation de ces chiffres autour de Neymar, on croirait entendre un ministre parler réforme économique. 30 millions pour son seul salaire net annuel: la planète foot a quitté l'orbite de la Terre et ses contingences: toute peine mérite rétribution, juste rétribution: ni misérable ni excessive.

Les dieux ont soif. Mais à ce point? La société du spectacle nécessite-t-elle vraiment autant d'argent pour le seul divertissement des hommes? Notre époque, qui aime à se nourrir de gigantisme, notion qui lui tient lieu de valeur - combien? -, devrait mieux s'interroger sur le sens profond de cet événement - pourquoi? et après? - afin de revenir, si elle le peut encore, à la mesure.

Commentaires

  • je n,ai jamais joué au ballon, je n,aime pas ce sport , je comprend parfaitement que des individus sont passionnés , comme d,autres pour le cinéma ou autre chose .
    30 millions pour faire hurler de joie des foules sidérées , dans une société ou un monde où il y a tant et tant de misère , c,est indécent , et ces joueurs de baballe adulés comme des dieux par des foules en liesse qui agitent le drapeau national ou se peinturlure la tête ou les cheveux , mais qui une fois le match fini s,en cogne de la patrie . . .c,est plus que triste . . . !!
    salutations.

  • Tout à fait de votre avis! C'est indécent. Je suis écoeurée. Quelle tristesse,quel dégoût!

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