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Éditorial : «L'inutile controverse»

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Par Yves Thréard

Faut-il, ou non, donner un statut au conjoint du chef de l'État? Dans la torpeur de l'été, à mi-chemin entre la politique et l'actualité dite «people», la polémique enfle. Non que Brigitte Macron défraie la chronique par des sorties intempestives. En dehors d'une apparition en simple jean sur le perron de l'Élysée pour accueillir la chanteuse Rihanna et de son nouveau titre de marraine du premier bébé panda né en France, elle est même moins présente dans les médias que pendant la campagne présidentielle. Excepté les tenants d'un strict protocole vestimentaire et les détracteurs des zoos, nul ne s'en plaint.

C'est, en fait, Emmanuel Macron lui-même qui avait allumé la mèche. Il avait promis, s'il était élu, de «sortir d'une hypocrisie française». Son épouse, disait-il, aurait un rôle public. Il lui paraissait donc souhaitable de définir un cadre à sa fonction «non rémunérée par le contribuable».

Alors que les emplois familiaux sont désormais interdits aux parlementaires, beaucoup voient aujourd'hui un insoutenable paradoxe dans cette promesse présidentielle. Depuis quinze jours, une pétition a recueilli 220.000 signatures pour s'y opposer. Assimilant ce statut à un privilège, les élus de La France insoumise sont vent debout.

Le chef de l'État respectera-t-il sa promesse? Des urgences d'un autre niveau l'attendent: lutte contre le chômage, les déficits, le terrorisme, l'insécurité… Et puis, qu'apporterait pareille réforme? Même au nom de la sacro-sainte transparence, elle ne changerait pas grand-chose: depuis Nicolas Sarkozy, les budgets de l'Élysée sont régulièrement examinés par la Cour des comptes. On sait ce que «coûte» la première dame, qui sera peut-être un jour un premier monsieur! Environ 450.000 euros par an. Somme que peuvent justifier des actions charitables ou humanitaires. Au président de la République d'en estimer l'opportunité plutôt que d'alimenter une inutile controverse. Car vouloir officialiser un rôle qui n'existe pas serait prendre le risque de lui conférer une consistance politique que personne n'approuverait.

Cet article est publié dans l'édition du Figaro du 08/08/2017. Accédez à sa version PDF en cliquant ici

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