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  • JOURNAL TVL DU 5 DECEMRE

  • Coup de théâtre : la justice américaine remet en vigueur le décret migratoire de Trump

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    Donald Trump le 4 décembre à Salt Lake City.

    Après une longue odyssée judiciaire, le décret anti-immigration cher au président américain a été validé par la Cour suprême.

    Par L'Obs

     

    C'est la plus controversée de toutes ses mesures : le décret anti-immigration de Donald Trump aura connu trois versions en dix mois, toutes successivement suspendues par des tribunaux, avant que la Cour suprême des Etats-Unis ne réautorise l'application de la dernière, lundi soir. Le président américain justifie le texte par des motifs de sécurité nationale. Ses détracteurs, et les juges ayant successivement bloqué son application, lui reprochent de cibler sans raison et de façon discriminatoire des dizaines de millions de musulmans.

    La troisième version du décret, signée le 24 septembre, interdit de façon permanente le franchissement des frontières américaines aux ressortissants de sept pays (Yémen, Syrie, Libye, Iran, Somalie, Corée du Nord et Tchad) et suspend l'entrée dans le pays de responsables gouvernementaux vénézuéliens.

    Mais la mesure avait été suspendue le 17 octobre, la veille de son entrée en vigueur, par un juge de Hawaï. Celui-ci estimait que le texte peinait à démontrer en quoi l'entrée de plus de 150 millions de ressortissants étrangers des pays visés "nuirait aux intérêts des Etats-Unis". Un juge du Maryland avait également bloqué la mesure.

    "Relation authentique"

    Le gouvernement, qui avait fait appel de ces décisions, avait obtenu une première victoire en novembre : une cour d'appel de San Francisco a autorisé son application partielle, en exemptant les "étrangers qui peuvent démontrer une relation authentique avec une personne ou une entité aux Etats-Unis". Les grands-parents, petits-enfants, beaux-frères, belles-sœurs, oncles et tantes, neveux, nièces et cousins étaient notamment concernés.

    Dans son jugement de lundi, la Cour suprême a autorisé la mise en application totale du décret, en attendant que la justice d'appel saisie se prononce. Deux audiences sont prévues cette semaine : mercredi pour la décision de Hawaï et vendredi pour celle du Maryland.

    La Maison-Blanche s'est félicitée de la décision de la plus haute instance judiciaire américaine. "Le décret est légal et essentiel pour la protection du pays", a assuré un porte-parole de l'exécutif, tandis que le ministre de la Justice Jeff Sessions saluait une "victoire importante pour la sécurité du peuple américain".

    Un porte-parole du ministère de la Sécurité intérieure a affirmé que "les restrictions de bon sens de l'administration aux voyages depuis des pays qui ne remplissent pas les critères de base en matière de sécurité et qui ne partagent pas des informations cruciales avec nous concernant des terroristes et des criminels sont destinées à défendre notre territoire et à protéger les Américains".

    "Préjugés anti-musulmans"

    En revanche, les organisations de défense des droits civiques et des réfugiés ont critiqué le jugement de la haute cour. "C'est malheureux que le décret puisse être désormais appliqué totalement", a regretté Omar Jadwat, un responsable de l'Union américaine pour les libertés civiles (Aclu), dénonçant les "préjugés anti-musulmans du président Trump (qui) ne sont pas un secret".

    L'Aclu, qui avait saisi le juge du Maryland avec d'autres organisations de défense des réfugiés, continuera "à se battre pour la liberté, l'égalité et pour tous ceux qui sont injustement séparés de leurs proches", a-t-il assuré.

    Le Conseil des relations américano-islamiques (Cair) a relevé que cette décision de la Cour suprême "ignore les très réelles conséquences humaines pour les citoyens américains et leurs familles à l'étranger imposées par le décret anti-musulmans 3.0 du président Trump", a indiqué Lena Masri, directrice juridique de l'organisation.

    Ce jugement "va empêcher de nombreuses personnes éligibles (à l'entrée aux Etats-Unis) de rejoindre leur famille, de reprendre leurs études ou de travailler", a affirmé Mariko Hirose, responsable de l'International Refugee Assistance Project (Irap). La décision aura "des conséquences dévastatrices pour ces personnes et toute la communauté musulmane", a-t-elle estimé.

  • Migrations : un économiste anglais démontre que l’immigration n’est pas une chance

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    17h27
     

    La sociologie, l’anthropologie et l’histoire ont apporté d’importantes avancées au débat sur l’immigration. Elles permettent notamment d’affirmer que l’hostilité à l’égard de l’immigration de masse ne peut être réduite à une protestation contre les pertes d’emplois, la baisse des salaires et les inégalités croissantes. (…)

    La théorie économique nous dit que l’immigration nette, comme le libre-échange, ne profite à la population autochtone qu’avec un certain retard. L’argument ici est que si l’on augmente la quantité de main-d’oeuvre, son prix (les salaires) baisse. Cela permet d’augmenter les bénéfices. L’augmentation des bénéfices conduit à davantage d’investissements, qui vont augmenter la demande de main-d’oeuvre, ce qui va renverser la première tendance à la baisse des salaires. L’immigration permet ainsi à une population plus nombreuse de jouir du même niveau de vie que la population moins nombreuse dans la situation précédente, d’où une nette amélioration du bien-être total.

    Une étude récente de l’économiste de l’université de Cambridge Robert Rowthorn a toutefois montré que cet argument comporte de nombreuses lacunes. Les prétendus effets temporaires en termes de travailleurs autochtones déplacés et de salaires plus bas peuvent durer cinq ou dix ans, alors que les effets bénéfiques supposent une absence de récession. Et même sans récession, s’il y a un afflux de migrants, plutôt qu’une augmentation exceptionnelle de la taille de la main-d’oeuvre, la demande de main-d’oeuvre peut constamment être en retard sur la croissance de l’offre. La « thèse selon laquelle les migrants occupent les emplois de travailleurs locaux et poussent leurs salaires vers le bas est peut-être exagérée, dit Rowthorn, mais elle n’est pas toujours fausse ».

    Un deuxième argument économique est que l’immigration va rajeunir la main-d’oeuvre et va stabiliser les finances publiques, parce que les jeunes travailleurs importés vont générer les impôts nécessaires pour financer un nombre croissant de retraités. La population britannique devrait dépasser les 70 millions d’habitants avant la fin de la prochaine décennie, soit une augmentation de 3,6 millions, ou 5,5 %, en raison de l’immigration nette et de l’excédent des naissances sur les décès parmi les nouveaux venus.

    Rowthorn rejette cet argument. « Pour maintenir une fois pour toutes une réduction du taux de dépendance, il faut un flux incessant de migrants. Une fois que l’afflux s’arrête, la structure des âges revient à sa trajectoire d’origine. »

    Ainsi, même avec des résultats optimaux comme l’évitement de la récession, les arguments économiques en faveur de l’immigration à grande échelle ne sont guère concluants. Ainsi le noeud de la question est vraiment son impact social.

    David Goodhart, ancien rédacteur en chef de la revue « Prospect », a plaidé en faveur de la restriction d’un point de vue social-démocrate. Il tient pour acquis que la plupart des gens préfèrent vivre avec leurs semblables et que les décideurs doivent prêter attention à cette préférence. Une attitude de laisser-faire quant à la composition de la population d’un pays est aussi intenable que l’indifférence quant à sa taille.  (…)

    Contrôles migratoires

    Pour Goodhart, l’origine de l’hostilité des libéraux à propos des contrôles migratoires est leur conception individualiste de la société. À défaut de comprendre l’attachement du peuple à des communautés sédentaires, ils taxent l’hostilité à l’égard de l’immigration de réaction irrationnelle ou raciste. (…)

    La force de la citoyenneté

    Il me semble que quiconque réfléchit à ces questions est forcé d’accepter avec Goodhart que la citoyenneté, pour la plupart des gens, est une chose dans laquelle ils sont nés. Si la composition d’une communauté se modifie trop rapidement, cela arrache les gens à leur propre histoire, en en faisant des déracinés. L’anxiété des libéraux de ne pas passer pour des racistes leur cache ces vérités. Une explosion de ce que l’on appelle actuellement le populisme est une conséquence inévitable.(…)