Près de 140.000 membres des forces de sécurité et de secours assureront la sécurité de la nuit de la Saint-Sylvestre.
Arrestation de deux personnes soupçonnées de projeter des attentats, forte mobilisation des forces de l'ordre pour la Saint-Sylvestre: les autorités restent sur le qui-vive face à une menace terroriste "durable" même si la France a été moins frappée en 2017. Comme lors de la Saint-Sylvestre 2016, épilogue d'une année endeuillée par les attentats meurtriers de Nice, Magnanville (Yvelines) et Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime), la France fêtera le passage à la nouvelle année sous haute surveillance.
140.000 personnes mobilisées
Sur l'ensemble du territoire, quelque 140 000 membres des forces de sécurité et de secours seront mobilisés, selon le ministère de l'Intérieur. Les efforts se concentrent en particulier sur la région parisienne, où les rassemblements sont traditionnellement les plus importants, comme autour de l'avenue des Champs-Elysées qui attendent environ 300.000 personnes.
"Le contexte terroriste demeure élevé", rappelle le préfet de police de Paris, Michel Delpuech.
La direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) a interpellé la semaine dernière un homme de 21 ans et une femme de 19 ans, sans lien apparent mais qui projetaient chacun de commettre un attentat. L'homme envisageait de s'attaquer à des militaires et la femme prévoyait de passer à l'acte en province, selon une source proche du dossier. Tout deux ont été placés en détention.
"Menace diffuse, endogène avec des individus qui sont susceptibles de passer à l'acte (...) avec des moyens rustiques mais néanmoins dangereux (...) Les deux arrestations récentes effectuées par la DGSI illustrent cette réalité", souligne Michel Delpuech.
"Nous sommes concentrés sur la menace intérieure. Surtout en cette période de fin d'année", abonde une source sécuritaire sous le couvert de l'anonymat.
Pour les enquêteurs antiterroristes, l'année 2017 a été surtout marquée par des vagues d'interpellations dans les milieux pro-djihad, par une série d'attentats avortés mais aussi par deux attaques mortelles: celles de l'assassinat d'un policier sur les Champs-Elysées en avril et de l'attaque au couteau de deux cousines à Marseille. Ces deux attaques ont été revendiquées par l'organisation djihadiste Etat islamique (EI). Dans le cas de Marseille, les enquêteurs n'ont à ce stade pas trouver d'élément reliant l'assaillant à l'EI.
Une "volonté de frapper"
"Le niveau de la menace, la volonté de frapper ne faiblit pas. Il y a des dizaines de menaces qui sont régulièrement postées" sur les réseaux sociaux, relève Jean-Charles Brisard, président du Centre d'analyse du terrorisme (CAT). La différence avec le bilan meurtrier de l'an passé (92 morts et des centaines de blessés)? "On a des projets qui n'arrivent pas à maturité. Cela démontre l'efficacité des services de renseignement. Aujourd'hui ils obtiennent beaucoup d'informations, de la zone (irako-syrienne, ndlr) elle-même parce qu'il y a des retours, des arrestations et grâce à des capacités techniques accrues", complète-t-il.
Après plus de deux ans d'état d'urgence, régime d'exception instauré dans la foulée des attentats du 13 novembre 2015 (130 morts), une nouvelle loi antiterroriste vilipendée par les défenseurs des libertés publiques a par ailleurs été adoptée en octobre.
Selon le décompte de la commission des lois chargée de son contrôle, cette loi a permis l'instauration de 33 périmètres de protection (dont de nombreux marchés de Noël) mis en place entre le 1er novembre et le 15 décembre, 24 mesures de contrôle administratif et de surveillance (les ex-assignations à résidence) et trois fermetures de lieux de culte.
Les défis restent malgré tout immenses: djihadistes qui quittent la zone irako-syrienne après les offensives militaires victorieuses sur le terrain contre l'EI mais aussi prochaines remises en liberté de djihadistes actuellement incarcérés en France et identification toujours plus fine de la menace "endogène". "La défaite de Daech (acronyme arabe de l'EI) ne signifie pas la fin de la menace terroriste, qui est durable", a rappelé le président Emmanuel Macron dans un entretien au quotidien espagnol "El Mundo" paru mercredi.
Depuis janvier 2015, la vague d'attentats sans précédent en France a fait 241 morts.