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Shoah : une loi polonaise provoque la colère d'Israël et de l'Ukraine

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Le Parlement polonais à Varsovie, le 12 décembre 2017. 

Cette loi vise à éviter qu'on utilise l'expression "camps de la mort polonais" à propos des camps installés par l'Allemagne d'Hitler.

Par L'Obs

 

Une loi destinée à défendre l'image de la Pologne, y compris par des peines de prison pour ceux qui parlent de "camps de la mort polonais", a suscité la colère d'Israël et de l'Ukraine, l'Etat hébreu allant jusqu'à accuser Varsovie de nier l'Holocauste.

Depuis son arrivée au pouvoir en octobre 2015, le parti conservateur nationaliste Droit et Justice (PiS) a mis en place une "politique historique" pour réveiller le patriotisme polonais. Elle cherche notamment à exalter les souvenirs d'actions d'éclat face aux Allemands nazis, au régime communiste, aux nationalistes ukrainiens ou à l'Armée rouge, ou encore de Polonais qui ont risqué leur vie pour sauver des juifs. Mais elle vise aussi à empêcher la diffusion de versions de l'Histoire que Varsovie juge injustes et blessantes.

Une loi concernant la Shoah fait monter la tension

La tension est montée avec l'adoption vendredi par la chambre basse du Parlement polonais d'une loi concernant la Shoah – l'extermination des juifs par les Allemands survenue en grande partie en Pologne occupée. Aux yeux des conservateurs au pouvoir en Pologne, l'objectif premier de ce texte est d'éviter qu'on n'attribue "à la nation ou à l'Etat polonais" des crimes commis par les nazis allemands, et notamment d'empêcher l'utilisation de l'expression "camps de la mort polonais" à propos des camps installés par l'Allemagne nazie. Six millions de Polonais, dont trois millions de juifs, ont été tués pendant la Seconde Guerre mondiale, selon les chercheurs polonais de l'Institut de la mémoire nationale (IPN).

Mais le gouvernement israélien a vu dans un passage de cette loi une tentative de nier la participation de certains Polonais à l'extermination des juifs, voire la possibilité de poursuivre en justice des survivants de la Shoah évoquant de tels cas.

"Nous ne tolérerons pas qu'on déforme la vérité et réécrive l'Histoire ou qu'on nie l'Holocauste", a lancé le Premier ministre Benjamin Netanyahou.

Le même jour, Kiev a dénoncé un autre volet de la loi. Celui-ci permet de poursuivre en justice ceux qui nient les crimes des nationalistes ukrainiens commis entre 1925 et 1950, y compris de ceux qui avaient collaboré avec les nazis. L'Ukraine "s'oppose catégoriquement à une nouvelle tentative d'imposer un traitement unilatéral d'événements historiques", a déclaré le ministère dans un communiqué, exprimant sa "grande inquiétude face à l'intention de présenter les Ukrainiens uniquement comme des 'nationalistes criminels' et 'collaborateurs du Troisième Reich'". 

"Nous ne changerons aucune disposition dans la loi"

Le président Andrzej Duda a cherché à surmonter cette crise en promettant d'examiner les passages de la loi dénoncés par Israël. Pour entrer en vigueur, la loi doit être votée par le Sénat – qui pourrait la modifier – et promulguée par le chef de l'Etat. Le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki s'est entretenu par téléphone dimanche soir avec Benjamin Netanyahou. Selon un communiqué du bureau de ce dernier, ils sont "tombés d'accord pour ouvrir immédiatement un dialogue" et "tenter de parvenir à une compréhension au sujet de la législation" polonaise.

En revanche, la porte-parole du parti au pouvoir, Beata Mazurek, a adopté un langage moins conciliant. "Nous ne changerons aucune disposition dans la loi [...] Nous en avons assez des accusations contre la Pologne et les Polonais pour les crimes allemands", a-t-elle écrit sur son compte Twitter.

 

Nie będziemy zmieniać żadnych przepisów w ustawie o IPN.Mamy dosyć oskarżania Polski i Polaków o niemieckie zbrodnie.

 

L'ambassadrice d'Israël à Varsovie Anna Azari, a déclaré dans un discours à l'occasion de la Journée de la mémoire de l'Holocauste, que son pays "veut corriger, avec la Pologne, les erreurs historiques et ne parler que de camps de la mort nazis".

"Il est triste de voir que la querelle qui a éclaté est en quelque sorte un triomphe de l'idéologie du nazisme", a-t-elle ajouté.

Le Congrès juif mondial a, de son côté, critiqué la loi polonaise, qualifiée d'"acte de brouillage historique et attaque contre la démocratie". La France, pour sa part, "rappelle son attachement à la mémoire de la Shoah, à sa préservation, à sa transmission et à son respect partout dans le monde", a indiqué une porte-parole du ministère des Affaires étrangères.

Commentaires

  • C'est un sujet sensible mais pas sans cibles ;o)

  • c,est logique , ce ne sont pas les Polonais qui ont ouvert ces camps , heureusement se trouve la république Française qui s,empresse de rappeler son attachement à la shoah , les heures les plus sombres . . . etc . .etc . . .!!
    salutations.

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