Après son débat raté à la présidentielle et les ennuis en cascade de son parti, Marine Le Pen semblait fragilisée. À six mois des élections européennes, et à quelques jours de la manifestation des Gilets jaunes, son parti a de nouveau le vent en poupe.
Son bureau, au premier étage d’une annexe de l’Assemblée nationale, a beau être exigu, le message imprimé sur la tasse posée à côté de son ordinateur est là pour rappeler l’essentiel : « Madame la présidente ».
Il y a un an, on disait Marine Le Pen au fond du trou. À jamais décrédibilisée après sa prestation ratée au débat de l’entre-deux-tours de la présidentielle. Cheffe d’un parti en lambeaux où les défections se sont enchaînées. On la retrouve aujourd’hui regonflée à bloc, portée par des sondages qui la placent en tête des élections européennes, en mai 2019.
Et ce, alors qu’elle ne s’est pas encore lancée dans la campagne : ni tête de liste, ni ralliements, ni programme, rien… « Il lui fallait manger son pain noir pendant quelques mois. Elle a été entamée par sa défaite de 2017, mais elle n’a jamais déposé les armes », s’étonne un élu du Rassemblement national.
Surfer sur la mobilisation contre le gouvernement
Elle-même n’en dit pas moins. « Le lendemain de l’élection présidentielle, j’étais déjà passée à autre chose. Je ne vis pas en regardant dans le rétroviseur », nous confie-t-elle avec aplomb. Avant de concéder : « Nous souhaitions gagner, nous avons perdu. Évidemment que ça a été un moment de grande déception, mais est-ce pour cela que le mouvement est décrédibilisé ? ».
Dix-huit mois après l’accession d’Emmanuel Macron à l’Élysée, les planètes semblent en tout cas à nouveau alignées pour la fille de Jean-Marie Le Pen. Le mouvement des Gilets jaunes, contre la hausse des prix du carburant, arrive pour elle à point nommé. La présidente du RN compte passer la seconde en surfant sur cette mobilisation contre le gouvernement.
Idéal pour installer le match, six mois avant les Européennes, où son discours populiste, anti-immigration, anti-UE et anti-système est promis à avoir le vent en poupe. D’autant qu’il se propage sur le vieux continent, de la Hongrie à l’Italie en passant par l’Autriche. A entendre Marine Le Pen, il n’y a d’ailleurs que deux forces qui ont aujourd’hui une ligne claire sur l’Europe : « En Marche ! et nous », compte-t-elle, reléguant notamment Les Républicains et les Insoumis au rang de simples figurants.
Une dynamique retrouvée… et toujours des nuages
Au Rassemblement national, on se frotte déjà les mains en vue du duel annoncé… installé d’ailleurs en miroir par le chef de l’Etat lui-même. « Merci monsieur Macron ! Continuez de dire que nous sommes la lèpre, continuez à nous traîner dans la boue. Cela ne fait que nous renforcer », provoque le sénateur RN Stéphane Ravier.
Reste quand même de nombreux nuages qui planent au-dessus du parti lepéniste. Les dossiers judiciaires, et particulièrement l’épineuse affaire des assistants présumés fictifs au Parlement européen, de lourds problèmes financiers…
Et que dire des doutes d’une partie de la base sur la capacité de Marine Le Pen à incarner le renouveau après deux échecs à la présidentielle. Sans parler de sa nièce - Marion Maréchal - pour l’heure en retrait de la politique, mais en tête dans le cœur des militants et même des sympathisants LR. Des obstacles qui ne l’empêchent pas de courir. C’est là tout le paradoxe Le Pen.
Commentaires
Macron a de nombreux atouts (judiciaires, etc...) contre Marine et il est loin de les avoir utilisés ! Méfions-nous des sondages, au FN ou RN on est bien placé pour le savoir! Il ne faut jamais vendre la peau de l'ours....