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aides américaines

  • TIBET: l'éditorial de Christain Bouchet

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    Le Dalaï-lama, 18 mars 2008

    Tibet : après le péril vert, le péril jaune

    Christian Bouchet

    J’ai toutes les raisons romantiques de me sentir solidaire du combat de libération nationale du peuple tibétain.

    Le Tibet… J’ai exploré ses confins, fréquenté ses exilés (rencontrant même le Dalaï-Lama à Dharamsala dans une audience presque privée – nous étions une petite dizaine – à la fin des années 1970), étudié sa religion. Le mythe de Shamballah m’a longtemps fait rêver plus que de raison… et, dix années durant, l’Himalaya a été la seule destination que je pouvais envisager pour mes vacances estivales.

    Et pourtant, je ne me sens nullement solidaire ni des émeutiers qui se sont déchaînés à Lhassa, ni de ceux qui relayent leur combat en Occident.

    L’expression « Dis-moi qui tu fréquentes je te dirais qui tu es » s’applique si bien en l’espèce qu’il ne faut pas être grand clerc pour comprendre qui est le commanditaire de toute cette agitation quand on voit les pantins et les laquais qu’elle mobilise : les Ménard, Glucksmann, Lévy et Cie qui n’ont pas dit un mot pour condamner les USA et réclamer le boycott des JO d’Atlanta et de Los Angeles au moment où l’Empire états-unien semaient la mort de masse en Irak, au Panama ou en Yougoslavie, qui n’ont pas eu un mot non plus contre cette grande « démocratie » qui torture officiellement à Guantanamo et qui a le plus fort taux au monde, très loin devant la Chine, pour le nombre de citoyens emprisonnés par rapport à la population globale ; les Romain Marie toujours à la remorque dans tous les mauvais combats ; l'atlanto-sioniste Vaclav Havel, le ministre des Affaires Etrangères Bernard Kouchner et Elie Wiesel, par ailleurs membre du "Comité du danger présent" de Norman Podhoretz, et partisan de frappes préventives contre l’Iran.

    En 1998, le journaliste Jim Mann écrivit dans le journal australien The Age un article qui s’appuyait sur des documents des autorités américaines. Il y était entre autres révélé que, dans les années 1960, la CIA offrait 1,7 millions de dollars par an au mouvement tibétain à l’étranger. Le dalaï-lama lui-même recevait 180.000 dollars par an de la CIA.

    Depuis, certaines des activités de la CIA ont été transférées à un nouvel organisme : le National Endowment for Democracy (NED, Dotation nationale en faveur de la démocratie). Une grande partie du soutien financier au mouvement tibétain émane désormais de cette source.

    L’argent arrose entre autres l’International Campaign for Tibet (ICT). A son conseil d’administration siègent l’agent de la CIA et président tchèque Vaclav Havel et l’ancien président de la Lituanie Vytautas Landsbergis. Les deux hommes sont également membres du Comité international pour la démocratie à Cuba.

    Un autre bénéficiaire de l’aide financière américaine est le Tibet Fund (Fonds Tibet). En 2001, Sharon Bush en était la directrice : elle n’est autre que la belle-sœur de l’actuel président des États-Unis.

    L’argent du NED finance encore le Tibet Information Network (Réseau d’information sur le Tibet), dont le siège est situé à Londres. De même, la Tibetan Literary Society (Société littéraire tibétaine) palpe les deniers du NED. Le Tibet Multimedia Center figure lui aussi sur les feuilles de paie du NED. La Tibetan Review Trust Society quant à lui reçoit de l’argent du NED pour la publication du mensuel Tibetan Review. Depuis 1996, l’émetteur de radio Voice of Tibet est financé par le NED pour ses émissions en tibétain et en chinois. Dans le rapport du NED pour 2006, on peut lire que cinq organisations tibétaines reçoivent de l’argent pour un total de 173.000 dollars. La liste n’était pas complète en raison du « caractère confidentiel » de certaines donations.

    Le NED n’est pas le seul bailleur de fonds du mouvement tibétain. De l’argent américain arrose également le dalaï-lama et son entourage via le Bureau of Democracy, Human Rights and Labor (DRL – Bureau de la démocratie, des droits de l’homme et du travail) du ministère des Affaires étrangères. Ce DRL reçoit de l’État de l’argent qu’il peut utiliser afin de favoriser la « démocratie et les droits de l’homme » partout dans le monde. Un quart de tout cette manne va à des organisations qui s’intéressent à la « démocratie et aux droits de l’homme » en Chine. Il s’agit en grande partie d’organisations tibétaines.

    Comment donc se sentir solidaire d’un combat qui a de tels soutiens ?

    Comment se sentir solidaire d’un Dalaï-Lama qui, en octobre dernier, recevait du parlement américain sa Médaille d’Or, la plus haute distinction qu’il puisse décerner. Le « pape » des Tibétains avait alors remercié ses hôtes d’un discours, louant Bush pour ses efforts dans le monde entier en faveur de la liberté, de la démocratie et des droits de l’homme et qualifiant les États-Unis de « champions de la démocratie et de la liberté ». Un peu plus tôt, il avait déjà qualifié la guerre en Afghanistan de « libération ».

    Il est clair pour nous que les événements du Tibet s’intègrent dans la stratégie des « révolutions oranges », ils servent les intérêts du Département d’État et ils entrent dans la stratégie géopolitique de l’Empire qui craint plus que tout la montée en puissance de la Chine. Rien de plus. Tout le reste est habillage et manipulation des opinions.
    Editorial de Christian Bouchet - 29 mars 2008  (Voxnr)