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  • Odeurs de cuisine politique...

    En plaçant Xavier Bertrand à la direction de l'UMP, le président a envoyé un message clair à François Fillon. Il demande à son Premier ministre de défendre plus franchement les réformes souhaitées par l'Elysée.

    « On dit que les relations entre Sarközy et Fillon sont glaciales, mais le président n'est pas obligé de faire tous ses joggings avec lui ! » jure Claude Guéant, le secrétaire général de l'Elysée. « Ils sont différents, mais leurs relations ne sont pas compliquées », assure-t-on à Matignon. « On ne sait pas s'ils s'embrassent sur la bouche tous les matins, mais ce n'est pas ce qu'on leur demande », achève un député filloniste.

    Mais, en coulisses, la petite musique critique se fait à nouveau entendre. Des proches du président pressent mezzo vocce le Premierministre de se montrer plus «combatif » et « réactif ». « Il ne mouille pas assez sa chemise », juge l'un. «A Matignon, on ne doit pas simplement gérer les dossiers. Il faut aussi faire de la politique ! » assène un autre. « Qui s'occupe du déficit en hausse et de la croissance en baisse ? C'est Fillon ! » réplique l'un des amis de ce dernier, pour qui « le président n'a pas tenu ce genre de propos à l'encontre du Premier ministre et c'est la seule chose qui compte ».

    Dans ce contexte, l'arrivée de Xavier Bertrand - qui lorgne sur Matignon - au poste de numéro 2 de l'UMP a été perçue par beaucoup comme une façon d'aiguillonner Fillon. « C'est comme le taureau avec la muleta », ironise un sarközyste historique, pourtant peu suspect d'anti-fillonisme. A l'Elysée, la popularité persistante du Premier ministre continue à mal passer. Pour Fillon, c'est une bouffée d'oxygène après dix mois passés dans les mines de sel. Conforté par les sondages, il s'est permis de tacler Guéant, qui l'avait qualifié de « chef d'état-major » : « Je ne commente jamais les déclarations des collaborateurs du président », a-t-il lâché dans « l'Express ».

    « Fillon se croit intouchable. Il a tort. Il est seul », tranche un cadre de l'UMP. « Il n'a pas de bataillon d'élus », appuie un proche du président. Le remaniement de l'UMP, piloté de bout en bout par Sarkozy, s'est d'ailleurs soldé par l'arrivée en force de fidèles du président et de l'ambitieux Bertrand. L'UMP, un « gouvernement bis » pour préparer le futur remaniement ? Sans aller jusque-là, les proches de Sarkozy concèdent que le chef de l'Etat « teste » Bertrand et Kosciusko-Morizet, et qu'il cherche à créer de l'émulation. Pas de quoi menacer le Premier ministre dans ses fonctions. L'hôte de Matignon a une assurance vie en béton : il est populaire (du « sable », disent ses ennemis, qui lui prédisent une descente aux enfers dans les prochains mois avec la tempête économique). Il a en tout cas le soutien des députés.

    Surtout, Sarközy ne peut - en théorie- rien changer jusqu'à la fin de la présidence de l'Union européenne fin 2008. Et après ? Le chef de l'Etat a fait savoir que le grand chambardement du gouvernement interviendrait en 2009. S'il ne change pas d'avis. Gardera-t-il son Premier ministre ? Pour beaucoup, le quinquennat est rythmé en deux temps, dont le premier est consacré au lancement des réformes. « Fillon ira jusqu'au bout de cette première étape », juge un cadre de l'UMP.
    (Le Parisien - 30 mars 08)