LE FIGARO. - Pourquoi ce choix de Jeff Koons ?
Jean-Jacques AILLAGON. - Tant qu'à inviter un artiste à Versailles, il fallait viser un artiste d'une notoriété absolue. Jeff Koons est l'un des plus célèbres et Versailles, l'un des monuments les plus célèbres du monde. Outre cette adéquation de notoriété, Jeff Koons est un artiste cultivé. Quand «le plus baroque des artistes néopop» regarde Versailles, il comprend Versailles. Il ne ferme pas les yeux.
Ce que Versailles apporte à Jeff Koons est évident. Qu'apporte-t-il à Versailles ?
Versailles lui apporte une grande joie. Il est très fier d'être le premier artiste contemporain accueilli par Versailles. Ce qu'il apporte à Versailles, c'est son regard, son intelligence du lieu et cette capacité à nous inviter à regarder Versailles, à éviter que Versailles échappe à la banalité née de l'habitude. On se rend compte de la formidable justesse de l'exercice. Balloon Flower 3 (Olive), dans la Cour royale, est une œuvre en acier qui réfléchit le décor, démultiplie l'image du château, crée une relation dynamique entre le bâtiment, le décor, les gens, les visiteurs et l'œuvre. Moon (Light Blue) dans la galerie des Glaces, c'est un mariage puissant. Malgré l'été pourri et donc pauvre en fleurs, Split Rocker éclaire le parterre de l'Orangerie. Hanging Heart (Red/Gold) trône dans l'Escalier de la reine. François Pinault a souhaité le voir aussitôt accroché.
Jeff Koons est né en 1955 aux E.U. Il a épousé en 1991 la star du porno italienne (puis eurodéputé), La Cicciolina, née en Hongrie. Jean-Jacques Aillagon a été ministre de la Culture de 2002 à 2004.
Cette expo incongrue pour tourner en dérision Versailles, symbole de la Monarchie française?