Plusieurs milliers de personnes -4.000 selon la police- notamment des étudiants et expatriés chinois en France, se sont réunis samedi place de la République à Paris pour soutenir les Jeux olympiques de Pékin et contester leur couverture par les médias occidentaux. Une banderole avec des photos de la sportive chinoise handicapée ayant porté la flamme olympique à Paris a été déployée alors que les manifestants scandaient «Beijing JO» ou «allez Pékin».
Nombre d'entre eux avaient revêtu des tee-shirts avec sur le devant, les inscriptions «One China, One family» et dans le dos, «Faisons des JO un pont, pas un mur».
Mais la majorité des pancartes affichaient des slogans hostiles aux médias occidentaux. «Contre les injustices de la presse», «les médias dominants vous manipulent» ou encore «la liberté de la presse, ce n'est pas mentir», pouvait-on lire. «Nous manifestons contre la désinformation des médias français et occidentaux, pour promouvoir les Jeux olympiques et pour construire un pont entre les peuples français et chinois et non un mur comme le font les médias», a déclaré à l'AFP Thierry Liu, un des porte-parole de la manifestation.
Venus de Lyon, Clermont-Ferrand, Grenoble ou encore Lille, les manifestants, pour la plupart des étudiants, avaient été contactés quelques jours plus tôt par SMS et par internet par les organisateurs, qui se présentent comme des membres de la communauté chinoise à Paris. Les manifestants ont distribué aux passants des plaquettes destinées à faire «connaître la vraie Chine, celle que les médias ne vous présentent pas», en dénonçant «les fausses informations données par beaucoup de médias occidentaux sur la Chine». «Nous avons été choqués par l'attitude des médias français lors du passage de la flamme olympique à Paris. Ils n'ont montré que les perturbateurs et pas les Chinois venus soutenir les Jeux olympiques», a expliqué Marie Pan, ingénieur de 48 ans vivant en France depuis 1982.
Yuntao, étudiant en sciences de 24 ans, venu avant tout soutenir les JO de Pékin, est aussi «en colère contre les médias occidentaux qui déforment les informations». Au milieu des nombreux drapeaux chinois flottant place de la République, quelques manifestants portaient également un drapeau bleu-blanc-rouge pour rappeler «l'amitié franco-chinoise». «On peut critiquer les droits de l'Homme en Chine mais il ne faut pas tout mélanger. Les droits de l'Homme, l'indépendance du Tibet et les Jeux olympiques, ce n'est pas la même chose. Là, c'est le peuple qui est mécontent», a déclaré Xiaou, interprète de 40 ans vivant en France.
Plusieurs Français étaient également venus apporter leur soutien aux manifestants. «Ce qu'on a dit sur le Tibet, les droits de l'Homme, est insultant et complètement faux», a estimé Joseph, 60 ans, qui «va souvent en Chine» et qui est venu avant tout parce qu'il «défend le droit à la vérité et pas à la pensée unique». Selon une manifestante de 40 ans qui a refusé de donner son nom, «c'est le jour J pour la communauté chinoise partout dans le monde». «Partout, à l'appel d'étudiants chinois, des manifestations sont organisées simultanément», dans d'autres villes européennes, ainsi qu'aux Etats-Unis, a-t-elle affirmé à l'AFP.
Après quatre heures de rassemblement durant lesquelles les prises de parole ont succédé aux chants en «honneur de la Chine», les manifestants se sont dispersés dans le calme et sans incident. Un important dispositif policier avait été déployé en toute discrétion autour de la place de la République.