La nomination de l'ancien conseiller de l'Élysée à la tête de l'Académie de France à Rome n'enthousiasme pas la ministre de la Culture.
«C'est une décision du président de la République, je suis convaincu qu'il l'a prise pour de très bonnes raisons». On aurait pu imaginer un soutien plus affirmé de la part de la ministre de la Culture et de la Communication, Christine Albanel, à la décision de Nicolas Sarkozy de nommer son ancien conseiller élyséen, Georges-Marc Benamou, à la tête de la prestigieuse Villa Médicis à Rome. Le conseiller présidentiel a longtemps été en froid avec la ministre. Cette dernière l'a d'ailleurs reconnu mardi matin au micro de RTL : «Chacun sait que je me suis moyennement entendu à une époque avec Georges-Marc Benamou ; mais ça n'était plus le cas et on travaillait très correctement ensemble.»
Devant l'insistance du journaliste lui demandant si c'était ou non sa décision, la ministre s'est contentée de répéter : «C'est une décision du président de la République que je vais naturellement mettre en œuvre. Je n'ai pas à la commenter». Pourtant, selon le ministère de la Culture (voir le décret), le directeur de l'Académie de France à Rome est traditionnellement nommé sur proposition du ministre de la Culture. Le décret est signé par le ministre de la rue de Valois, le premier ministre et parfois par le président de la République. «En général, c'est le ministre de la Culture qui propose le futur directeur, mais à la fois Matignon, l'Élysée et la rue de Valois peuvent faire une proposition», explique-t-on au ministère.
«Ce serait abaisser le niveau de la culture»
Christine Albanel s'est en revanche montrée plus virulente quant à la déclaration jugée «très violente» de l'actrice française Clotilde Courau dans Le Parisien-Aujourd'hui en France. Dans les colonnes du quotidien, celle-ci affirme, à propos de la nomination de Benamou à la Villa Médicis : «Ce serait déshonorant pour nos cousins italiens et pour l'Académie de France à Rome qu'une telle décision soit prise. Voilà un homme qui a eu la maladresse d'annoncer que dès qu'il serait nommé à ce poste très important pour les créateurs, il en profiterait pour se consacrer à l'écriture de son prochain livre. Ce serait abaisser le niveau de la culture. Une erreur.»
Des propos dans la droite ligne du texte de protestation qu'elle a co-signé, avec plusieurs dizaines de représentants du monde culturel dans Le Monde daté de samedi. Un texte intitulé «La Villa Médicis, victime du fait du prince» dans lequel ils regrettent un «parachutage», en forme de «lot de consolation» pour l'ancien conseiller. «Ce n'est pas un tsunami», a commenté mardi Christine Albanel a propos de ce texte. Lancé par les écrivains Marie-Ange Munoz et Bernard Comment, il a déjà recueilli une quarantaine de signatures de comédiens, artistes plasticiens, écrivains, metteurs en scène, cinéastes, compositeurs, dont certains sont d'anciens pensionnaires de la Villa Médicis. Benamou «a le droit de se porter candidat mais il serait bon de connaître son projet», estime Marie-Ange Munoz.
Le directeur de l'organisme public Cultures France, Olivier Poivre d'Arvor, qui espérait obtenir le poste, a aussi protesté contre la nomination annoncée de Georges-Marc Benamou. Ce dernier lui aurait en effet promis le poste dès décembre dernier, il a adressé une lettre ouverte de protestation à Nicolas Sarközy. La Villa Médicis, qui abrite l'Académie de France à Rome, est actuellement dirigée par Richard Peduzzi, dont le mandat vient à échéance dans quelques mois.