AFP. L'armée israélienne a mis fin lundi matin à une opération dans la bande de Gaza qui a fait des dizaines de morts en deux jours, provoqué d'importants dégâts et porté un coup au fragile processus de paix avec les Palestiniens.
Mais le Premier ministre israélien Ehud Olmert a affirmé que l'armée continuerait ses attaques contre le mouvement islamiste Hamas qui a pris le contrôle du territoire en juin.
Baptisée "Hiver Chaud", l'incursion avait pour but de réduire au maximum les tirs de roquettes depuis Gaza contre Israël, qui se sont étendues à la ville d'Ashkelon. "Nous sommes toujours au coeur de la bataille et il ne s'agit pas d'une frappe ponctuelle", a déclaré M. Olmert devant la commission des Affaires étrangères et de la Défense du parlement.
"Le Hamas doit encore s'attendre à subir ce que nous allons faire et avec quelle ampleur", a insisté le Premier ministre.
Selon M. Olmert, un tel résultat ne pourra être atteint que par une campagne "systématique mettant en oeuvre une gamme élargie de moyens" sur le terrain.
Le Hamas de son côté a salué le retrait des troupes israéliennes du nord du territoire comme une victoire de ses combattants.
"Ce retrait est l'expression de l'échec des soldats israéliens face aux combattants d'Ezzedine Al-Qassam (la branche armée du Hamas) et le début de l'échec de la campagne terrestre sioniste", a déclaré le porte-parole du Hamas Sami Abou Zouhri.
Affirmant que les menaces israéliennes "ne nous font pas peur", il a averti Israël qu'il commettrait "une stupidité" s'il venait à prendre pour cible les chefs du Hamas.
Les blindés israéliens avaient totalement évacué lundi le camp de réfugiés de Jabaliya, un haut-lieu de l'Intifada, où une trentaine de maisons ont été détruites, a constaté un correspondant de l'AFP.
Les chars se sont redéployés au voisinage immédiat de la frontière avec Israël ou du côté israélien.
Pour stopper ou du moins réduire les tirs de roquettes, l'armée israélienne avait poursuivi dimanche et dans la nuit une offensive meurtrière lancée la veille qui s'est soldée par la mort de plus de 70 Palestiniens, dont des femmes et des enfants. Deux soldats ont été tués.
Si l'on compte les morts depuis mercredi, où un Israélien a été tué par une roquette, plus d'une centaine de Palestiniens ont péri.
En termes diplomatiques, l'opération s'est soldée par des critiques dans le monde contre Israël pour un usage jugé disproportionné de la force et de lourdes pertes dans la population civile de Gaza, même si les tirs de roquettes palestiniennes ont également été condamnés.
Surtout, elle a entraîné une suspension par l'Autorité palestinienne de toutes négociations de paix avec Israël, à quelques jours d'une nouvelle tournée dans la région de la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice destinée à relancer le processus initié à Annapolis en novembre.
Un porte-parole militaire israélien a affirmé que l'opération avait pour objectif "de frapper les infrastructures des groupes terroristes qui tirent des roquettes contre les agglomérations israéliennes".
Il a fait état de la destruction par les forces terrestres et aériennes d'un certain nombre d'ateliers de fabrication de roquettes et de la prise d'importantes quantités d'armes.
L'armée israélienne a indiqué avoir arrêté en outre plus de cinquante suspects palestiniens.
Le Hamas a annoncé la mort de 37 de ses combattants dans l'offensive, et celle d'une dizaine d'autres activistes. .
En Cisjordanie, un adolescent palestinien a été tué lundi par des tirs d'un colon israélien près d'une colonie juive dans la région de Ramallah, dans le nord de la Cisjordanie.