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gangs organisés

  • Une puissantes mafia des mers

    Les pirates somaliens, dont certains ont pris d'assaut vendredi un voilier de luxe français, opèrent en redoutables gangs bien organisés et armés, à partir de côtes et de ports que personne ne contrôle, soulignent des experts.

    Au cours des années, à la faveur de l'anarchie qui règne en Somalie depuis plus de vingt ans, de puissantes bandes se sont constituées, souvent à partir de familles de pêcheurs, qui représentent désormais un péril majeur pour la navigation dans la région.

    «C'est une puissante mafia des mers», estime le Français Olivier Hallaoui, de la société française de sécurité maritime Secopex.

    «Ce sont le plus souvent des pêcheurs reconvertis au grand banditisme, des clans, des milices locales qui se sont aperçus que c'était un business très rentable, à cause des rançons versées presque à tous les coups par les armateurs des navires détournés. Ils se sont marinisés».

    «Ils ont des GPS, des moyens modernes de communication et des armes lourdes. Et surtout, ils tirent sans sommations», ajoute-t-il. Avec la multiplication des actes de piratage au large de la Somalie, le Bureau international maritime, qui gère le centre anti-piraterie basé à Kuala Lumpur, recommande depuis plusieurs années de ne pas croiser à moins de 200 milles nautiques (plus de 370 km) des côtes.

    Mais les gangs de pirates modernes ont trouvé la parade: ils opèrent au large, a expliqué à l'AFP l'américain Michael Wall. Cet ancien officier de l'US Navy est aujourd'hui l'un des dirigeants de la société privée de sécurité maritime Tactical Solutions Partners, basée à Glen Burnie dans le Maryland.

    «Souvent, ils sont à bord d'un cargo-mère, très loin des côtes, avec à bord de nombreuses barques plus petites. Ils se font passer pour des pêcheurs et attendent leurs proies». Les équipes d'abordage sont en général d'une quinzaine d'hommes, armés de Kalachnikovs et de lance-roquettes, mais «ils peuvent se grouper et opérer à plus de cents», ajoute M. Wall.

    Alors que traditionnellement, les pirates se contentaient de monter à bord et de voler l'argent et les valeurs de l'équipage, les bandes somaliennes se sont aperçues qu'elles pouvaient gagner beaucoup plus d'argent en rançonnant les armateurs et les propriétaires.

    «Ils ont des ports, des zones de mouillage contrôlées par des bandes armées où ils savent que personne n'ira jamais les déranger», ajoute Olivier Hallaoui. «Ils y planquent leurs captures et lancent les négociations». Le 1er février, un remorqueur danois commandé par un officier britannique, en route pour l'extrême-orient russe, a ainsi été capturé dans ce secteur. Il a été gardé pendant 47 jours, jusqu'à sa libération près du village de Eyl, dans la région semi-autonome du Puntland.

    Selon le ministre des Ports et de la Pêche du Puntland, Ahmed Said Awnur, une rançon de 700.000 dollars avait été versée. Face à ce danger, la première parade «est d'éviter de passer par là, si on le peut», ajoute M. Hallaoui. «Nous avons récemment envoyé à bord d'un vaisseau français deux personnes, des fusiliers marins bien expérimentés, qui ont accompagné le navire pendant tout son périple dans la zone dangereuse».