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gouvernement sarközy

  • Lamentable et vulgaire...

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    Jean-François Copé

    Au lendemain du rejet du texte sur les OGM, la majorité, qui tente de se remettre de ce gros cafouillage, serre les rangs derrière Copé, accusé par l'Elysée de ne pas tenir la barre. Et se prépare à un nouveau vote. L'opposition dénonce « un coup de force ».

    Au lendemain du camouflet infligé par l'opposition à la majorité sur les OGM, les langues se sont déliées hier à l'Assemblée. Tandis qu'à l'Elysée on jure que l'incident est clos. Récit d'une journée post traumatique.



    Mardi soir, la chasse à l'homme. Le premier réflexe de l'Elysée est de chercher « le » coupable du cinglant revers infligé par la gauche. Il est tout trouvé : Jean-François Copé, l'ambitieux patron du groupe UMP à l'Assemblée, n'aurait pas su mobiliser ses troupes. Incident révélateur : salle des pas perdus, après le rejet du texte, Roger Karoutchi, secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement, proche de Sarközy, lance à un collaborateur de Copé : « On va tous vous trancher la gorge ! »

    Hier matin, à l'Assemblée, tous derrière Copé. Les députés UMP sont nettement plus nombreux à 9 h 30 en réunion de crise salle Colbert qu'ils ne l'étaient la veille au soir dans l'hémicycle ! Et très remontés. Le soutien à Copé est unanime. « Il nous a dit que ce qui venait de se passer était dramatique pour la majorité, et qu'il fallait resserrer les boulons », rapporte un participant. L'ancien ministre Pierre Méhaignerie regrette que de nombreux députés UMP « ne mettent jamais les pieds à l'Assemblée ». Claude Goasguen (Paris) est vivement applaudi lorsqu'il dénonce « quelques connards qui parlent trop de l'autre côté de la Seine », faisant allusion aux flèches anti-Copé des conseillers de Sarközy. Dans les couloirs, on n'en finit pas de refaire le match. Pour Bernard Debré, l'incident de la veille est « révélateur des difficultés que nous avons avec le gouvernement : quand on écrit une lettre à un ministre, on ne nous répond pas, on ne nous reçoit jamais, et quand on signale un problème, on nous répond d'aller nous faire voir. On est traités comme des moins que rien ! » Un autre parlementaire observe que les ministres concernés, Jean-Louis Borloo et Nathalie Kosciusko-Morizet, n'ont « pas fait leur travail. Certains de mes collègues ne savent même pas ce qu'est un OGM ! » La discrétion du président de l'Assemblée, Bernard Accoyer, est soulignée. Benoist Apparu (Marne) suggère des « sanctions financières » pour les députés absentéistes.

    A l'Elysée, Nicolas Sarközy tacle Jean-François Copé. Devant ses ministres réunis en conseil, le chef de l'Etat se moque des socialistes qui lui réclament une audience : « Bientôt, ils vont me demander de venir devant le Parlement ! » Il se fait grinçant sur Copé, candidat quasi déclaré à sa succession : « Quand on a de grandes ambitions dans la vie, il faut commencer par faire le job là où on est. On ne peut pas sauter 2,40 m avant d'avoir sauté 1,80 m. » Pour autant, il n'y aura pas de sanction contre le patron des députés UMP, tout juste une petite réorganisation du groupe. Pas question de rajouter de la crise à la crise. Pour le président de la République, « l'incident » est clos. Dans son entourage, on veut même croire que cet « aléa » aura pour effet de « souder » la majorité. Pas si sûr...

    Sortie de route sur les institutions. En commission des Affaires étrangères, hier matin, le projet de loi de réforme des institutions est rejeté par quatre voix (dont trois UMP !) contre trois. « On ne peut pas vouloir la revalorisation du Parlement et s'affoler lorsque ça remue un peu », commente, hilare, Jacques Myard (Yvelines), très fier d'avoir voté contre la réforme proposée par Nicolas Sarkozy. La commission des Lois de l'Assemblée nationale a elle adopté le projet de loi sur la réforme des institutions, sans les voix du PS, qui a voté contre.

    Standing ovation pour Copé dans l'hémicycle. Alors que le maire de Meaux s'apprête à interpeller François Fillon, lors de la séance des questions au gouvernement, ses collègues se lèvent quasiment tous et l'applaudissent longuement. « Le groupe UMP est totalement mobilisé » derrière le gouvernement, promet Copé, résolument optimiste. « Mesdames et Messieurs les députés, je veux vous remercier de votre soutien », répond le Premier ministre, provoquant l'hilarité de la gauche.

    Et après ? Le coup de Trafalgar sur les OGM intervient à une semaine du débat à l'Assemblée sur les institutions et avant toute une cohorte de réformes explosives (hôpital, armée, grandes surfaces, RSA...). Entre l'Elysée et sa majorité, l'ambiance est délétère et les piques de Sarközy contre Chirac n'ont rien arrangé. « Les parlementaires UMP ont d'abord été reconnaissants envers Sarközy de les avoir fait réélire il y a un an, analyse le politologue Dominique Reynié. Mais il y a eu un tournant avec les municipales : aujourd'hui ils reprennent les choses en main. »

    C'est "ça" qui nous gouverne?