Des militants de l'association Reporters sans Frontières (RSF) ont réussi à perturber lundi la cérémonie d'allumage de la flamme des jeux Olympiques de Pékin, malgré un important dispositif policier déployé à Olympie, dans le sud de la Grèce.
L'un d'eux a eu le temps de déployer une banderole sur laquelle était inscrit "Boycottez le pays qui piétine les droits de l'Homme". Un autre a crié de derrière la tribune officielle "liberté, liberté".
Ils ont été aussitôt interpellés.
"Nous continuerons des actions comme ça jusqu'au 8 août", date de l'ouverture des jeux de Pékin, a promis Robert Ménard, joint au téléphone par l'AFP dans les locaux de police de Pyrgos, à 80 km d'Olympie.
"Ce que l'on veut, c'est que les chefs d'Etats étrangers boycottent la cérémonie d'ouverture des jeux. Nous n'avons rien contre les JO, rien contre les athlètes. Nous alertons les Etats sur le fait que la Chine est la plus grande prison du monde", a poursuivi le dirigeant de l'ONG française.
La télévision chinoise a suspendu brièvement la retransmission, sans explication, peu après le début du discours du responsable de Pékin, pour diffuser des images d'archives du site d'Olympie et d'une torche.
Le gouvernement grec a condamné l'incident, dénonçant un acte n'ayant "aucune relation avec l'esprit olympique".
"Je pense que c'est toujours triste lorsqu'il y a des manifestations, mais elles étaient non-violentes et c'est la chose la plus importante", a réagi le président du Comité international olympique (CIO), Jacques Rogge.
Alors que des voix se sont élevées dans le monde pour condamner l'attitude de Pékin au Tibet, lors de la dure répression d'émeutes, le patron du CIO a jugé qu'il ne voyait pas se dessiner d'"élan" sur la scène internationale pour un boycott des jeux.
"La plupart des grands dirigeants politiques ne veulent pas de boycott. Bush ne veut pas de boycott, Sarközy ne veut pas de boycott, Brown ne veut pas de boycott (...) Je respecte le jugement des organisations de défense des droits de l'homme mais elle ne sont pas représentatives de leurs pays", a-t-il dit.
Depuis Washington, la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice a néanmoins appelé la Chine à adopter une politique plus "viable" au Tibet, impliquant un dialogue avec le dalaï lama.
Et le président Nicolas Sarközy a appelé à "la retenue et à la fin des violences par le dialogue au Tibet", dans un message adressé à son homologue chinois Hu Jintao.
Peu après la fin de la cérémonie, une dizaine de militants de la cause tibétaine, certains barbouillés de peinture rouge, se sont allongés dans une rue d'Olympie, où ils ont chanté des slogans hostiles au gouvernement chinois, avant d'être délogés par la police grecque.
Un défenseur de la cause tibétaine, Tenzin Dorjee, responsable de l'association Etudiants tibétains pour un Tibet libre, basée à New York, a été arrêté par la police alors qu'il s'apprêtait à conduire une "action" à Olympie, avant d'être relâché quelques heures plus tard.
Quelques milliers de personnes assistaient à la cérémonie sur le site du sanctuaire antique autrefois dédié à Zeus. Le public était uniquement composé d'officiels, de journalistes et de personnes munies de tickets, l'accès au site ayant été strictement encadré.
Des éclaircies ont permis d'allumer la torche à l'aide d'un miroir parabolique poli recueillant directement les rayons du soleil, comme le veut la tradition.
La flamme a été ensuite transmise au premier relayeur, le Grec médaillé d'argent de taekwondo au JO de 2004 à Athènes, Alexandros Nikolaidis, pour démarrer un périple de 137.000 km à travers les cinq continents.