Le PIB français a reculé au deuxième trimestre pour la première fois depuis fin 2002, conséquence du ralentissement économique mondial, ce qui met à mal les prévisions de croissance du gouvernement et alimente les craintes de récession.
La croissance du premier trimestre a par ailleurs été revue en légère baisse, à +0,4%.
"Ce sont des chiffres auxquels on s'attendait et qui ne sont pas bons", a commenté la ministre de l'Economie, Christine Lagarde. Mais "ce n'est pas un phénomène propre à l'économie française", a-t-elle ajouté.
Subissant le ralentissement économique mondial, le PIB de la zone euro s'est aussi contracté de 0,2% au deuxième trimestre.
Comme ses voisins, la France est frappée de plusieurs maux: un baril de pétrole tutoyant les 150 dollars en juillet, un euro élevé face au dollar, une dégradation du marché immobilier et une inflation à des niveaux record depuis près de vingt ans.
Une menace balayée par Christine Lagarde: "Toute personne qui crierait au loup et à la récession aurait un trimestre d'avance", a-t-elle déclaré, rappelant qu'une récession correspond à une contraction du PIB durant deux trimestres consécutifs.
La dernière récession en France remonte à l993.
La hausse des prix explique en partie la stagnation de la consommation, premier moteur de l'économie française (+0,1%).
"La dégradation du PIB tient surtout au plongeon de l'investissement" des ménages et des entreprises, souligne Marc Touati, chez Global Equities.
L'emploi salarié dans les entreprises a diminué de 0,1% et le creusement du déficit commercial a ôté 0,5 point à la croissance entre avril et juin.
"Ce qui m'intéresse, c'est ce qui va se passer demain", a dit Mme Lagarde, qui espère retrouver des marges de manoeuvre grâce au récent reflux des prix du pétrole.
"Attention à ne pas sur-interpréter les chiffres", relativise Alain Chappert, directeur des synthèses économiques de l'Insee, qui souligne le caractère volatil de l'activité économique dans cette période.
L'acquis de croissance, c'est-à-dire le niveau de croissance que l'économie française est garantie d'atteindre en 2008 si la croissance des deux derniers trimestres est au moins égale à zéro, s'établit pour le moment à 0,9%.
"Notre prévision centrale d'une hausse du PIB de 1,7% pour 2008 n'est plus du tout tenable", en conclut Alexander Law, pour qui l'hypothèse sur laquelle a été bâti le budget (2,25% de croissance) est aujourd'hui "chimérique".
Le gouvernement table désormais sur une croissance de 1,7 à 2,0%, et plutôt dans le bas de cette fourchette.
Pour le premier secrétaire du PS, François Hollande, "ce n'est pas 2% de croissance que nous aurons", mais "au mieux un peu plus de 1%". "Les déficits publics seront en fin d'année au-dessus de 3% du PIB. Le gouvernement n'aura pas d'autre choix que de laisser filer les déficits, prendre des mesures de réduction des dépenses ou augmenter les impôts", a-t-il averti.
Le Premier ministre François Fillon, selon qui "la portée de cette estimation provisoire d'activité ne doit pas être exagérée", réunira lundi les ministres de la sphère économique pour identifier les réponses à apporter au recul du PIB. AFP. 17.08.08