Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

orphelinat de jersey

  • Horreur à Jersey: un squelette d'enfant découvert

    1827717481.jpg
    Equipe de fouilles sur les terres de l'ancien orphelinat

    Un premier squelette d'enfant a été retrouvé sous une dalle de béton. Des centaines de victimes témoignent des violences subies entre les années 1960 et 1980.

    Samedi dernier, la police de Jersey a mis au jour les restes d'un corps d'enfant enterré sous une dalle de béton derrière l'ancien orphelinat de l'île, appelé Haut-de-la-Garenne. Cette découverte macabre n'est qu'un des volets d'une grande enquête menée sur l'île anglo-normande à partir de témoignages de 160 personnes qui ont déclaré avoir fait l'objet de maltraitances, de violences physiques et sexuelles entre les années 1960 et 1980, dans plusieurs établissements accueillant des enfants. Les liens entre l'orphelinat et un pédophile connu sont aussi étudiés par la police. Pour ne rien arranger, un ancien ministre de l'île accuse les autorités de Jersey d'avoir couvert depuis des années des histoires qui auraient pu mettre à mal la réputation de l'île.

    Les enquêteurs, aidés par un chien spécialement dressé pour ce genre d'affaire, explorent deux autres caves de l'orphelinat du Haut-de-la-Garenne, murées depuis au moins vingt ans. Dans un brouillard épais et sous un très fin crachin, la grande bâtisse victorienne en pierre de taille, reconvertie en auberge de jeunesse, offre un aspect particulièrement lugubre. La présence permanente de policiers en faction ainsi que les deux grandes tentes installées le long de la bâtisse pour abriter et cacher les excavations en cours ne font rien pour atténuer l'impression de malaise.

    Le silence des autorités

     

    L'identité de l'enfant déterré samedi et les causes de sa mort, qui semble remonter au début des années 1980, ne sont toujours pas connues. Mais sa découverte a déjà eu des conséquences positives pour l'enquête menée, puisque son annonce a apparemment entraîné de nombreux autres témoignages de personnes victimes de violences à l'orphelinat. Apparemment, elles se sont tues pendant de longues années, de peur de ne pas être prises au sérieux ou par honte des sévices qu'elles ont endurés.

    D'après Lenny Harper, le chef adjoint de la police de Jersey, en charge de l'enquête, une soixantaine de personnes mentionnent l'existence d'une petite cave, où elles étaient attachées et enfermées par leurs tortionnaires, des hommes et des femmes membres du personnel de l'orphelinat. Peter Hannaford, un syndicaliste de 59 ans, a révélé que les violences «allaient du viol jusqu'à la torture. Et ça arrivait toutes les nuits, ça pouvait tomber sur n'importe qui. J'avais peur tous les soirs en me couchant».

    Ces histoires horribles choquent les 90 000 habitants de Jersey, où la criminalité est normalement très faible. «C'est évidemment mauvais pour l'île, cette histoire, explique un chauffeur de taxi. C'est mauvais pour le tourisme, mais aussi pour la réputation de l'île pour le business, pour la finance.» Effectivement, le scandale de l'orphelinat jette une ombre sur cette image d'île paisible, rurale et accueillante véhiculée par l'office de tourisme dans l'espoir de relancer une fréquentation touristique en baisse régulière depuis trente ans.

    Plus grave, l'homme à l'origine de l'enquête, le sénateur Stuart Syvert, accuse les gouvernements passés et les anciens responsables de la police d'avoir tout fait pour que l'histoire du Haut-de-la-Garenne ne sorte pas au grand jour. D'après lui, c'est parce qu'il a ressorti cette affaire, après avoir reçu des témoignages, qu'il a perdu, il y a quelques mois, son poste de ministre de la Santé. Plusieurs membres du Parlement britannique, qui n'a pourtant pas de pouvoir législatif sur l'île de Jersey, autonome en tant que dépendance de la couronne britannique, ont exprimé leur soutien à Stuart Syvert, et demandé la nomination de juges et de procureurs du Royaume-Uni pour mener les actions en justice contre les 40 suspects identifiés par la police. Cette position, critiquée à Jersey, a apparemment le soutien de Jack Straw, ministre de la Justice de Gordon Brown.

    (Le Figaro 28.02.08)