Jusqu'ici, les écoliers apprenaient la division en CM 1. Désormais, ils s'y attaqueront en fin de CE 1, à 8 ans. C'est ce que prévoient les programmes qui devraient entrer en vigueur en septembre. Un projet qui provoque un tollé.
«Maman, c'est quoi une division ? » Lucie, 8 ans et demi, bonne élève de CE 2, pro des tables de multiplication, s'interroge devant les devoirs du grand frère. Difficile à expliquer, la division, même avec l'image du gâteau dont on voudrait faire des parts équitables : « Des parts de gâteau ? Je comprends pas, c'est quoi une division ? » Ce casse-tête, les parents risquent d'y être confrontés avec des enfants plus jeunes, l'année prochaine , si la réforme des programmes du primaire, que Xavier Darcos défendra devant les parlementaires aujourd'hui, entre en vigueur telle quelle, dès septembre.
Un « retour aux fondamentaux » prêche le ministre, qui veut que les petits Français sortent du primaire en sachant lire, écrire, compter, sans laisser 15 % des élèves en rade.
Jusqu'ici, en maths, la division était « approchée » en fin de CE 2, apprise en CM 1. Désormais, en fin de CE 1, les élèves devront savoir diviser par 2 et par 5 des nombres inférieurs à 100, selon le projet, qui soulève un tollé dans les écoles primaires. Elles ont jusqu'à cette semaine pour l'examiner et transmettre leurs réactions à leurs inspecteurs.
Comme à l'école élémentaire Jules-Ferry A de Clichy (Hauts-de-Seine), qui planchait ce samedi, le cri du coeur est unanime : « Les programmes de 2002, effectifs depuis 2005, sont à peine mis en oeuvre et déjà il faut en changer ? Et quel leurre que de faire croire aux parents que les enfants réussiront mieux, en 24 heures par semaine au lieu de 26, avec un programme beaucoup plus lourd, et dans toutes les matières, un apprentissage mécanique, rabâché, désincarné, souvent plus précoce ? ». Pour Roland Charnay, ancien formateur à l'IUFM (institut de formation des maîtres) de Lyon, qui pilotait la commission « mathématiques » d'élaboration des programmes de 2002 et signataire de la pétition de dix-neuf syndicats et mouvements pédagogiques réclamant un moratoire, l'introduction de la « division posée » en CE 1 est symptomatique. « On revient en force à un strict enseignement de techniques, au détriment de la compréhension et de l'intelligence de l'enfant. C'est particulièrement contre-productif en maths : la répétition ne suffit pas. Si l'on ne comprend pas, on n'apprend pas. Faire résoudre un problème de partage (donner douze images à trois personnes) est abordable dès la grande section de maternelle. En revanche, poser une division suppose des connaissances qu'un enfant de 7-8 ans n'a pas. Pour diviser 57 par 2, il faut déjà qu'il connaisse l'écriture des nombres, sache que 57 c'est cinq dizaines et sept unités. Il faut aussi qu'il connaisse ses multiplications, pour trouver "en 5 combien de fois 2" et qu'il maîtrise enfin la soustraction pour trouver le "reste" : soit quatre types de connaissances à mobiliser mentalement et simultanément ! Toutes les études le montrent, c'est un pari impossible. »
Avec les calculettes, pourquoi leur apprendre la division? Avec la télévision, on n'a plus besoin de savoir lire, et pour envoyer un SMS, on écrit en texto!
Moi, personnellement, je me sers d'une calculette pour les quatre opérations!
Des gens sur cette planète vivent très bien en sachant compter : 1, 2, 3, beaucoup!