Le parquet de Tunis a ouvert une enquête sur les circonstances dans lesquelles un jeune Tunisien a trouvé la mort vendredi dans la ville française de Grasse (sud-est), a-t-on appris mardi de source judiciaire.
Un juge d'instruction a adressé une convocation au père de la victime pour l'auditionner et envoyé une commission rogatoire aux autorités françaises, a-t-on ajouté de même source.
Ce jeune émigré tunisien identifié comme Abdelhakim Ajiimi, 22 ans, est décédé durant son transfert au commissariat de Grasse, après une rixe qui a éclaté lorsque l'homme s'est vu refuser de l'argent dans une agence du Crédit Agricole et a alors agressé le directeur de la banque.
Le père de la victime, cité par le quotidien Nice-Matin, a raconté samedi qu'un témoin -qui aurait filmé la scène- a vu le jeune homme littéralement étranglé et jeté dans le coffre de la voiture de police.
Le préfet du département des Alpes-Maritimes, Dominique Vian, a indiqué dans un communiqué que l'homme avait «été victime d'un malaise» et estimé qu'«aucun élément ne permettait actuellement de mettre en cause l'action des fonctionnaires» de police.
Le corps d'Abdelakim Ajiimi doit être autopsié mardi à Nice et une enquête a été ouverte par l'Inspection générale de la police nationale pour déterminer les causes du décès. Des associations tunisiennes, citées par la presse mardi, ont exprimé «leur consternation» et demandé que «toute la lumière soit faite sur le drame». (le Parisien 13 mai 2008)
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A quelques heures des premiers résultats de l'autopsie d'Abdelhakim Ajimi, le stress est palpable, mardi, dans les propos du policier William Ajuelos, délégué départemental du syndicat Unsa-police dans les Alpes-Maritimes: "On a hâte de savoir."
Selon certains témoins, le jeune homme aurait été victime d'un "tabassage en règle" et dénoncent une bavure policière.
Le policier s'explique sur Le Post:
Quelle est l'ambiance à Grasse?
"Du côté de la police, c'est un peu tendu, il faut bien le dire. On a hâte d'avoir les résultats de l'autopsie, là, on est dans le flou artistique. Cette histoire est assez traumatisante pour tout le monde. Il y a mort d'homme, un policier toujours hospitalisé,... On entend des choses de tous les côtés..."
En savez-vous plus sur l'interpellation?
"Je sais ce que mes collègues m'ont rapporté: l'individu était "non-maîtrisable", il a été assez violent avec le responsable de l'agence bancaire dans laquelle il voulait retirer de l'argent, mais n'a pas pu. Deux premiers policiers de la BAC sont arrivés. Ils m'ont dit que le jeune s'est rebellé, et a éjecté un collègue contre une vitrine, qui s'est brisée. C'est le policier qui a été blessé à l'épaule et est toujours à l'hôpital. Puis quatre autres policiers sont venus en renfort."
Le jeune homme a-t-il été menotté aux pieds et aux mains?
"Aux mains, oui. Aux pieds, pas sûr. Mais ça arrive, pour éviter aux policiers qu'ils ne se prennent des coups."
Vous étiez à la marche, dimanche?
"Oui. J'ai d'ailleurs trouvé certaines banderoles inadmissibles, comme celle qui disait "Policiers, assassins." Les policiers sont des professionnels, pas des assassins. Nous aussi nous avons droit à la présemption d'innocence."
Selon vous, la police est-elle responsable?
"Nous devons attendre les résultats de l'autopsie, et de l'enquête, qui est particulièrement fermée, car menée par la police des polices. De toute façon, avec l'autopsie, on ne peut pas tricher. Dès les résultats, on saura si la victime est morte d'un coup sur la tête ou d'un arrêt cardiaque. Mais on devra attendre un peu pour avoir les résultats des analyses toxicologiques."
Et si la police est responsable?
"Nous assumerons. La police n'est pas au-dessus des lois."
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Une information judiciaire va être ouverte" confie mardi au Post Sylvain Pont, un des avocats du père d'Abdelhakim Ajimi, mort samedi à Grasse après son interpellation. (le père a pris plusieurs avocats...)
Une information confirmée par une journaliste de Nice-Matin, Valérie Allasia, qui s'est entretenue avec le procureur de la République de Grasse Marc Désert.
Que dit l'autopsie?
"'Possibles signes asphyxiques, pathologie cardiaque, et pas d'écrasement de la trachée'", résume la journaliste au Post.
"L'autopsie n'a pas permis d'établir précisément les causes de la mort et des examens complémentaires concernant le coeur et les poumons seraient prévus. Je ne comprends pas pourquoi ça n'a pas déjà été fait", déclare quant à lui l'avocat Sylvain Pont.
Quoi d'autre?
"Une information judicaire contre X pour homicide involontaire est ouverte, et deux juges d'instruction vont être nommés" poursuit Valérie Allasia.
Comment est mort Abdelhakim Ajimi?
"Toujours selon le procureur, ce ne sont pas les coups portés qui ont causé la mort du jeune homme, mais les techniques d'immobilisation utilisées par les policiers, comme l'étranglement, ont peut-être joué un rôle", reprend la journaliste.
Le Post - 13 mai 2008